Comment vivre le deuil de son chien, son chat ou son animal de compagnie ?
Notre animal de compagnie a une espérance de vie de 10 à 18 ans, trop court à l’échelle humaine. Le laisser partir dans les meilleures conditions possibles, pour lui comme pour nous, est une phase de vie souvent difficile, très douloureuse, qu’il faut apprendre à surmonter voire préparer.
Qu’il s’agisse d’une disparition pressentie du fait de l’âge, de la maladie ou d’une mort brutale, la disparition de notre animal s’accompagne toujours d’un processus de deuil plus ou moins long.
La mort est souvent appréhendée comme une fin en soi, un tabou. Le chagrin suite à la perte de notre chien est normal, légitime, indispensable pour continuer notre chemin de vie. L’exprimer auprès de notre entourage, famille et amis prêts à l’entendre, est réconfortant pour autant, certains préfèreront l’intimité, faire appel à leurs propres ressources pour surmonter le chagrin. Chaque parcours est intime et personnel.
Le chagrin, l’irritabilité, le désintérêt pour toute chose, la culpabilité sont des manifestations normales du deuil qui n’ont aucun caractère pathologique et qui, à l’inverse, conforte un état transitoire nécessaire pour « tourner la page ». C’est à l’inverse l’absence d’affliction qui peut apparaître « anormal » et doit être repérée par les proches. La personne endeuillée peut aussi nier cette mort et faire comme si l’animal était encore là, or le non-dit et le refus de la mort sont préjudiciables au bon déroulé du processus de deuil.
Ce processus revêt différentes phases plus ou moins longues mais toujours passagères. A défaut, si le propriétaire de l’animal s’enferme et se mure à ces différents stades du processus, il conviendra de lui apporte l’aide psychologique nécessaire.
– La phase du choc avec un sentiment émotionnel fort liant à la fois incompréhension, injustice, révolte, impuissance, culpabilité
– La phase de la solitude, du chagrin, de la dépression permettant de s’ancrer peu à peu dans la réalité des choses,
– La phase de douleur larvée, plus diffuse, toujours en sommeil avec des moments de plus forte acuité (rencontre avec d’autres animaux, anniversaires, souvenirs évoqués…)
– La phase de finalisation du deuil où la vie reprend son cours sans pour autant engendrer l’oubli.
Comment accompagner son animal en fin de vie ?
Quelque douloureuse, pénible que soit cette fin brutale, annoncée ou pressentie, il est toujours préférable d’aller au bout du chemin. Chacun optera, en fonction de sa sensibilité, pour le cérémonial qui lui conviendra au mieux :
– Euthanasie ou pas quand aucun espoir n’est permis et que l’animal souffre. L’éclairage du vétérinaire est alors primordial. L’est tout autant le fait que vous soyez préparé(e) ou non à cette douloureuse échéance et la possibilité qui est la vôtre d’accompagner votre compagnon un peu plus loin. Observer le comportement de l’animal, appréhender le plus justement possible son envie de vivre et ses souffrances physiques, sa lassitude (perte d’appétit, gémissement, apathie, plaintes, incontinence), pas facile de prendre la décision définitive de la fin de vie même si elle sanctionne l’issue d’une grande détresse. Souvent, les choses se suggèrent implicitement dans le ressenti et le non-dit et l’accompagnement de fin de vie se fait dans l’écoute mutuelle quand chacun se sent prêt.
– Plusieurs possibilités existent à l’issue du décès : laisser le corps au vétérinaire, opter pour la crémation, récupérer les cendres pour les disperser ou les conserver, enterrer le corps dans le jardin sous réserve de respecter la règlementation ou dans un cimetière animalier.
Comment vivre après la disparition de son compagnon, gérer l’ « après » avec les enfants et les autres animaux ?
Les enfants ont droit à la vérité. En fonction de leur âge, cette vérité sera expliquée différemment. C’est la sincérité, l’authenticité de la parole, le dialogue et la présence réconfortante des parents voire des frères et sœurs et des autres animaux qui permettront de surmonter cette épreuve, épreuve toujours vécue différemment selon les individus. Préserver l’enfant de la vérité voire de la vision de l’animal mort s’il le souhaite, n’est pas une bonne chose. Le soustraire aux réalités pour le protéger le priverait au contraire de l’acceptation irréversible de la disparition.
Il est indispensable que l’ensemble du foyer soit au fait des choses, puisse exprimer ses émotions pour surmonter ensemble le deuil.
Les autres animaux de la maison ressentent le manque, le vide et la tristesse. Il convient de leur apporter du réconfort, du temps et garder leurs habitudes.
Adopter un autre animal de compagnie, pourquoi pas ? Attention cependant à la place que vous lui donnerez. Tous les animaux sont uniques et doivent être aimés pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils évoquent. Bâtir une relation d’amour sur de bonnes bases suppose que le travail de deuil ait réellement été terminé et que vous êtes disponible vous vivre autre chose. Un animal peut développer des comportements perturbants s’il est privé d’interactions cohérentes, authentiques et vraies. On ne construit rien de durable et d’apaisé sur des bases tronquées.
Ne comparez pas les animaux entre eux, ce serait à coup sûr un combat inégal entre le « nouvel inconnu » et le « compagnon disparu » forcément idéalisé. Conserver les cendres sur la cheminée du salon, entretenir un culte du souvenir est souvent préjudiciable au fait de pouvoir tourner la page.
Construire un nouvel équilibre de vie ce n’est pas trahir, ce n’est pas oublier, ce n’est pas remplacer puisque tous sont irremplaçables… C’est au contraire investir dans le droit au bonheur dont vous êtes seul artisan au bénéfice de tous.