Notre monde est dirigé par deux lois. La loi de la jungle, et celle de la technologie.
Nous européens, vivons dans le monde dirigé par la technologie; pourtant, tout ce qui en découle nous dépasse.
J’ai choisi d’aller voir les mômes du premier monde, eux qui subissent la loi de la jungle. J’ai pris la route menant vers Bassymiam, et à mi-chemin Sanor m’a appelée. Sanor est un orphelinat, une Arche de Noé, une île abritée…un peu de calme après la tempête.
Les enfants guettent les nouveaux arrivants, accrochés aux barreaux d’une porte qui rappelle la prison. Leurs grands yeux tristes s’écarquillent à la vue d’une peau blanche. Certains pleurent.
Une odeur de beurre de karité, mélangée à l’odeur de l’urine me tord le ventre… ou peut-être est-ce cette détresse perceptible? Cette détresse n’émane pas de ces anges, c’est ma propre peur, face aux émotions qui m’envahissent, face à mon impuissance.
Michel a 4 semaines, il est à même le sol. Depuis la mort de sa mère, il refuse le lait. Il mourra 3 mois plus tard.
Cette réalité est égayée par le rire des enfants, leurs jeux, leurs cris… C’est difficile d’assister à ce spectacle en tant que spectateur. Combien de fois ai-je imaginé (irrationnellement) le moyen de les ramener avec moi…qu’ils soient vingt ou cent?
J’ai voulu lutter contre l’injustice de la jungle, contre ce fléau qui dévaste la vie de mes anges. Il aurait suffi d’un peu de technologie, juste un peu. D’un peu plus de moyen…mais jusqu’où? Où est la limite à ne pas franchir? Où est l’excès, où est l’acharnement?
Cette loi de la jungle n’est-elle pas la seule qui ait lieu d’être?