Le développement progressif des énergies renouvelables intermittentes (éolienne ou solaire) pose aujourd’hui encore la question du stockage de l’énergie et de l’adéquation de ces productions d’électricité aux pics de consommation. Une question primordiale au regard de l’évolution de nos systèmes énergétiques et pour laquelle la société française Energiestro pourrait bien avoir trouvé une réponse à la hauteur des enjeux. Celle-ci a en effet développé un nouveau volant d’inertie à faible coût et de longue durée de vie, permettant de baisser le coût du stockage de l’énergie solaire.
Si les batteries de stockage constituent à l’heure actuelle le seul dispositif réellement efficace pour stocker l’énergie produite par les moyens de production renouvelable, leur coût reste encore bien trop élevé pour envisager une commercialisation à grande échelle. Le coût du stockage de l’électricité est généralement évalué aux alentours de 0,10 €/kWh, soit plus que le coût de la production d’énergie elle-même. Un coût excessif donc qui s’explique en grande partie par la faible durée de vie des batteries, valables seulement pour quelques milliers de cycles de recharge.
Or, le stockage par volant d’inertie mis au point par la société Energiestro pourrait permettre d’atteindre un très grand nombre de cycles à moindre coût. Energiestro a en effet inventé un procédé permettant d’utiliser du béton (matériau à très faible coût) dans la réalisation de volants de stockage solaire. Ce dispositif baptisé VOSS pour « volant de stockage solaire », propose un moyen de stockage au même prix que les batteries les moins chères, mais avec une durée de vie illimitée, offrant ainsi un coût de stockage inférieur à 0,02 €/kWh. Une innovation qui pourrait permettre à terme d’augmenter massivement la production des énergies renouvelables intermittentes.
Comme l’explique André Gennessaux à l’Echo Républicain, « personne n’y avait pensé. Le béton est un matériau qui résiste bien à la compression, mais dans un volant il est en traction. Nous avons donc cherché un moyen pour rendre le béton résistant à la force centrifuge du volant. Nous réalisons un enroulement autour du matériau. On le ficelle comme un rôti, ce qui met le béton en compression. Et là, il peut tourner à des vitesses comprises entre 500 et 1.000 km/h ».
D’autre part, si les moyens de production classiques ne sont pas encore capables de s’adapter aux variations rapides de la puissance de ces énergies (de l’ordre de la minute), le volant VOSS propose de lisser la production à l’échelle de l’heure, et ainsi d’augmenter l’intégration des énergies renouvelables intermittentes. Energiestro vise en particulier les centrales solaires géantes installées dans les déserts ou le marché des petits réseaux comme ceux des îles et de l’électrification rurale. L’association de panneaux photovoltaïques et de volants VOSS produira une énergie renouvelable disponible nuit et jour à un prix inférieur à celui des énergies fossiles.
Pour cette innovation, le groupe Energiestro s’est d’ailleurs vu remettre le 4 juin dernier le Prix Pulse EDF dans la catégorie science et électricité ainsi qu’une dotation de 100.000 euros. Pour rappel, les Prix Pulse organisés par EDF ont pour vocation à encourager les projets d’avenir et d’innovation en lien avec l’énergie. Pour cette seconde édition, le projet VOSS a été choisi parmi plus de 100 projets (55 Français et 45 européens) issus de start-up et laboratoires de recherche dans les catégories santé et électricité, science et électricité et smart-living et électricité.
André et Anne Genessaux, fondateurs de Energiestro, avait déjà reçu un prix en 2014 lors du concours mondial de l’innovation dans la catégorie stockage de l’énergie. Les premières commercialisations du VOSS pourraient avoir lieu en 2017 ou 2018.
Crédits photo : Energiestro