Bobomondi c’est un paysage de brousse…
peuplé de baobabs, de manguiers, de neemiers, etc. C’est une terre ocre, entourée d’une végétation très asséchée. Bobomondi ce sont les routes en sable détruites par l’eau, c’est un sol accidenté, mais si beau. C’est l’isolement par définition, bien loin de la poussière et la pollution. Sa seule colline est d’une telle beauté qu’elle vaut l’himalaya.
Bobomondi c’est le silence…..
Celui qui redonne vie, qui guérit les blessures de l’agitation et du stress. C’est seulement le rire des enfants, leurs cris, le chant des oiseaux, le rythme des djembés, le chant des femmes…rien d’autre. C’est apaisant, pouvoir simplement fermer les yeux et entendre enfin ce que la nature a à nous raconter.
Bobomondi c’est la tranquillité,
c’est être en accord avec soi-même et avec ce peuple qui ne cherche pas à envahir, à déranger, à maltraiter. C’est la paix intérieure, simplement, sans artifice.
Bobomondi c’est un peuple,
les Gourmantché, un peuple intègre et si beau. C’est les enfants, les vieux et leur sagesse, les femmes et leur beauté incroyable. Ces gens ont tout en eux, la musique coule dans leur sang, l’humilité, le rire, le théâtre, la joie, la solidarité, le respect… C’est la beauté brute à l’état pur, c’est le diamant humain qui, malgré son manque d’instruction scolaire reste au moins vrai.
Bobomondi c’est le respect.
Respect des gens qui respirent l’humilité, respect de la nature qui s’épanouit sans que l’homme cherche à l’étouffer.
C’est la discrétion des gens, leur sens d’abandon du soi pour oublier toute forme d’égoïsme.
Bobomondi c’est les sourires offerts sans facture, les sourires francs à tout va. Le sourire d’un enfant au bord d’une route, le sourire complice d’une femme au puit, le sourire enjoué d’un homme sur son champ. Tous ces sourires qui réchauffent, qui remplissent et aujourd’hui habitent mon cœur.
Bobomondi c’est la solidarité,
c’est aider son frère ou sa sœur, aider simplement, avec joie, car un jour, peut-être demain, tu seras toi aussi dans le besoin. C’est oser demander, sans gêne, sans craindre de déranger; c’est donner sans contrainte.
Bobomondi c’est la Vie,
ce sont les naissances, les décès, les rires, les pleurs, les cris de joie, les chants du chœur d’église; c’est la fête dédiée à tous les instants de bonheur aussi petits soient-ils.
Ce sont les échanges, échanges de regards intrigués, de sourires; échanges de paroles, de culture; échanges de remerciements. Echanges constants de gestes simples qui font se sentir vivant et jamais seul.
Bobomondi c’est la beauté,
la beauté du paysage, beauté des gens au regard si pur, beauté de la vie simple, beauté d’une main d’enfant dans la sienne, d’un échange d’Homme à Homme, au-delà des apparences.
Bobomondi c’est l’aventure à chaque instant, les imprévus, les surprises; ce sont les rires et fous rires, c’est relativiser chaque pépin.
C’est aussi vivre le moment présent, assis sur une chaise. C’est apprendre à s’écouter, écouter la nature, les gens, écouter cette terre qui a tant à dire. S’écouter vraiment sans culpabilité.
Bobomondi c’est être réduit à l’essentiel,
c’est oublier les apparences pour ne garder que le vrai, le sincère, le réel, sans artifice pour l’enjoliver. C’est la réalité du terrain. Bobomondi c’est la sincérité d’un mot gentil, d’un merci, d’un geste qui n’a rien de calculer. La sincérité absolue d’un geste qui n’attend rien en retour.
Bobomondi ce sont les moments magiques,
si intenses, qui restent gravés. C’est parfois un mots, un geste, un sourire, parfois plus, parfois juste le soleil qui se lève ou se couche, parfois juste un arbre…mais tellement empreint d’une magie naturelle. C’est aussi la reconnaissance du travail accompli, de ce qui est donné par le cœur.
Bobomondi c’est la joie dans le cri ou le chant des femmes, dans le rire des enfants, dans les discussions entre jeunes et moins jeunes. C’est la surprise d’une visite, d’un compliment, d’un souci inattendu. C’est le piment d’une veille qui ne ressemblera en rien au lendemain.
Bobomondi ce sont les pleurs lors d’une disparition, pleurs d’un enfant, pleurs d’une blanche qui ne vit que d’émotions au sein de ce peuple.
C’est un voyage intérieur inimaginable,
c’est le voyage qui nous fera atterrir dans un monde parallèle, une dimension parallèle. Tout y est profond.
Bobomondi c’est du foot après que le soleil se soit adoucit, c’est la culture du coton, du riz, du piment, de la papaye, et j’en passe. C’est savourer le temps qui passe.
C’est aussi la patience lors des heures les plus chaudes, ou le soleil se fait insupportable; c’est la tolérance face aux différences, au manque d’instruction, parfois à l’ignorance. C’est l’apprentissage de la souffrance physique et psychique lorsque l’isolement s’avère pesant.
Bobomondi c’est la civilisation,
car malgré l’ignorance, ils sont bien plus civilisés que les gens de la capitale; le respect fait toujours partie intégrante de leurs valeurs. C’est l’ignorance vue de l’extérieur; peut-être ignorent-ils tout de notre quotidien, mais eux au moins n’ignorent pas ce que la vie possède d’essentiel.
C’est aussi l’Amour donné: deux hommes se tenant par la main en signe d’amitié, un grand frère protégeant son cadet, une mère allaitant son bébé, un vieux conseillant son fils.
C’est la magie qui caractérise l’Afrique ancienne, les sorciers et leurs waks.
Enfin, c’est l’attachement aux gens rencontrés, à la terre elle-même.
C’est le coup de foudre avec ce lieu qui restera marqué au fer rouge. Bobomondi c’est leur terre, leur village, c’est devenu la mienne et deviendra peut-être la vôtre.
J’aimerais entendre encore et encore le bruit du silence…mais tout ça est bien loin maintenant. Le pire aurait été de ne jamais vivre ça. Alors MERCI, MERCI d’avoir croisé ma vie à la leur, ils m’ont grandit.
Cindy Vaudan