Vous êtes passé du puritanisme à la sexualité débridée, en passant par le sexe fast food et vous voilà rendu à… la cuillère ! Signe de l’écœurement des temps modernes sur le plan de la sexualité, avant c’était très chic de « baiser à tout va », aujourd’hui, comme c’est devenu trop facile et donc insatisfaisant, ça ne vous tente plus : vous préférez simplement dormir à deux, en cuillère.
C’est très révélateur et je m’amuse beaucoup avec mes clients en coaching, quand ils me disent qu’ils ne veulent pas du sexe, hommes comme femmes, mais de l’affection. Et ce n’est pas de l’affection, mais de la reconnaissance qu’ils revendiquent et j’en veux pour preuve que vous souhaitez, avant de transformer l’autre en ustensile de cuisine dans votre lit, qu’il vous plaise. Suffisamment pour l’inviter à ne rien faire dans votre lit, mais pas assez pour être assuré que vous ne serez pas tenté.
Où en est la sexualité de l’homme ? Vous attendez, tels des animaux sur le marché, qu’une femelle daigne vous regarder et vous choisir. Vous n’avez pas le droit de faire le premier pas. Vous pouvez juste vous pavaner, en regardant seulement vos congénères, devant une bière. Vous attendez d’être enfin repéré, attrapé par la cravate, ramené chez elle et jeté en travers de son lit. Mais là, pas pour une cuillère : pour du sexe, du vrai, celui où il faut dégainer plus vite que votre ombre et sortir le grand jeu, donner tout votre jus ( !), pendant que madame fait l’étoile, les bras et les jambes en croix sur le lit et vous met à l’épreuve.
Où en est la sexualité de la femme ? Vous allez au marché, les bars, pour les mêmes raisons que les mâles : vous avez envie de baiser. En bande, vous riez, vous discutez tout en reluquant ceux qui font semblant de ne pas vous voir. Ils sont tendus, au sens propre comme au figuré, car ils ont besoin également de ce que vous voulez. A la seule différence que c’est vous qui choisissez. En voilà un potable, les copines acquiescent, vous minaudez, vous l’encerclez et vous portez le coup de grâce. Vous lui faites « l’amitié de vos cuisses », qu’il fasse le reste !
Ce que vous ne savez pas, homme comme femme, c’est que vous réagissez sous la domination de la dépendance. Tarzan est le chef de votre secte et vous venez l’honorer dans les bars où vous chassez ou êtes chassé. Ce besoin de sexe à tous prix, à tout va, avec n’importe qui est révélateur d’un manque de respect pour soi, d’une compulsion incontrôlable qui vous pousse hors du nid, tels des vampires assoiffés, pour vous nourrir, enfin nourrir votre névrose, votre carence en reconnaissance et affection. Deux personnes en déséquilibre qui se sautent dessus compulsivement pour assouvir une chose qu’elles n’assouviront jamais : vous êtes un puits sans fond car ce puits est impossible à remplir, autant d’amants ou de maîtresses vous seriez capables d’y jeter. Et vous, les Gays, ne vous sentez pas hors du coup : vous agissez à l’identique ! La dépendance frappe sans distinction de race, de couleur, de sexe, de religion ou d’orientation sexuelle.
Soyons clairs : je ne me moque pas, parce que j’ai fait pire que vous. Dans ce profond besoin de reconnaissance, je me suis perdue dans le corps des jeunes hommes de 20 à 25 ans, pas par besoin de sexe, par besoin d’exister. S’ils me trouvaient belle, c’est qu’ils me reconnaissaient : ils voyaient que j’existais et pour le prouver, il fallait qu’ils me touchent. Posez-vous deux minutes, hétéro, homo, et réfléchissez : qu’est-ce qui vous pousse dans le bras de quelqu’un que vous ne connaissez même pas ?
Je ne suis pas pour l’abstinence, même si la mienne a déjà six ans d’existence (mon Dieu, comme le temps passe vite !) et c’était mon choix : j’avais besoin de me retrouver après m’être tant dispersée dans le corps des autres. Je suis pour le beau sexe : celui que vous faites avec désir et complicité, dans le respect de vous-même et de l’autre, pour le plaisir et qui vous satisfait. C’est la même différence que la force qui vous pousse à boire n’importe quelle piquette, juste pour boire, alors que certains ne boivent que de grands vins : pas souvent, mais c’est de qualité.
Vous baisez d’abord y mettant tous vos artifices physiques et sexuels, pensant que vous allez retenir votre proie, qui détale aussi sec, emportant tous vos espoirs de câlins répétés. Alors vous vous prêtez, plus souvent qu’à votre tour, jusqu’à en être écœuré, au sens propre comme au figuré. Et vous finissez par tomber… dans la cuillère ! Remarquez qu’il est plus sain de partager un lit et une chaleur réciproque sans « coucher ». Au moins, il y a du respect. Et si vous faisiez le nécessaire pour vous offrir l’opportunité de comprendre ce qui vous arrive, de le régler et de rencontrer la bonne personne pour faire l’amour, enfin, et ne plus jamais baiser ?!