QUAND LES AUTRES METTENT LE NEZ DANS VOS AFFAIRES

QUAND LES AUTRES METTENT LE NEZ DANS VOS AFFAIRES

 

Vous avez certainement dans votre entourage une personne (ou plusieurs !) qui vous dicte tout le temps ce que vous devez faire. Parfois pétrie de bonnes intentions à votre égard ou parce qu’elle se considère comme bien plus intelligente que vous, cette personne envahit votre espace, se mêle de vos affaires, fait des commentaires, donne toujours son avis sur tout, sans que vous l’ayez demandé. Peut-être même est-ce vous…  Votre volonté de sauver les autres, en leur faisant suivre le chemin que VOUS avez décidé pour eux, avec la meilleure des intentions, fait de leur vie un enfer. Vous dites souvent « vivre et laisser vivre », mais vous n’avez aucune espèce d’idée de ce que cela signifie. En termes clairs, cela signifie : « Occupe-toi de tes affaires et ferme ton clapet, si on ne t’a rien demandé ! ». N’avez-vous jamais essayé de donner VOTRE solution à une personne de votre entourage qui avait un problème ? N’avez-vous jamais dit aux autres ce qu’ils doivent faire ? A l’inverse, est-ce que quelqu’un vous a déjà expliqué que vous ne faisiez pas ce qu’il fallait, parce que LUI ou ELLE savait ce qu’il faut faire, se mêlant de vos affaires, sans votre permission ? « L’enfer est pavé de bonnes intentions », les bonnes intentions de tous ceux qui SE veulent du bien, en voulant soi-disant le vôtre. Pour vous sauver ou pour vous contrôler, ils agissent de la même façon…

 

Pendant mes études en PNL (programmation neuro linguistique), une scène m’a particulièrement marquée, que je garde toujours en mémoire dans chacun de mes coachings : nous pratiquions une nouvelle technique entre étudiants et je faisais équipe avec une autre femme. C’est moi qui la guidais, pleine de bonne volonté, pour l’aider à régler une souffrance du passé, quand soudain elle éclata en sanglots. En fait, c’est comme si je l’avais virtuellement attrapée par les cheveux pour la traîner vers la solution que j’avais déterminée pour elle, mais ce n’était pas la sienne. Elle n’était pas du tout en accord avec ce que je l’obligeais à faire, pour son bien, et l’émotion négative générée par mon attitude, associée à la situation difficile qu’elle voulait régler l’ont fait fondre en sanglots. Pouvez-vous imaginer comment je me suis sentie ?! Je voulais la sauver et au lieu de cela, j’avais augmenté sa peine ! Heureusement que la formatrice était venue rattraper le coup. Une autre fois, nous étions à l’heure de la pause et discutions, quand l’une des étudiantes explique les difficultés qu’elle éprouve à coacher un de ses clients. Je lui indique ce que je ferais, MOI, avec un client pareil, pensant sincèrement l’aider. Et je la vois s’enfoncer sur la chaise, livide, démunie, encore plus abattue. Mon formateur de l’époque, André Perron (présent sur mon site dans la liste des coachs http://pascalepiquet.com/andre-perron.php), me regarde en souriant et me demande :

 

         Tu sais ce que tu viens de faire ?

         Oui, je lui ai donné une solution, répondis-je, fière de moi

         Non, tu lui as donné TA solution. Et comme elle était déjà incapable de trouver la sienne, tu viens de lui en proposer une qu’elle est également incapable d’appliquer, donc au lieu de l’aider, tu viens de l’enfoncer doublement dans le sol … 

 

J’ai réalisé, à ce moment précis, que j’avais rajouté à sa peine ou lieu de l’aider, encore une fois… Merci, André ! N’allez pas croire que j’ai détruit tous mes camarades étudiants pendant mes cours, mais j’ai fait des petits dégâts… Aujourd’hui, j’accompagne mes clients, ce qui signifie que je marche à côté d’eux : ni devant pour leur montrer MA route, ni derrière pour les pousser dans MA solution. À côté d’eux, à leur rythme et ils décident du chemin.

 

Quand un psychothérapeute vous dit : « Quittez votre conjoint(e), vous voyez bien qu’il/elle détruit votre vie ! », comment vous sentez-vous ? Doublement imbécile ! Parce que premièrement, si vous venez voir un psychothérapeute, c’est bien parce que vous avez compris que votre vie de couple bat de l’aile, que vous souffrez dans cette relation et deuxièmement, la personne que vous payez pour vous aider vous donne une solution que vous n’êtes pas capable d’appliquer : doublement enfoncé dans le sol ! Même si vous réalisez, à travers la psychothérapie, que le problème vient de votre couple, ce n’est pas pour autant qu’instantanément, vous décidez de quitter l’autre et avez la capacité de le faire. Réaliser le problème est une chose, agir pour en sortir en est une autre. Pourquoi ne pas laisser le choix au client en lui disant qu’il a parfaitement le droit de rester dans cette relation ? Puis lui proposer de le guider pour développer confiance et estime et il fera ce qu’il veut de cette relation. Jamais je ne dis à un client « arrête de boire » ni « arrête de te droguer » ou « arrête de tromper ton conjoint », encore moins « quitte-le/la ». JAMAIS ! Je dis simplement « nous allons travailler sur ta confiance et ton estime, déprogrammer ton passé et quand tu seras affectivement autonome, tu feras ce que tu veux de ta liberté ». En fait, avec confiance et estime, les compulsions s’éliminent automatiquement : pourquoi les arracher ?!

 

Voici  une autre situation, dans laquelle une toute jeune femme, ainsi que ses parents étaient bien démunis : sa vie démarre, depuis sa naissance, dans 10 orphelinats différents, avec ce que cela implique comme maltraitance et traumatismes, puis une « transplantation », à l’âge de sept ans, de son pays d’origine dans un autre pays dont elle ne parle pas la langue, le Québec, pour y être adoptée. Pouvez-vous imaginer toutes les difficultés d’adaptation auxquelles elle a dû faire face, soutenue par ses parents adoptifs. L’orphelinat était son seul univers, elle n’avait rien connu d’autre, n’avait jamais vu un animal, n’était jamais sortie de là. Résultat : cette jeune femme faisait de violentes crises de colère, dès qu’elle se sentait  abandonnée ou rejetée, ce qui lui valut plusieurs internements en psychiatrie et un cocktail Molotov de médication. Une thérapeute, pleine de bonne volonté, lui a dit très calmement : « Il faut gérer vos émotions ». C’est très souvent le style de phrases qu’entendent mes clients colériques ou suicidaires… C’est certain qu’il s’agit d’un problème de gestion d’émotions, mais ne serait-il pas plus efficace de leur dire comment les gérer ? Je serais curieuse de savoir si cette dame-là saurait les gérer, ses émotions, en ayant vécu autant de traumatismes de l’abandon que ma jeune cliente, qui finissait par croire qu’elle avait un problème d’incapacité : tout le monde peut apprendre à gérer ses émotions, mais il faut juste y être entraîné par un coach, quand elles vous dépassent à cause d’un passé souffrant.

 

« Il faut gérer vos émotions », « il faut quitter votre conjoint », « il faut faire grandir votre enfant intérieur », « il faut développer votre confiance et votre estime », il faut… Oui, mais comment ?! Pouvez-vous imaginer la joie de cette jeune cliente quand elle a pu se libérer du passé, grâce aux techniques de PNL,  passé dans lequel elle s’enfonçait au quotidien, incapable de regarder devant elle, toujours ramenée à ses blessures d’enfance ? Imaginez son soulagement quand elle a compris qu’elle n’était pas responsable des mauvaises programmations qui l’entraînaient dans de terribles  crises de colère, qui étaient en fait des crises de panique qui la renvoyaient à tous les abandons qu’elle avait subis ? Elle en aura encore, des crises de colère, mais de moins en moins violentes et de mieux en mieux gérées, jusqu’à s’arrêter. Je rends d’ailleurs hommage non seulement au courage de cette jeune femme, mais également à celui de ses parents. Ils ont refusé le fameux « il faut gérer vos émotions » et sont allés chercher le « comment faire ». Ça faisait 18 ans que ma jeune cliente se battait contre ses démons du passé, perdant un peu plus de confiance et d’estime chaque jour… Aujourd’hui, elle sait comment gérer ses émotions, parce qu’elle reprend peu à peu le contrôle de sa vie : c’est un entraînement ! Voilà une famille de combatifs !

 

Quand je me suis vue transformer mon conjoint en passoire, puis quand je suis allée voir quelqu’un en shiatsu, lui demandant de m’aider à régler la colère que je ressentais vis-à-vis du deuxième conjoint, parce que je sentais que j’allais le tuer, heureusement qu’elle ne m’a pas répondu : « Il faut gérer vos émotions », car vu l’état de colère et de panique dans lequel j’étais, je lui aurais mis mon poing dans la figure ! La colère, comme toutes compulsions, c’est plus fort que vous. Ca se déprogramme, la preuve, je n’ai plus jamais eu de crises de colère. Ce n’est pas ce point qu’il faut travailler, mais son origine : c’est souvent l’injustice dans l’enfance, l’impuissance et la trahison qui nourrissent cette réaction. J’étais une véritable bombe à retardement et j’avais peur d’exploser à la moindre étincelle et commettre l’irréparable… On me disait « quitte-le » en parlant du deuxième, comme on me l’avait dit en parlant du premier : je ne pouvais pas !

 

Vous parlez souvent comme des livres quand vous donnez des conseils, mais vous ne réalisez pas la portée de vos paroles, car « les conseilleurs ne sont pas les payeurs ». Quand une personne est prisonnière de la dépendance affective, donc du manque de confiance et d’estime, elle tombe souvent dans la dépendance émotive et voit son partenaire comme la SEULE bouteille d’oxygène qui lui permettra de vivre. Même si cette « bouteille d’oxygène » la traite de façon épouvantable, elle y restera agrippée. Cela ne vous semble-t-il pas normal de rester accroché à la seule chose qui vous permet de vivre ?! Alors quand vous lui conseillez de laisser tomber cette « bouteille d’oxygène » qui lui nuit, que pensez-vous que l’autre va vous répondre ? Plutôt crever ! Car c’est ce qu’il croit qu’il va lui arriver s’il la laisse tomber. Il en est INCAPABLE ! Non seulement vous donnez un conseil impossible à suivre, mais en plus vous jugez, car vous lui reprochez de supporter l’insupportable. C’est parce qu’il/elle ne peut pas faire autrement. Et quand je vous entends dire « C’est bien fait pour elle/lui, c’est qu’il/elle doit aimer être maltraité(e) puisqu’il/elle reste avec l’autre ». Ben voyons ! Proposez-lui plutôt d’aller chercher des ressources pour développer confiance et estime.

 

Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire « il me trompe, elle me frappe, mais j’aime ça ! ». Non ! Vous entendrez toutes les horreurs que l’autre lui fait subir et ça finira par un « mais je l’aime ! ». Enfin, il/elle croit l’aimer : il/elle y est plutôt attaché(e). Combien de fois avez-vous pensé qu’un membre de votre famille ou un proche était un imbécile de rester avec quelqu’un qui trompe ou qui maltraite ? Combien de fois les autres ont-ils pensé cela de vous, si c’est votre cas ? Ils se croient tous très au-dessus de vous, donnant des conseils, vous expliquant la vie, vous inculquant ce qu’eux feraient dans votre cas… Mais ils ne sont pas dans votre cas et le jour où ils s’y retrouvent, ils sont coincés, comme vous, dans la dépendance affective. Certains viendront vous présenter des excuses, disant « je me moquais de toi parce que tu n’arrivais pas à quitter ton conjoint, mais c’est mon tour maintenant et je comprends ce que tu vivais ». Combien ont annoncé « si mon conjoint me trompe, je le quitte sans hésiter » et sont restés là, une fois l’adultère consommé…

 

Et puis, quand vous passez des heures à faire du « catéchisme » auprès des autres, leur expliquant tout ce que vous avez compris de la croissance personnelle, faisant de grands discours, leur donnant des leçons, les obligeant à écouter et à appliquer : vous devenez franchement « saoulant » pour ceux qui ne veulent rien entendre, qui n’en ont rien à faire de la croissance personnelle. Ils sont très bien comme ils sont… dans leur caca ! Et ils ont le droit ! Vous pouvez amener un cheval à la rivière, mais vous ne pouvez pas l’obliger à boire… Quand vous rencontrez un nouveau partenaire de vie et que vous cherchez à lui enfoncer dans le crâne votre philosophie, l’obligeant à réfléchir, à y voir clair, à prendre sa vie en main, alors qu’il ne vous a rien demandé, vous ne réalisez pas combien vous êtes envahissant (n’est-ce pas Claude ?!). Et tout surpris, vous ne comprenez pas pourquoi l’autre s’enfuit en courant. Si vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde sur le plan spirituel, passez votre chemin au lieu de vouloir enfoncer vos principes dans la tête de quelqu’un qui ne vous a rien demandé. En plus, vous noterez que c’est épuisant et que cela génère des disputes à n’en plus finir… Dans les différentes tribunes que m’offrent les télévisions, radios et autres moyens de communication, j’explique ce que j’ai compris de la vie, mais je n’oblige personne à m’écouter, ni à me croire : vous pouvez éteindre la télévision ou la radio.

 

Quand je rencontre un nouveau client en coaching, je suis très claire avec lui : je ne l’oblige à rien, il me paie, je lui donne des outils pour reprendre le contrôle, il y a une partie déprogrammation qui m’appartient, puis je l’informe que quoi qu’il fasse de sa vie, qu’il continue à la détruire ou qu’il la bonifie, ça ne changera en rien la mienne. Moi, je suis heureuse, de toute façon. Je ne donne ni leçon, ni conseil : je décode le passé pour que le client, s’il en a envie, bonifie son avenir. Mais je ne dis à personne ce qu’il doit faire, car j’ai horreur qu’on me dise ce que je dois faire, surtout quand je n’ai rien demandé. Les dominateurs, Trous noirs affectifs, ceux qui sont les meilleurs et les plus forts, qui ont tout vu tout fait, ont le don de mettre le nez dans vos affaires : quoi que vous fassiez, vous ne le faites pas bien : c’était le cas de ma mère et de Jim. D’ailleurs, ils ne pouvaient pas se voir en peinture ! Tiens donc ! C’est ainsi qu’ils vous dominent. Puis vous tombez sur le Desperado, qui veut sauver la planète entière et, voulant votre bien, fera tout pour vous, quitte à diriger votre vie. Ni le Trou noir affectif, ni le Desperado n’agissent pour vous : ils agissent pour eux ! Ça leur fait du bien de vous dominer ou de se sacrifier ! Combien de parents dirigent l’existence de leurs enfants et vice versa ? Toujours pour leur bien ! En résumé, le Trou noir affectif vous fait passer pour un « taré » pour se remonter et le Desperado vous étouffe parce qu’il veut vous sauver. Vous faites partie de quel camp ?

 

Et essayez donc de ne pas écouter leurs conseils, pour voir ce que ça fait ! C’est le drame ! Pourtant, c’est dangereux de donner des conseils : si l’autre les suit et qu’il se plante, il va vous tenir responsable de son échec ! Pourquoi intervenir dans la vie des autres, quand vous éprouvez de la difficulté à intervenir dans la vôtre ? Quand quelqu’un vous demande conseil, est-ce que ce serait une bonne idée de l’aider à réfléchir plutôt que lui donner votre solution : laissez-le libre de ses choix. Et s’il vous demande ce que vous feriez à sa place, souvenez-vous que vous n’êtes pas à sa place et ne le serez jamais. Chacun est responsable de ses actes. Vous connaissez cette philosophie qui explique qu’il vaut mieux enseigner comment pêcher à un village qui a faim, plutôt que lui donner du poisson. Que diriez-vous de lâcher prise sur la vie des autres, qui ne vous appartient pas, et de vous occuper de la vôtre ? C’est vrai que l’enfer est pavé de bonnes intentions, mais moi, c’est au Paradis que je veux vivre. Et vous ?

 

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