désolé

POURQUOI DITES-VOUS « JE M’EXCUSE » OU ENCORE « JE SUIS DESOLÉ(E) » PLUSIEURS FOIS PAR JOUR, ALORS QUE CE N’EST PAS PERTINENT ?

Nombreux sont ceux et celles qui dégainent le « je m’excuse » ou le « je suis désolé(e) » à tout bout de champ, alors que ce n’est pas pertinent. En revanche, de nombreux autres sont incapables de prononcer ces mots ne serait-ce qu’une seule fois… C’est une drôle de manie que demander à l’autre de pardonner une chose que vous n’avez pas commise et qui vous soumet à sa domination. Par le fait, vous mettez l’autre personne au-dessus de vous, rampant pour qu’elle accepte ne serait-ce que votre présence. Mais pourquoi faites-vous donc cela ? Quel effet pensez-vous produire ?

Pour commencer, dire « je m’excuse » (ou plus couramment « je m’essscuse ») est une faute qui confronte la bienséance. Suivez mon raisonnement : cette phrase signifie que vous vous excusez vous-même de votre forfait. Or, ce n’est pas à vous de déterminer si vous pouvez vous absoudre de votre péché, mais c’est bien à la personne offensée d’en décider. Donc, la bonne formule est « je te présente mes excuses » ou « je te prie de bien vouloir m’excuser » ou encore « excuse-moi » et c’est à l’autre de décider s’il accepte ou non vos excuses, auquel cas, s’il accepte, il répondra « excuses acceptées ». De même que dire « je suis désolée » manifeste que vous avez compris et que vous regrettez votre geste ou votre parole, mais ne manifeste pas que vous présentiez vos excuses : vous êtes à mi-chemin. Il faut compléter en présentant vos excuses pour obtenir la clémence de votre interlocuteur. Vous pouvez également utiliser les déclinaisons autour du mot « pardon » : « je te demande de me pardonner », « je te demande pardon », « pardonne-moi » ou tout simplement dire « pardon ».

Si le Trou noir affectif* (celui qui prend tout et domine) ne présente jamais ses excuses (plutôt crever !) ou s’il le fait, c’est pour mieux vous faire revenir et vous « bouffer », le Desperado* (celui qui donne tout et essaie d’acheter l’amour), lui, les présente à tout va tellement il veut se faire aimer et, surtout, ne pas déranger. Il est même prêt à présenter ses excuses pour le simple fait d’exister, de respirer, d’être présent. Ses parents l’ont tellement renié, qu’il a subi le même sort à l’école, puis dans la vie sociale et professionnelle. Savoir reconnaître ses torts et demander pardon est un signe d’équilibre, quand c’est à bon escient. Personne n’est à l’abri d’une parole malheureuse qui heurte quelqu’un, alors qu’on n’aurait pas pu le soupçonner ou un geste maladroit qui blesse bien involontairement. C’est un pouvoir incroyable que réaliser une erreur et la réparer avec les paroles qui conviennent, à la clef.

Cependant, le manque de confiance pousse à ne jamais présenter ses excuses ou à toujours les présenter : le premier ne peut reconnaître ses torts, car il pense que ça le rendrait vulnérable. Et comme il a peur des autres, il ne veut montrer aucune faiblesse : j’ai tout vu, j’ai tout fait, je suis le plus beau, le plus fort et le meilleur. Donc, je ne peux pas me tromper… Plus vous le clamez, plus vous essayez d’asseoir une confiance qui ne tient pas debout. Le deuxième, lui, est une véritable mitraillette qui sulfate des excuses toutes les trois minutes, pour tout et n’importe quoi. C’est une démonstration de soumission que repère immédiatement le Trou noir affectif, sentant sa proie toute cuite. Avez-vous remarqué que dans un couple en déséquilibre affectif, c’est toujours le même qui fait allégeance et se remet en question, pendant que l’autre lui fait allègrement porté le blâme systématiquement ? C’est celui qui est bafoué qui présente ses excuses pour ne pas contrarier son bourreau.

Je souris quand j’entends : « Je suis désolé, mais c’est toi qui m’as fait mal ». Désolé ? Ce mot est souvent en début de phrase avant d’annoncer ce qui va rectifier le tir : « Désolé, mais c’est bien toi qui es parti sans dire au revoir ». Vous n’avez pas à être désolé pour un acte que vous n’avez pas commis. Encore moins demander pardon, quand vous n’avez rien fait. Faites attention à votre langage, car il vous trahit quand vous manquez de confiance en vous. Rappelez-vous que la bonne formule est « je te présente mes excuses » ou « excuse-moi » et non « je m’excuse ». Si votre langage vous trahit, le vocabulaire que vous employez vous situe au niveau de votre éducation. Ayez plaisir à vous remettre en question et reconnaître vos erreurs quand c’est pertinent, ce qui démontre que vous avez confiance en vous. Et fuyez ceux qui sont incapables de le faire ou qui le font trop : dominateur ou dominé, ils vont finir par vous agacer !

*cf. « Le syndrome de Tarzan » Béliveau éditeur

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