L’intérêt social et l’intérêt personnel

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L’homme, depuis ses débuts, a été soumis à des principes darwinistes, de la loi de la jungle, qui constitueront son principe directeur tout au long des siècles : les plus forts survivent et les plus pauvres subissent. Ainsi, au Néolithique avec l’affranchissement de l’homme de la domination de la nature et son intérêt pour l’agriculture et l’élevage, l’homme a très vite vu l’avantage de se regrouper en communauté pour maximiser le rendement de cette nouvelle économie. Cette production agraire, purement physiocrate, sous-entend alors une collaboration provisoire pour obtenir un résultat collectif et dès lors provoquer un rush vers ces biens. Nous voyons ici que la base implicite de la vie en société est l’intérêt individuel. A partir de là on aura trois modèles sociales où toujours les plus réalistes de la société vont poser les outils pour pérenniser leur domination :

– Le système monarchique avec les nobles, l’église et le pouvoir (+les esclaves) où les premiers justifiaient leur domination par la religion avec l’appui de l’église qui enfermait le peuple dans une léthargie d’expiation du péché originel. En contrepartie, ce corps religieux corrompu matériellement, fixait le pouvoir des nobles, c’était pour ainsi dire un deal où les leaders d’opinion (les nobles, l’église) assouvissaient leur intérêt personnel sur le dos de la grande masse. Mais la révolution protestante conservatrice luthérienne, la peste, la thèse copernicienne, le rationalisme cartésien puis plus tard les idées humanistes des Lumières feront tomber ce système monarchique pour établir à sa place un nouvel ordre où le noble ne décidera mais le citoyen. Cet ordre s’appelle la République.

– Le système de l’Etat-République pose une nouvelle base où le critère de « droit » vrai naît avec les idées rousseauistes. Désormais le critère de droit à la réussite est le mérite et non plus la naissance. Ainsi, les philosophes Lumières posent les bases, les règles de fonctionnement de ces sociétés avec notamment la théorie libérale d’Adam Smith avec la main invisible, qui sera l’âme des Etats Unis, proclamant la naissance de la pensée capitaliste. Cette liberté de l’esprit d’entreprise crée un autre rapport de dominant à dominé : les bourgeois et les prolétaires. Le garde fou n’est plus la religion, mais le salaire, fixe, immuable juste nécessaire, à renouveler la force du travail. Ainsi, c’est avec ce système que rejaillit vraiment de manière outrancière la nature individualiste de l’homme. Les bourgeois s’enrichissent en faisant travailler les pauvres. Mais c’est par l’analyse de la société de Marx, qui reprend les grands principes humanistes de la philosophie de J.-J. Rousseau, que la masse populaire prolétaire prend conscience de sa situation. C’est ainsi que la révolution bolchévique en 1917 menée par Lénine met fin au régime impérial des Romanov en Russie, tout comme Mao Zedong proclame en Chine la naissance de la république populaire communiste. Certains idéaux marxistes se retrouvent également dans les grandes lignes du nazisme d’Hitler, du fascisme de Mussolini en Italie ou du franquisme en Espagne. Désormais, on se dirige vers un monde où l’idéologie capitaliste et celle communiste cohabitent et essaient chacune de prendre le dessus sur l’autre, bras de fer que l’idéologie libérale remportera

– Ceci correspond à la donnée actuelle avec un redéploiement formalisé du système capitaliste, naturel chez l’homme, à l’échelle mondial : la mondialisation. Les mouvements de la personne, des sociétés, des États, des multinationales sont mus par le seul facteur profit, intérêt individuel. Ainsi, le système communiste radical s’atténue, sort de son idéalisme pour s’adapter à la réalité actuelle. Le meilleur exemple est la Chine avec son rouleau compresseur et sa politique économique tentaculaire qui tue les économies nationales. Alors que cette Chine se dit communiste, ses méthodes agressives de prix bas, de pénétration des marchés, de sporification individuelle et d’investissement vers son pays quasi-exclusif suit une logiquement purement capitaliste. Donc les systèmes deviennent hybrides, se mixent avec un décloisonnement et un système de libéralisation de l’esprit d’entreprise propre au capitalisme d’une part et de pensions reversés aux retraités (socialiste) d’autre part par exemple.

Ainsi dans ces 3 modèles, rejaillit la nature humaine, à toujours vouloir dominer l’autre, à contenir sa vocation elle aussi naturelle à penser « je », via la religion, les lois (faites par les plus forts pour maintenir les moins forts, moins forts) et le salaire minable.

L’homme n’est qu’opportuniste et ne pense qu’à lui, seul, le groupe dans lequel il s’accepte de s’engager par un contrat social n’a de sens que le prolongement de son intérêt personnel que le fort camoufle derrière l’anesthésie caritative, humaniste de la sympathie d’Adam Smith qui n’est rien d’autre qu’une hypocrisie sociale. La société est hypocrisie et l’homme ne s’y engage que parce qu’il sait qu’il y tire un intérêt avant tout personnel. C’est de cette manière qu’il procède en ne croyant en Dieu que parce qu’il lui promet le paradis, en ne respectant le parent que pour la bénédiction, en ne faisant de la politique que pour dominer, en ne sympathisant que pour s’attirer les faveurs de l’autre, en ne flattant que pour avoir, en n’allant à l’école que pour réussir,n’est gentil que pour aimer, n’est extravagant que pour attirer l’attention. « Si vraiment, j’ai une sympathie réelle (vu qu’elle n’existe pas) pour le pauvre, je n’ai qu’à lui donner tout ce que j’ai. » Faire ça serait vu comme de la pure folie . La conception de la réussite résulte de son état de supériorité soit réelle ou implicite sur les autres, par la double satisfaction personnelle et de reconnaissance par la société. C’est de cette nature opportuniste qu’advient tout le prestige du défi religieux qui invite l’homme à penser en « nous »au lieu du »je » naturel. C’est un idéal vers lequel ,pour y accéder, l’homme devra s’élever, au delà de son essence matérialiste, se libérer de toute idée intéressée, et ainsi régenter de la manière la plus sage possible et sincère la vie sociale qui est à la base de l’économie, de la culture et de la politique.

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