LA PERFECTION
J’en ai assez d’entendre parler de « perfection » ! Au cours de l’émission du 14 juillet dernier au 93.3 avec Josey Arsenault, nous parlions d’amour avec les auditeurs : quand ils décrivaient l’homme ou la femme de leur vie, ça finissait toujours par « Il/elle n’est pas parfait(e) et il/elle a des défauts, mais je ne suis pas parfait(e) non plus ». Ca m’arrache les oreilles ! D’abord, qu’est-ce que la perfection dans un couple et qu’est-ce qu’un défaut ?!
Vous savez tous que la perfection n’existe pas, pourtant vous en parlez tout le temps et, pire, vous courez après ! « Je suis perfectionniste », bon très bien, mais vous vous rendez malade parce que vous n’avez pas atteint ce qui est inatteignable. Et puis ?! Et si vous remplaciez la perfection par « je fais de mon mieux ». Signez donc avec vous-même un contrat dans lequel vous vous engagez à faire tout ce qui est en votre pouvoir pour réussir quelque chose, plutôt que vous engager à être parfait. Sachant que vous ne le pouvez pas. Je ne suis pas parfaite, vous n’êtes pas parfaits. Parfait. Pouvons-nous passer à autre chose ?!
Qu’est-ce qu’un défaut ? Dans mon monde, c’est voler, mentir, tromper, tout ce qui vient me chercher dans mes valeurs. Mais pour vous, c’est peut-être ne pas faire ce que vous voulez qu’on fasse… Un homme ou une femme sont parfaits à vos yeux, s’ils répondent à tous vos désirs : ça renifle le Desperado ! « Chéri(e), je ferai tout ce que tu veux ! ». Souvent, si quelqu’un ne répond à vos attentes, mais sont-elles raisonnables, vous le prendrez « en défaut » ! Quand vous postulez et que le responsable des relations humaines vous demande « Quels sont vos défauts ? » (pardon, mais je trouve cette question tellement inutile), il est en train de vous demander la liste des travers que vous ne pourrez jamais améliorer. Et s’il vous demandait « Quels sont les points que vous souhaitez améliorer ? ». Le mot « défaut », comme le mot « perfection » d’ailleurs, ne fait pas partie de mon vocabulaire, en ce qui concerne l’être humain. Il peut, en revanche, y avoir un défaut de fabrication dans un objet, mais pas dans une personne. Vous pouvez changer et vous améliorer au lieu de vous cristalliser dans un « défaut » ou plusieurs comme une condamnation à vie.
Lorsque je parle de l’homme que je vais rencontrer, il y a toujours un petit malin pour me lancer : « Tu cherches l’homme idéal ou l’homme parfait et il n’existe pas ! ». Et il est fier de lui celui-là ! Je lui ferme son clapet en répondant, en souriant de toutes mes dents : « C’est le meilleur des hommes pour moi (et non le moins pire !) qui entrera dans ma vie. Ai-je parlé d’idéal ou de perfection ? NON ! ». Et peut-être que cet Homme laissera traîner ses bobettes (caleçon pour les Français !), qu’il oubliera de refermer le tube de dentifrice ou qu’il laissera le capot des toilettes levé. Est-ce que ce sont des défauts ?! Non ! Quand ma fille, Cassandre, envahit le salon avec toutes sortes de choses qui lui appartiennent et que je lui demande de libérer la place : elle les déplace ! Je retrouve les mêmes objets un peu plus loin… dans le salon ! Est-ce que ça devrait m’agacer ? Le jour où ses affaires ne seront plus dans le salon, ce sera parce qu’elle sera partie ! Pour l’instant, elle est à la maison, et je souris quand je constate son invasion et si elle exagère, je lui demande d’y remédier.
Je ne suis pas une mère parfaite, mais qu’est-ce que c’est une mère parfaite ? Je suis une mère qui fait de son mieux, comme mes parents ont fait de leur mieux, comme les vôtres, comme vous. Et même si vos parents ont complètement loupé leur coup et que vous vous êtes retrouvé dans d’horribles souffrances, ils ont fait ce qu’ils pouvaient, même si c’était peu. Est-ce que la perfection renonce aux émotions ? N’avons-nous pas le droit d’avoir des humeurs ? Vous avez également le droit d’être fatigué ou énervé et de l’annoncer à votre conjoint ou vos enfants en les prévenant que votre tolérance est à zéro, au lieu de leur sauter dessus, toutes griffes dehors. Ou si c’est votre partenaire qui devient agressif, juste le lui faire remarquer gentiment et passer au large en suivant. Nous avons tous nos humeurs et nos agacements et tous tendance à nous en prendre aux autres : il faut juste se reprendre et annoncer la couleur. Montez le drapeau rouge pour dire que la mer est houleuse et le vert pour dire qu’elle est calme ! Comment pourrions-nous attendre de quelqu’un qu’il soit parfait ? Pourquoi ne pas simplement évaluer ses capacités et lui demander seulement ce qu’il est capable de faire au lieu d’en attendre plus. Et d’en être frustré ! Mon jeune voisin Maxime s’occupe de mon gazon : je sais qu’il est jeune, qu’il aime faire la fête et que c’est l’été. Je ne m’attends donc pas à ce qu’il se présente à 6h su matin, une fois par semaine, pour tondre ! Il vient quand il a le temps, quand il a besoin d’argent ou que, s’il tarde trop, le gazon soit trop haut. Ca me va car je n’ai pas le temps de m’occuper de ça. Je n’attends de lui que ce qu’il est : pas envie de le changer ! Sinon, je prends un autre « tondeur de gazon » !
Le besoin de perfection vous vient souvent de vos parents qui vous ont mis la pression parce qu’ils pensaient vous pousser (faire de leur mieux !) en réclamant plus de résultats et de meilleures notes : quoi que vous fassiez, ce n’était jamais assez ! Vous vous êtes alors échiné à faire jusqu’à l’impossible pour ne jamais obtenir un seul compliment ni une seule récompense. J’en ris encore quand je me souviens de ma mère m’annonçant que j’ai été reçue au bac : « Tu n’aurais jamais dû l’avoir, tu n’avais pas assez travaillé ». Et je n’ai su que 25 an plus tard que j’avais eu une mention ! Elle pensait que si elle me complimentait, j’allais « m’endormir sur mes lauriers » (ce sont ses propres paroles) : si je ne me suis endormie sur mes lauriers, je me suis, en revanche, endormie sur des névrosés : mes conjoints ! C’est le contraire de la perfection que j’ai cherché en eux : la déperdition ! Car je voulais être parfaite à leurs yeux : au royaume des aveugles, le borgne est roi ! J’ai été parfaitement… malheureuse !
La perfection, c’est la quête du Saint Graal : lâchez prise en apprenant à vivre sans vous mettre de pression, en faisant, comme je vous le disais précédemment, de votre mieux. Quand un tableau est de travers, combien de personnes s’approchent pour le remettre droit ? C’est écrit où qu’il faut ABSOLUMENT que les tableaux soient droits ? Même nos propres visages ne sont pas symétriques : nous avons un œil plus haut que l’autre, une oreille plus grande que l’autre, une jambe ou un bras plus long et après ? Qu’est-ce qui vous rassure dans la symétrie et la perfection ? Rien, c’est simplement parce que vous avez été programmé à courir après sans jamais la rattraper. La perfection ne fait pas partie de ma vie, encore moins de mon vocabulaire. Quand ma fille me présente ses bulletins scolaires, je ne lui inflige pas un « tu aurais pu faire mieux » mais « as-tu fait de ton mieux ? ». Souvent, elle répond « oui », parfois, elle répond « non », avec un petit sourire en coin. Mais au moins, elle sait pourquoi les notes ont suivi ses actions. Elle sait comment réussir ou non.
Vous avez un autre choix que courir après la perfection : vous pouvez également la voir à tout moment et en toute chose, question de perception. « La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a », je vous laisse méditer sur cette expression. En tous cas, j’aurais fait de mon mieux pour que vous compreniez parfaitement que je me moque bien de la perfection. Et vous ?!