Ce lundi 20 avril a débuté le chantier français de la nouvelle interconnexion électrique haute tension à courant continu (HVDC) entre l’Italie et la France. Une infrastructure stratégique au niveau européen qui permettra d’accroître la sécurité d’alimentation électrique et la capacité d’échange entre les deux pays de 1.200 MW. Cette ligne électrique parcourra plus de 190 km en souterrain (la plus longue liaison du monde de ce type) et relira la commune de Saint-Hélène-du-Las, près de Montmélian, à la ville italienne de Turin.
Porté par RTE, filiale du groupe EDF, et Terna (son homologue italien), le projet Savoie-Piémont consiste à optimiser le réseau transalpin par une liaison souterraine entre Chambéry et Turin et à assurer la sécurité d’un réseau électrique saturé depuis de nombreuses années. Les échanges d’électricité entre la France et l’Italie passent à ce jour principalement par quatre lignes dont les lignes à 400 000 volts Albertville-Rondissone et Albertville-Venaus.
Cette nouvelle interconnexion transfrontalière d’une puissance de 1.200 MW renforcera la capacité d’échange entre l’Italie et la France, ouvrant ainsi une nouvelle porte vers la création d’un marché unique de l’énergie au niveau européen. Elle permettra en effet d’améliorer la mutualisation des ressources entre ces deux pays et l’intégration des énergies renouvelables via par exemple le transfert de production hydraulique dans le sens France-Italie ou la valorisation de l’énergie photovoltaïque italienne en heures creuses dans le sens Italie-France. 100% souterraine, elle nécessitera un investissement de plus de 1,1 milliard d’euros dont 500 millions pour RTE et plus de 600 millions pour l’italien Terna.
La nouvelle liaison électrique « Savoie-Piémont » s’insère dans le cadre d’une coopération bilatérale dans le domaine énergétique établie par les Accords de Nice en 2007, et fait partie du Plan de Développement décennal du réseau électrique européen publié par l’association des gestionnaires de réseau européens ENTSO-E en 2012. Elle est également prise en compte dans les Projets d’Intérêt Commun (PIC) identifiés par la Commission européenne. Le chantier côté italien est en cours depuis juillet 2013 et devrait s’achever fin 2018 pour une mise en service en 2019.
Cela étant, cette liaison transfrontalière ne constitue qu’un des multiples projets d’optimisation et de modernisation du réseau électrique opérés dans la région. Les accords de Nice prévoyaient également le renforcement du réseau existant, actuellement en cours sur la ligne Albertville-Venaus pour 600 MW supplémentaires, et portant la capacité de transport du réseau entre les deux pays des 2.650 MW actuels à plus de 4.400 MW, soit une augmentation de plus de 60%.
Comme le souligne Frédéric Dohet, délégué RTE pour la région Rhône-Alpes-Auvergne, en Rhône-Alpes, RTE investira “près d’un milliard d’euros entre 2014 et 2020, pour des grands projets qui s’inscrivent dans son schéma décennal”. Sur la liste des investissements de RTE, figure aussi par exemple la reconstruction de la ligne à 225 000 volts entre Le Puy-en-Velay, l’Yssingelais et Saint-Étienne.
Crédits photo : RTE