Peut-être avez-vous déjà entendu dire que « les gens heureux sont heureux partout ». Ce qui laisserait supposer que si vous n’êtes pas heureux partout, alors, vous n’êtes pas heureux du tout. Amusons-nous à disséquer cette croyance et voyons si elle est vraie ou fausse : vous en déciderez après l’analyse que j’en ferai ci-dessous.
Pour commencer, que signifie « être heureux » ? Chacun ira de sa définition et je prendrai le raccourci suivant : disons qu’être heureux, c’est être en paix avec soi et avec les autres, ce qui conduit à la joie de vivre et au bonheur de savourer l’instant présent. J’ai souvent entendu de la bouche des personnes éprouvant des difficultés à atteindre le bonheur : « Quand je regarde mon passé, je suis dépressif et quand je regarde mon futur, je suis anxieux et je ne suis donc jamais dans l’instant présent ». C’est évident ! A quoi pense un lapin aveuglé par les phares d’une voiture ? A rien ! Il fige, terrifié. Et il finit en descente de lit sur la route. Mettons le même lapin au milieu d’une meute de loups, goûtera-t-il l’instant présent juste avant de finir dans la gueule des prédateurs ? Vos mauvaises programmations vous mettent en mauvaise posture, vous rendant effectivement dépressif ou anxieux, voire les deux. Il est donc évident que pour être heureux, il est nécessaire de régler les blessures du passé (rejet, abandon, injustice, trahison, humiliation), afin d’être optimiste pour le futur et n’avoir plus aucune projection négative parasitant le bonheur, ni aucun virus de pensées (fausses croyances qui vous limitent ou vous emprisonnent). Ces deux éléments (virus de pensée/parasitage) vous font passer maître dans l’art de vous faire des films d’horreur qui vous octroient la palme d’or de la terreur à chaque fois ! Bref, point de bonheur à l’horizon ou par bribe, quand votre passé et vos mauvaises programmations vous ont rattrapé.
Partons maintenant du principe que vous êtes libre de votre passé, avec une belle joie de vivre, célibataire ou en couple. En résumé, vous avez le bon job, le bon domicile, le bon entourage et votre confiance est boostée. Quant à votre estime, sachant que vous êtes quelqu’un de bien respectant de belles valeurs, elle est haute et solide. Alors, cela vous permet-il d’être heureux partout ? Définissons le mot « partout » : est-ce en terme de lieu ou en terme de situation ? Commençons par le lieu : partout voire n’importe où. Si vous placez une personne heureuse dans n’importe quel pays, n’importe où (mer, montagne, campagne, ville, etc.), lieu qu’elle n’aura pas choisi et qui sera à l’opposé de ses goûts premiers : sera-t-elle heureuse ? Posons la question sous un autre angle : votre bonheur dépend-il de votre environnement ou celui-ci n’a-t-il aucune importance ? Si vous aimez vivre face à la mer et que l’on vous impose le centre-ville ou la montagne, vous déraciner de ce que vous aimez ou d’un pays où vous étiez heureux complique le jeu. Personnellement, je ne me voyais plus aucun avenir en France, venant de la campagne et ayant vécu à Paris, j’avais fait le tour de ce pays. Je l’ai quitté pour un avenir meilleur, ailleurs. En passant, objectif atteint, le Québec m’a bien réussi ! Nous avons tous le devoir de trouver la meilleure place nous permettant le meilleur épanouissement, dans la mesure du possible. Tels les plantes et les animaux qui doivent bénéficier d’un environnement spécifique sous peine d’en mourir, les êtres humains disposent d’une multitude de possibilités géographiques. Et que dire du soleil et de la lumière dont le manque peut rendre dépressif une majorité de gens ? Vous avez besoin de créer votre sphère de vie tant au niveau de votre logement que de sa situation géographique. Un bel appartement dans un quartier dangereux perd de son charme. De même qu’un appartement insalubre dans un quartier chic ne vous satisfera pas non plus. Conclusion : votre environnement physique influence votre bonheur et y contribue largement. D’ailleurs, êtes-vous bien dans votre peau, dans un job que vous détestez ?
Maintenant, considérons le « partout » en terme de situation, c’est-à-dire que si vous êtes heureux, vous pouvez supporter, endurer n’importe qui dans n’importe quelle situation. Par exemple, votre belle-mère est exécrable (oui, je sais, exemple facile et commun !) et quand elle vient déjeuner chez vous, le dimanche, elle déverse son venin pendant tout le repas, vous critique ouvertement vous humiliant avec délectation. Pensez-vous que cette situation, même si vous êtes heureux/se ne vous fera pas monter la moutarde au nez ? Votre partenaire de vie est insupportable, adoptant de mauvais comportements à votre égard et, bien que vous ayez été heureux avant de le/la rencontrer, l’êtes-vous encore contre vents et marées ? Votre patron est harcelant et agressif, il vous a dans le collimateur et vous rend la vie impossible, ne serez-vous pas tenté de démissionner ? Vous êtes dans une soirée où la conversation est si pauvre que vous ne pouvez y participer ou les sujets sont sans intérêt à vos yeux, serez-vous heureux dans votre coin comme si de rien n’était ou allez-vous rapidement sentir l’ennui vous peser ? Quand la situation est toxique, il faudrait être sous l’emprise d’une substance (drogue, alcool, etc.) pour pouvoir être heureux malgré tout. Le bonheur a cet avantage qu’on le partage et qu’il se multiplie avec les gens de bonne compagnie. Mais barboter dans le malheur, l’agressivité ou l’ennui des autres ne peut en aucun cas favoriser un bon état d’esprit. Ne sortez-vous pas déprimé de chez votre parent ou votre ami qui vient de déverser tous ses malheurs dans votre brouette comme si vous étiez une déchèterie ? Pourtant, vous alliez bien en arrivant !
En conclusion, les gens heureux sont heureux exactement là où ils sont heureux. C’est-à-dire qu’ils ont choisi un environnement épanouissant, tant au niveau géographique et physique qu’humain. La personne la plus heureuse du monde le serait-elle toujours en prison ? Mon grand-père n’avait rencontré aucune personne heureuse parmi les prisonniers des camps de concentration, en Allemagne (1939/1945). L’équilibre nous permet de nous adapter à une situation insatisfaisante quand nous n’avons pas le choix et parfois dans une certaine souffrance, tout de même. Quant au fait d’être heureux dans une situation dégradante, c’est une impossibilité. Nous nous devons de faire en sorte que notre équilibre soit respecté à tous les niveaux avec ce calcul mathématique que j’affectionne tout particulièrement : 1+1=2. Donc, ne fréquenter que des personnes « + 1 » (positives) et vous retrouver dans des situations « +1 » (agréables et confortables). Ainsi, vous pourrez maintenir l’homéostasie de votre bonheur pour être heureux et serein en tout temps dans vos choix, en évitant tout ce qui est « -1 », dans la mesure du possible. Ceux qui échappent à ce devoir envers soi sont ceux qui ont dû quitter un pays où ils étaient heureux, pour des raisons politiques ou économiques, et qui doivent s’adapter à un environnement par défaut. Alors, leur philosophie de vie leur permettra peut-être d’installer un certain confort dans leur situation. La perspective de retourner souvent dans leur pays d’origine, s’ils le peuvent, sera un réconfort, voire y finir leurs jours à la retraite. Je tire mon chapeau à toutes les personnes qui ont été brutalement déracinées et ont la nostalgie de leur pays, car, personnellement, en émigrant au Canada, il y a 20 ans et par choix, j’ai trouvé mon paradis à St-Jean-de-Matha !
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