On va a quitté : le rejet et l’abandon vous tenaillent les entrailles vous jetant dans un gouffre sans fond où il fera froid et nuit tout le temps. A ce que vous croyez… Sur le coup, c’est la fin du monde, de votre monde, et vous ne réussissez même plus à respirer, à dormir ni à vous alimenter, dysfonctionnel que vous êtes. Vos pensées tournent en boucle à grands coups de « pourquoi » et plus vous vous enfoncez dans les souvenirs, les mots prononcés, les sensations perdues à jamais, plus vous creusez le vide que l’ex remplissait. Pourquoi est-ce si difficile de faire le deuil d’une relation de couple et, surtout, comment faire pour avancer ?
Votre bouteille d’oxygène ayant déserté, vous voilà en apnée d’autant que vous êtes dépendant affectif, donc dépendant émotif, et que vous aviez placé votre respiration entre les mains d’une personne disant vous aimer. Vous plongez d’une façon obsessive dans le trou béant qui s’est formé en ressassant les souvenirs de façon à bien vous torturer. D’autant plus si vous avez été quitté parce que remplacé. Personne ne vous oblige à imaginer les galipettes du nouveau couple si rapidement formé, ce qui vous tue à petits feux : votre cerveau ne fait pas la différence entre ce que vous voyez et ce que vous imaginez : pour lui, tout est vérité ! Donc, votre corps réagissant à vos pensées souffre mille morts puisqu’il croit que vous assistez aux ébats de l’ex et son nouveau jouet. La trahison vient gonfler le dossier du déserteur qui vous en aura peut-être fait voir de toutes les couleurs, mais pourtant, vous souhaitez son retour. Je vous le dis, il y a des relents de masochisme dans cette affaire ! Vous vous jetez donc à corps perdu dans le « je t’aime » (je veux qu’il/elle revienne) et le « je te hais » (je veux qu’il/elle crève !), espérant néanmoins que l’ex revienne en rampant, clamant qu’il/elle a eu tort, suppliant pour avoir votre pardon et quémandant que vous le/la repreniez, le tout, bien sûr, à genoux devant vous. Cette attente ne vous aidera pas à faire le deuil de la relation…
Soyons raisonnable, voulez-vous ? Cette personne vous a quitté, c’est un fait. Et pour former un couple, il faut être deux, dure réalité. Puisque vous vous obstinez à regarder dans le passé, faites-en ressortir la saleté plutôt que focaliser sur le peu de moments qui furent agréables. En fait, même après avoir été quitté, alors que pendant la relation vous vous obligiez à en endurer certains aspects dans le seul but de ne pas être seul, vous vous obstinez à vous faire croire que votre couple tenait la route. Faites donc la liste de tout ce qui n’allait pas, de tous les sacrifices, concessions et compromis consentis, toutes les paroles blessantes, parfois répétitives, entendues, toutes les situations humiliantes vécues, toute l’énergie dépensée inutilement, votre santé qui déclinait, votre joie de vivre qui s’éteignait, votre confiance qui s’effilochait, votre dignité piétinée quotidiennement, vos valeurs bafouées, votre physique abondamment critiqué, votre intelligence remise en question systématiquement, peut-être aussi quelques tromperies inavouées mais que vous avez parfaitement pressenties, toutes les fois où vous avez fermé les yeux et serré les poings, les torrents de larmes, l’anxiété qui vous vrillait le corps, l’incapacité à réfléchir et agir, les violences en tout genre et les jugements que vous vous êtes infligés, vous tapant sur la tête dans les rares moments de lucidité. Dites-moi donc ce que vous regrettez dans cette longue liste de tortures endurées…
La dépendance émotive vous rend totalement soumis à une autre personne et peu importe ce que l’autre vous fait endurer, seule l’idée d’être en couple apaise la peur de la douleur de la solitude. Tout est bon et surtout n’importe quoi plutôt que rien. Vous devriez pourtant fêter le départ de votre bourreau, car, même si la porte de votre cage était ouverte, vous n’étiez pas en mesure d’en franchir le seuil pour courir vers votre liberté. Le beau cadeau que votre geôlier vient de vous faire ! Et s’il a un complice dans l’affaire parce que détourné de vous par une nouvelle conquête, je vous promets qu’un jour, vous bénirez celui ou celle qui est tombé dans le piège dont vous n’arriviez pas à vous extraire. Comprenez que si vos pensées vous ramènent vers l’ex, c’est seulement le manque de sexe ou d’affection et non la volonté de revenir avec. La mémoire associe les sensations à une personne, il faudra donc en créer d’autres dans votre imagination pour reporter votre attention vers le futur. Essayez de détourner vos pensées quand elles tournent en boucle en les occupant à autre chose : récitez un poème ou un mantra, chantez une chanson gaie, utilisez votre cerveau afin qu’il cesse de ruminer. C’est certain que les privations de liberté imposées par les divers gouvernements empêchent toutes distractions et activités qui auraient pu mettre votre tête au repos. C’est certain que vous y pensez le matin au réveil (voire au milieu de la nuit) et le soir au coucher : votre cerveau est à votre service, nourrissez-le de pensées différentes. L’objectif étant de ne laisser aucun espace à l’activité de ressasser. Cessez d’en parler à tout le monde également, car vous remuez le couteau dans la plaie. Faites le tour de tout ce que vous avez de positif et de beau dans votre vie (votre santé, celle de vos proches, etc.) et quand l’envie de retourner vers l’ex vous prend parce que fatigué, frappé par l’ennui ou les hormones en folie qui affectent votre moral, comprenez que vous avez le réflexe de retourner dans vos vieilles pantoufles quand vous vous sentez fragilisé. Et ces vieilles pantoufles sentaient mauvais, très mauvais…
Evidemment, plus vous êtes dépendant affectif et émotif, plus le deuil sera long et difficile. C’est peut-être justement l’occasion de travailler sur vous pour reconstruire confiance et estime et être dans le plaisir et plus jamais dans le besoin. Tranquillement, vous verrez que le matin, ou même dans la journée, voire le soir, vous ne penserez plus à l’ex, qui va sortir tranquillement de votre tête, de votre vie, de votre ADN pour libérer l’espace propice à une nouvelle relation, équilibrée cette fois-ci. Cependant, la prochaine personne que vous devez rencontrer, c’est… VOUS ! Et si le besoin continue de vous habiter, sans travailler sur vous-même, c’est dans la gueule d’un autre loup ou d’une autre louve que vous vous jetterez !
www.pascalepiquet.com