Je souris quand j’entends quelqu’un « balancer » à une autre personne « on a toujours le choix » sur un ton autoritaire, alors que cette dernière vient de livrer le problème dans lequel elle s’enfonce et a dit : « je n’ai pas le choix ». Ne vous êtes-vous jamais, vous-même, retrouvé dans une situation où vous n’aviez pas le choix ? La non–violence, c’est ne prononcer que des paroles utiles : est-ce utile de dire à quelqu’un « on a toujours le choix » quand celle-ci n’en voit pas ? Est-ce que ça l’aide à reconsidérer sa décision ? Découvrons-le ensemble.
Ainsi que je l’enseigne à mes clients en coaching, l’être humain a besoin d’avoir toujours deux choix, au minimum. C’est une réalité quand une personne parle de suicide : elle fait en sorte d’avoir deux choix, vivre ou mourir, parce que vivre lui est devenu insupportable. Bien sûr, la personne ne souhaite pas mourir, elle souhaite arrêter de souffrir. Faites-vous la différence ? Le suicide est une solution radicale à un problème souvent très ponctuel. Le simple fait de savoir qu’il y a un « plan B » et que ces personnes peuvent arrêter la souffrance en mettant un terme à leur vie peut les encourager à chercher des solutions. Celles qui passent à l’acte ont considéré qu’elles n’avaient pas d’autre choix pour arrêter de souffrir. Avons-nous toujours le choix ?
Vous pensez que votre ami a le choix de quitter une personne toxique et quand il s’en plaint, vous êtes le premier à lui jeter au visage « on a toujours le choix » quand il vient de vous exprimer qu’il n’en est pas capable. Pour avoir le choix, il faut être capable de prendre une décision, mais la dépendance émotive vous enlève tout jugement et toute capacité à agir dans le bon sens : elle brouille le radar des plus grands génies. D’autres situations ne vous donnent pas le choix : un de mes amis, en France, il y a de nombreuses années, avait vu sa conjointe le quitter en le laissant seul avec deux enfants dont il devait assumer l’éducation à tous points de vue, mais en plus, il fut condamné à lui payer une pension, car elle s’était fait déclarer inapte au travail. Il avait fait appel à plusieurs reprises, mais ça ne lui valait qu’une augmentation de la pension : cette femme lui prenait une grosse partie de sa paie et il devait élever ses enfants avec le reste. Combien de fois l’ai-je récupéré enragé, dévasté, humilié par les jugements successifs alors que cette ex-conjointe travaillait au noir et vivait sur son dos ? Quel choix avait donc mon ami ? Celui de payer un tueur, comme il le disait au plus profond de sa détresse ? Il a dû payer jusqu’à sa retraite pour une femme qui avait abandonné ses enfants totalement et qu’il était obligé d’entretenir. On a toujours le choix, vraiment ?
Ce client qui vint me voir, abattu par une rupture, alors que l’ex-conjointe, mère de ses deux enfants et qui avait de l’argent, le traînait devant les tribunaux pour avoir la garde exclusive de ses deux fils, lui qui travaillait à son compte dans les assurances et n’arrivait même plus à réfléchir, anéanti par toutes les pensions qu’il devait et incapable de travailler ? Il s’est retrouvé sans travail, sa maison vendue pour payer les pensions et l’avocat et habitant chez ses parents qui lui ont avancé l’argent du coaching. Quel choix avait-il ? Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, comme le dit le vieil adage. Et quand votre partenaire de vie part avec quelqu’un d’autre, vous laissant désarticulé, la douleur vrillant vos viscères, quel choix avez-vous ? Vous subissez celui de quelqu’un d’autre. On a le choix quand il y a possibilité d’avoir deux choix minimum. Mais certaines situations ne dépendent ni de vous, ni de vos actes, ni de vos décisions, mais d’une tierce personne qui ne vous laisse aucun choix. Et si vous ne pouvez pas changer la situation, il faudra en changer votre perception pour réussir à l’accepter. Mais ça ne vous encourage pas à accepter l’inacceptable.
Vous êtes peut-être prompt à juger sans savoir, sans être passé par-là, sans comprendre la personne à laquelle vous « balancez » le fameux « on a toujours le choix ». Ou peut-être l’avez-vous déjà « prise dans le nez «, cette phrase-là. Réfléchissez avant de parler et tourner sept fois votre langue dans votre bouche serait une excellente idée : accueillez donc ce que vous livre la personne et aidez-la à trouver des solutions, sauf si elle n’en veut pas. Et parfois, reconnaissez, avec empathie, que celui ou celle qui vous confie sa vie n’a pas d’autre choix que subir une situation inévitable : elle n’a effectivement pas le choix. Et si le choix ne s’offre pas parce que la dépendance affective et émotive entrave votre intelligence et vous empêche d’avancer, figé que vous êtes, commencez par restaurer votre confiance et votre estime pour être capable de faire un choix éclairé.
Aider la personne à voir plus loin que le mur contre lequel elle a le nez collé et qui bouche son horizon est une attitude plus aidante que la planter-là avec un « on a toujours le choix ». Maintenant, si la personne n’est pas réceptive à vos propositions de solutions, ne perdez pas votre temps. Je souhaite juste attirer votre attention sur le fait que certaines situations ne vous laissent aucun choix comme se soumettre à l’injection pour garder un emploi, quand on a une famille à nourrir. Celui ou celle qui rétorque cette phrase assassine au personnel soignant ne devrait-il pas s’engager à loger et nourrir la famille de celui qui refuse cette injection afin de lui offrir une autre solution ? Dans le monde dans lequel nous vivons maintenant, « avoir le choix » n’est plus une réalité : c’est un combat.
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