Père monoparental : toute une aventure !
Vous êtes un homme et vous allez vous séparer ou c’est déjà fait et il va falloir devenir une mère en plus d’un père, un week-end ou une semaine sur deux. Bien sûr, je vois déjà les féministes brandir leurs banderoles : « Nous, nous devons devenir des pères ! ». Certes, mais dans le quotidien, vous avouerez Mesdames, qu’il est plus facile pour vous de faire les courses, organiser les repas, l’entretien de la maison, les lessives et le repassage, les devoirs et les boîtes à lunch que pour un homme. Depuis la nuit des temps, les femmes ont pour mission de s’occuper du feu, du logis et des enfants et les hommes sont des pourvoyeurs/protecteurs. Voilà qu’aujourd’hui, une semaine sur deux ou pendant le week-end, ils doivent mettre leur tablier de ménagère, prendre le rôle de la mère et se transformer en fée du logis !
J’ai beaucoup d’admiration pour tous les hommes qui font face à toutes sortes de situations avec des enfants en bas âge ou plus grands, avec courage : ils ne sont pas formés, ni faits pour ce rôle, à l’origine. Vous, Mesdames, si vous avez un problème de plomberie, vous appelez un plombier ou votre ex-mari. Un problème d’électricité ou de réparation quelconque, vous trouverez toujours un professionnel qui vous dépannera ou un ami. Mais le père des enfants, lui, pas du tout préparé à organiser la logistique tournant autour des petits, ne pourra faire appel à personne sinon à lui ! A moins qu’il ait beaucoup d’argent et qu’il loue les services d’une gouvernante qui s’occupera du ménage, des courses et des devoirs. Vous en connaissez beaucoup dans ce cas ? Il va falloir qu’il devienne une mère, malgré lui.
J’ai eu comme client en coaching plus d’un homme dans ce cas, dépassé par toute l’organisation que la vie de père monoparental requière. J’en ai vu pleurer, tellement ils prenaient leur rôle à cœur mais étaient totalement dépassés. Bien sûr, vous me direz encore, Mesdames, qu’il n’avait qu’à aider son épouse quand il était marié, ça l’aurait entraîné ! Figurez-vous que lorsque j’étais en couple, je ne me suis jamais entraîné à faire la plomberie ou l’électricité, ni la vidange de la voiture. Aurais-je dû ? Bien sûr les hommes aident beaucoup plus à la maison que les anciennes générations, mais de là à prévoir le pire en s’entraînant à devenir la parfaite mère/maîtresse de maison, il ne faut pas exagérer ! Même ceux qui étaient rapides sur la gâchette pour aider leur femme dépassée ou pour la soulager se retrouvent quand même souvent écrasés par le poids d’un rôle qui n’était pas prévu au programme.
Reconnaissez, Mesdames, que le guerrier des temps modernes doit se battre, aujourd’hui, avec des casseroles et des listes de commissions, des couches, de la lessive et un chiffon pour nettoyer. Etait-ce bien son rôle ? Je sais que vous faites face, vous-même à beaucoup de situations « masculines » et que vous les réglez : j’ai payé pour apprendre de mon côté ! Je me suis retrouvée seule, avec ma fille, une propriété de 90 acres (37 hectares), un appartement et une voiture à entretenir alors que je n’avais plus d’argent Si j’avais dû entraîner une équipe de hockey ou de football, j’aurais eu beaucoup plus de difficultés, mais me retrouver mère célibataire ne m’a jamais fait peur, parce que m’occuper de mon bébé et maintenant de ma fille, je l’avais dans les trippes. Sans compter que lors d’une rupture, il y a la souffrance de la séparation. Surtout si c’est madame qui l’a décidé. Pour elle, c’est tout bénéfice : elle est en vacances une semaine sur deux et profite de son amant. L’autre semaine, elle fait juste ce qu’elle a toujours fait : elle est rôdée, c’est mécanique, c’est installé. Mais Monsieur, lui, pédale dans la choucroute et se repose la semaine qu’il a de liberté !
Vous allez encore me dire que souvent l’homme a trouvé une conjointe, mais là encore je vous répondrais que mes clients me demandent à quel moment ils peuvent introduire cette nouvelle personne dans leur vie de famille. Cessez de penser que tous les hommes ne sont que des animaux qui pensent avec leur sexe : ils souffrent bien plus que vous pour être de bonnes mères ! Ma fille a toujours été avec moi, depuis sa naissance, sans père, ni famille ni amis pour me permettre de me reposer. Et c’est toujours le cas : homme ou une femme, qui a tort dans la séparation, peu importe, aujourd’hui au moins, vous avez une semaine sur deux ou un week-end sur deux. Je sais également que des pères et des mères n’ont plus le soutien de l’ex-conjoint et je tiens à signaler qu’il y a des femmes qui ont démissionné et leur ex-mari a les enfants à plein temps.
Au passage, je veux également souligner que certains pères sont de très bons parents mais se retrouvent dépossédés de leurs enfants au travers d’une séparation qu’ils n’ont pas décidée. La loi est souvent à leur détriment et dans les cas les pires, la femme s’en va avec les enfants et il se retrouve non seulement sans conjointe, mais sans la famille qu’il avait constituée. Dans le cas extrême où l’homme était un bon mari, que sa femme a décidé de quitter parce qu’elle en a rencontré un autre, ça fait mal à deux niveaux : Plus de femme et plus d’enfants, donc plus aucune famille et c’est un autre qui profite de son nid. Là, je vous vois venir Mesdames, vous allez m’agiter sous le nez le cas de l’homme qui quitte et me dire que c’est tant pis pour lui s’il se retrouve le tablier autour du cou devant les fourneaux, à jouer les parfaites ménagères : il n’avait qu’à réfléchir avant ! Je ne serai ni juge, ni arbitre : je rends hommage aux hommes qui ont ou non voulu cette situation et qui se retrouvent à être une mère quand les enfants sont là. Ils ne sont pas, encore une fois, formés à ça et ils font de leur mieux, considérant parfois que ce n’est pas assez.
Une séparation, c’est toujours souffrant, à moins que les deux protagonistes soient devenus des amis. Il y a des séparations réussies où les deux sont présents l’un pour l’autre et, surtout, pour les enfants. Mais quand c’est chacun pour soi et que l’ex-femme est ravie de voir l’ex-mari complètement dépassé, ce sont les enfants qui trinquent. Et puis quand les filles deviennent plus grandes et qu’elles ont besoin d’un support logistique une fois par mois, les papas sont un peu embêtés ! Je me souviens de ma fille qui passait l’été en France, ayant eu ses premières menstruations, demandant à son père (nous sommes divorcés depuis 1996, lui en France et moi au Québec) quelle était la meilleure marque qu’elle puisse trouver en France ! Et encore, il n’avait pas à aller les lui acheter : elle était assez dégourdie pour se servir et passer à la caisse elle-même.
Et ne me dites pas, Mesdames, que je ne sais pas de quoi je parle au sujet des mères monoparentales : je l’ai été dès mon sixième mois de grossesse et ma fille va avoir 15 ans en juin 2009. Donc, je suis bien placée pour me rendre compte de tout ce que j’ai dû affronter en tant que femme et mère et donc tout ce que les hommes affrontent en tant que père célibataire ! Et même si ça n’allait plus entre vous, vous avez fait vos enfants ensemble et c’est ensemble qu’il faut les élever, même séparés. Je veux juste vous faire comprendre, à travers cette chronique, que les hommes sont en difficulté quand leur fameux côté féminin n’est pas développé : ils doivent s’ajuster à une situation pour laquelle ils ne sont pas préparés. Beaucoup craquent parce qu’ils ont peur de ne pas être à la hauteur et remplissent le rôle de maman avec bien peu de savoir pour cela. Ils apprennent à l’usage, c’est en forgeant qu’on devient forgeron, mais cela peut être très souffrant. Moi, j’ai le plus profond respect pour ceux qui sont dépassés mais remplissent leur rôle du mieux qu’ils peuvent. Et je les vois pleurer dans mon bureau parce que leur instinct paternel est très développé et qu’ils essaient de toutes leurs forces de développer l’instinct maternel qu’ils n’ont pas. J’ai de l’admiration pour ceux qui s’en sortent comme ils peuvent, comme des champions ou devrais-je dire comme… des championnes !