TROU NOIR AFFECTIF : CONJONCTUREL OU AU DERNIER DEGRÉ, FUYEZ !

TROU NOIR AFFECTIF : CONJONCTUREL OU AU DERNIER DEGRÉ, FUYEZ !

 

Il y a deux catégories de Trous noirs affectifs : le conjoncturel et celui qui est atteint au dernier degré. Vous êtes maintenant habitués au vocabulaire que j’emploie, vous mes fidèles lecteurs. Donc, est-il utile de rappeler que le Desperado est celui qui sauve, qui donne tout et qui tombe immanquablement sur le Trou noir affectif, qui, lui, veut être sauvé et prend tout ? Je devrais plutôt écrire « veut être servi ». Comme vous le savez aussi, quand un Desperado tombe sur un plus Desperado que lui, il bascule dans le Trou noir affectif. Idem pour le Trou noir affectif qui tombe sur plus Trou noir que lui et qui devient Desperado : c’est ce qu’il m’est arrivé !

 

A quoi est dû ce phénomène ? Tout simplement au fait que, dans les couples en déséquilibre affectif, il y en a toujours un qui domine (pas chez les couples équilibrés !). Entendons-nous bien : quand vous gravitez entre 1 & 4 sur l’échelle de Richter de la dépendance émotive, Desperado, vous vous laisserez gentiment dominer par un plus ou moins gentil Trou noir affectif. C’est lui qui dirigera le couple, ce qui peut tout à fait vous arranger et le modus vivendi s’installe, dans un petit confort de vie. Quand vous gravitez à 5 et plus, vous tombez dans une relation maître/esclave et le mot « esclave » n’est pas galvaudé. À tel point que vous traiterez le Trou noir affectif de « pervers narcissique manipulateur » et que vous aurez tout du masochiste : personne ne vous oblige à rester entre les griffes, pas du tout resserrées, du bourreau que vous avez choisi. C’est cette foutue dépendance émotive, mon fameux syndrome de Tarzan, qui vous tient encore plus prisonnier de votre geôlier que n’importe quel pénitencier de haute sécurité : vous répondez à de mauvaises programmations qui vous poussent dans un piège dont vous ne pouvez sortir.

 

Je vais me faire l’avocat du diable, enfin, du Trou noir affectif conjoncturel et également de celui que je nomme le Trou noir affectif au dernier degré : vous comprendrez mieux à qui vous avez affaire. Peut-être même, comme moi, avez-vous été Trou noir affectif conjoncturel : dans la première partie de ma vie, je vous assure que je ne me rendais pas compte de la souffrance que j’infligeais à mes « victimes ». Je ne ressentais aucune émotion face aux hommes, si ce n’est que j’avais compris que je les dominais grâce à la séduction et au désir que je savais éveiller en eux. C’est ainsi que je mettais dans mon lit ceux qui m’attiraient sexuellement. Je ne tombais pas amoureuse, ne m’attachais pas, terrifiée par le fait de me retrouver liée d’une quelconque façon à quiconque. Ma stratégie de survie, une fois le sexe consommé, était de m’enfuir le  plus vite possible. Je butinais, au gré des rencontres, en évitant les « habitués », préférant la nouveauté : je pensais ne pas leur laisser le temps de s’attacher, mais c’était sans compter sur la névrose, le bon vieux « Je te fuis, tu me suis » : je les fuyais, ils me suivaient ! Et sans le vouloir, j’ai soumis (je ne vois pas d’autre mot) des Trous noirs affectifs qui me disaient ne jamais s’attacher et devinez sur qui ça tombait ?! Je n’en tirai aucune gloire : il fallait m’en dépêtrer ! J’inventais des mensonges plus gros que moi, des scénarios abracadabrants pour me sortir de là, au lieu de leur dire, tout simplement la vérité, ou je me volatilisais, sans autre forme de procès ! Jusqu’au jour où j’ai trouvé mon maître, au sens propre comme au figuré : Jules. Un Trou noir affectif du même niveau de névrose que moi, mais un Trou noir affectif au dernier degré… Qu’est-ce qui m’a fait basculer ?

 

Je vous mets dans le contexte : ma relation avec Jules est compliquée : il me fuit. Je ne sais pas qu’il y a déjà une autre femme « sur le coup ». Alors, je m’accroche, je m’attache et cet attachement, je le confonds avec de l’amour : je crois l’aimer ! Et le piège se referme… Nous sommes au même niveau de névrose, sauf que moi, je suis un Trou noir affectif conjoncturel… Lui, un Trou noir affectif au dernier degré… Vous ne pouvez que perdre contre ce style de Trou noir affectif. Bien sûr, chaque fois que je mettais un terme à cette relation, il revenait en courant. Qu’est-ce qu’un Trou noir affectif au dernier degré ? Quand, dans l’enfance, ni vos parents, ni qui que ce soit n’a planté en vous les graines de la résilience, vous faisant comprendre que vous avez de la valeur, si personne ne vous a aimé ou ne l’a manifesté, si vos blessures sont si profondes qu’elles ont fait des dégâts  qui vous ont déconnecté de vos émotions, vous êtes un Trou noir affectif au dernier degré. Il y a quelque chose d’irréversible. La souffrance fait tellement partie intégrante de votre vie, que vous ne la ressentez plus : entre devenir fou ou vous anesthésier, vous avez choisi l’anesthésie. Votre stratégie de survie est de prendre, coûte que coûte, à n’importe qui, tel un vampire affamé, un enfant terrifié que personne n’a éduqué et qui vole, qui ment, qui fait n’importe quoi pour être nourri. Il manque, à ces personnes-là, un logiciel, une interface, une connexion : ils n’ont qu’une obsession, se nourrir de n’importe quelle façon. Mais contrairement à ce qu’il est facile de croire, ils ne sont pas manipulateurs au sens où ils prévoient les coups à l’avance : leurs stratégies de survie, comme le chantage émotif, ne sont pas conscientes. C’est un réflexe de Pavlov : l’expérience m’enseigne que quand j’appuie sur le bouton jaune (le bouton « culpabilité », par exemple), j’ai une banane. Mon objectif, c’est la banane. Est-ce que je me demande, moi, qui pose la banane là ? Est-ce que je me demande si la personne a dû l’acheter, si elle avait assez d’argent pour ça, si elle l’a mise là pour me rendre service, si j’ai à la remercier ? Non. J’ai besoin d’une banane, j’appuie sur le bouton jaune. Et qui met la banane à ma disposition ? Le Desperado ! J’en trouve toujours un pour me donner une banane et si on ne me la donne pas, je la prends.

 

Quand vous avez peur, quand vous êtes terrifiés, êtes-vous capable de raisonner ? Non. Personne ne le peut : il faut du sang froid pour analyser une situation d’urgence et bien réagir. Trou noir affectif et Desperado (à + de 5 sur l’échelle !) sont en situation d’urgence : le premier appuie sur le bouton et il a une banane, il appuie à nouveau, une autre banane et encore et encore et le deuxième donne les bananes. Le Trou noir affectif  ne se pose aucune question : il est satisfait d’être nourri et cette satisfaction, vous l’interpréterez comme de l’amour. C’est juste la satisfaction d’être nourri, d’être rassuré. Alors vous lui redonnerez banane sur banane, attendant qu’il vous remercie pour la satisfaction que vous lui donnez par de l’attention. Il ne réagit pas, alors il n’aura plus besoin d’appuyer sur le bouton jaune, car votre grand besoin de sauver pour être aimé vous pousse à vous procurer toutes les bananes de la planète pour le nourrir avant qu’il ait réclamé : une banane = un câlin, que vous vous dites. Mais l’autre mange sa banane et … pas de câlin ou si peu. Vous aurez beau lui expliquer ce que vous attendez en échange de la banane, il ne vous écoute pas, il ne vous comprend pas : manger sa banane le rend sourd ! Et si vous lui supprimez ses bananes, vous restez sidéré quand il va s’en procurer ailleurs. Son objectif, c’est avoir sa banane, peu importe qui la lui procure : question de survie. Pas de banane = crever. Dans sa tête, si vous lui donnez sa banane, c’est normal, si vous ne la lui donnez pas, il devient votre victime. Si vous réclamez quelque chose en échange, vous êtes dépendant, névrosé, fou, déséquilibré.

 

Donc, deux catégories de Trous noirs affectifs, sachant que dans les deux cas, ils vivent dans l’instant présent, préoccupés par le besoin de banane et n’ont pas de passé, ni de futur. S’ils vous ont fait du mal par le passé ou vont vous en faire dans le futur, ils n’y pensent même pas : ils sont dans le présent et dans ce présent-là, ils veulent que vous les nourrissiez. Après tout ce que Jim (le deuxième conjoint que j’ai eu) a pu me faire vivre, lui qui est également un Trou noir affectif au dernier degré, bien pire que Jules, il a eu le culot de me demander de l’argent, il y a trois ans, alors qu’il me doit 20 000 $. Il avait besoin d’argent, par le passé, j’ai réglé toutes ses dettes, donc malgré toutes les horreurs que je l’ai laissé me faire, il est encore assez gonflé pour me demander de l’argent. Mais pour lui, il n’y a pas de passé : dans son présent, il manque d’argent, il veut une banane, il appuie sur le bouton jaune, mais Pascale est « aux Desperados absents ».  Son réflexe de Pavlov est juste : argent = Pascale va m’en donner. Bien sûr, si vous êtes Desperado, vous êtes sidéré par ce style de comportements, mais maintenant vous comprenez : le Trou noir affectif est en situation de survie permanente, compulsive et son objectif est de se nourrir, peu importe le passé ou l’avenir, peu importe les moyens, tous les coups étant permis pour atteindre son objectif.

 

1)      Le Trou noir affectif conjoncturel :

 

Comme je l’ai été, vous êtes Trou noir affectif dans la première partie de votre vie, puis un beau jour, vous tombez sur plus Trou noir affectif que vous et basculez dans le rôle du Desperado. Dans votre enfance, des membres de votre famille ou autre vous ont estimé, vous envoyant le message que vous avez une valeur. Vous êtes donc capable de vous reconnecter à vos émotions : vous vous déconnectez par stratégie de survie, mais avez le pouvoir de vous reconnecter.

 

Ou encore, Desperado tombant sur un plus Desperado que vous, vous devenez Trou noir affectif, car dans un couple déséquilibré, il en faut un qui domine : l’autre se soumet, donc vous le dominez. Vous êtes connecté à vos émotions, mais vous prenez goût au fait d’être « servi ». Ça peut également être une réaction de vengeance : ‘J’en ai assez de donner sans retour, maintenant, je vais prendre !’. Et les suivants paieront pour les précédents.

 

Souvenez-vous que dans un couple, vous pouvez alterner : je te suis, tu me fuis, je te fuis, tu me suis. Vous en avez assez de tout faire pour l’autre et vous faites un repli stratégique : il se met à vous promettre monts et merveilles et fera tout ce que vous voulez, jusqu’à ce que vous redeveniez le bon Desperado que vous étiez, puis reprendra ses habitudes : chasse le naturel, il revient au galop !

 

Donc, en résumé, c’est la situation qui fera de vous un Trou noir affectif conjoncturel : vous avez la capacité de vous connecter à vos émotions et vous réagirez selon la loi dominateur/dominé : quand l’un se soumet, vous le dominez, quand il vous domine, vous vous soumettez. Vous alternerez, suivant la personne que vous aurez en face de vous, mais toujours avec la capacité de vous connecter à vos émotions.

 

2)      Le Trou noir affectif au dernier degré

 

Ce sont des personnes très blessées dans leur enfance à ce point qu’il leur manque, comme je vous le disais au début de la chronique, un logiciel : il y a des connexions qui ne se font pas et ne se feront jamais. Ils sont totalement déconnecté de leurs émotions, n’ont aucune attention, aucun égard pour les autres, qu’ils dominent souvent en les terrifiant, ne vivent que selon le bon vieux « je, me, moi », arrachent aux autres tout ce qu’ils peuvent arracher, bien que, la plupart du temps, ils tombent sur des Desperados qui anticipent leurs moindres désirs.

 

Entreriez-vous dans la cage d’un tigre qui a faim, pour lui apporter un bon gros morceau de viande ? Non ?! Pourquoi ? Parce que le tigre ne tient pas compte de vos bonnes intentions : il a faim et vous sautera dessus, vous arrachant non seulement le quartier de viande, mais le bras ou la tête au passage. Alors, pourquoi entrer dans la vie d’un Trou noir affectif au dernier degré ? Il va vous arracher les bras, la tête et le reste, alouette ! Et en bon Desperado que vous êtes, vous essaierez de le sauver, ce qui est impossible : vous ne pourrez jamais le reconnecter, il lui manque des morceaux d’humanité. Ces morceaux sont restés dans son passé, dans ses blessures, dans ses souffrances et il a sectionné la partie qui faisait mal, comme on sectionne un membre gangréné. Ils sont totalement dépourvus de ce que j’appelle l’intelligence humaine. Exigeriez-vous d’une personne paraplégique qu’elle coure le 110 mètres/haies ? Vous ne pouvez pas plus exiger d’un Trou noir affectif au dernier degré de comprendre ce que vous revendiquez : vous parlez russe et il parle chinois, aucune chance de vous entendre. Il n’y a rien à faire, sinon VOUS sauver !

 

Cette intelligence humaine, c’est la capacité de vous connecter à l’humain et de prendre conscience de votre inconscience. Un Trou noir affectif qui tombe sur plus Trou noir peut soudain, à travers la souffrance, prendre conscience de la souffrance qu’il infligeait aux autres. Certains de mes clients sont venus vers moi en m’annonçant carrément qu’ils étaient Trous noirs affectifs et qu’ils en avaient assez de tout détruire autour d’eux : ils avaient réalisé l’ampleur des dégâts qu’ils avaient provoqués. D’autres sont venus me voir avec un statut de Desperado, mais avouant avoir été Trou noir avant la dernière relation avec un plus Trou noir qu’eux qui les a mis à genoux. Et là, ils ont réalisé les souffrances qu’ils ont infligées aux autres, traversant la même situation. Ces personnes ont en elles des valeurs qui sont restées ancrées, mais elles ne réalisaient pas, comme je ne le réalisais pas non plus, qu’elles infligeaient de grandes souffrances aux autres. Le Trou noir affectif au dernier degré ne réalise pas et ne réalisera jamais et même s’il vous dit qu’il sait qu’il a un problème (il attend encore une banane en échange !), il ne prendra jamais sa vie en main pour changer. Tous les grands dictateurs, à travers les temps, ne se connectaient qu’à leur nombril exclusivement, poussés par un grand besoin de dominer en écrasant : pourquoi auraient-ils changé ? Ils pensaient avoir le monde à leurs pieds et ce fut vrai, un temps… C’est ainsi que ma mère m’a élevée : elle me brisait pour que je lui obéisse, m’a ôté tous les outils qui pouvaient me permettre d’évoluer, car évoluer, c’est être autonome et être autonome, c’est échapper à son geôlier. Les Trous noirs affectifs font le vide autour de vous, vous rendent totalement dépendants d’eux, afin que, brisé, vous ne serviez plus qu’eux. Et quand certains d’entre eux basculent dans l’esclavage, tombant sur plus Trou noir, ils se reconnectent à la souffrance et prennent conscience de ce qu’ils ont fait subir. Ceux du dernier degré ne prendront jamais conscience de rien, car il n’y aura pas de possibilité de connexion. Ils se positionnent en victime de ceux qu’ils ne réussissent pas à contrôler : ils vivent dans la haine, dans le négatif, sont toxiques à un point qu’ils peuvent vous tuer. Leur toxicité peut déclencher toutes sortes de maladies dans leur entourage. Quand je vous dis qu’il faut vous en éloigner !

 

Il faut que vous compreniez qu’il n’y a rien à en tirer et que, à leur décharge, ils ne sont pas plus manipulateurs que le Desperado est masochiste : vous répondez tous à de mauvaises programmations que vous pouvez déprogrammer, si vous en avez la volonté, encore faut-il avoir conscience du fait que vous détruisez votre vie et celle des autres. Le Trou noir affectif au dernier degré a appris à contrôler et comme sa stratégie le nourrit, il ne veut plus, ne peut plus en changer : il n’a plus aucune place dans son « disque dur » pour y entrer de nouvelles données. Pour lui, tous les coups sont permis, il n’a aucune règle, aucune valeur d’honnêteté ou d’intégrité, juste son nombril. S’ils étaient vraiment manipulateurs, les Trous noirs affectifs, vous n’auriez aucune chance de leur échapper : Dieu merci, ils agissent par réaction, par instinct de survie, par réflexe de Pavlov, pas par manipulation. Parce que s’ils prenaient réellement conscience du pouvoir qu’ils pourraient avoir sur les autres, ils deviendraient tout puissants ! Quarante années à barboter dans mes névroses et des clients depuis 10 ans, ça m’a permis de faire des statistiques, mais il n’y a plus aucune probabilité : tenez-vous loin des Trous noirs affectifs conjoncturels ou au dernier degré !

 

 

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