Rupture : je voudrais partir, mais c’est une bonne personne !
Combien de fois j’ai entendu cette phrase « je ne peux pas partir : c’est une bonne personne, même si je ne l’aime plus ». C’est l’horreur totale : quitter quelqu’un à qui on n’a rien à reprocher, si ce n’est qu’on n’est plus attiré ! Le Trou noir affectif, dans les cas extrêmes, vous donne au moins toutes les bonnes raisons de vous sauver en courant : il est égoïste, nombriliste, radin, sans cœur et gobe tout sans rien vous rendre, quand il ne vous fait pas subir de la violence verbale ou physique. Mais le Desperado, si gentil, si dévoué, qui vous donne tout et qui reste au garde à vous, les oreilles droites, à attendre une bonne raison de vous combler, lui, devient « inquittable » : C’est bien ainsi qu’il vous tient !
Comment quitter quelqu’un qui a tout pour plaire, mais qui ne vous plaît plus ? Qui est gentil mais ne correspond plus à vos attentes (névroses ?) ? Comment lui faire comprendre et expliquer à l’entourage que vous n’êtes plus sur la même longueur d’ondes ? Une de mes clientes s’est entendue dire : « Ton conjoint ne boit pas, il a un job, il est fidèle et il ne va pas aux danseuses. Pourquoi veux-tu le quitter ?! C’est un bon gars !». Bien sûr que c’est un bon gars ou une bonne fille, il y en a des milliers des bons gars et des bonnes filles, mais devez-vous tous les épouser ?! Moi aussi, je suis quelqu’un de bien, mais à ne pas mettre entre toutes les mains ! Si c’est la dépendance affective qui vous a poussé vers une personne, il est normal qu’à un moment donné, vous ne ressentiez plus « les fameux papillons » dans le ventre : la relation s’est émoussée et l’attirance a pris la clef des champs. Vous espérez d’abord qu’elle revienne, elle est juste en vacances, mais malgré la thérapie de couple, rien n’y fait : vous aimez bien l’autre personne, mais plus assez. Et le sexe devient laborieux…
Alors la culpabilité entre en lice et vous voilà prisonnier du « qu’en dira-t-on », que va penser la famille et, surtout, « je vais passer pour le méchant ». Vous n’êtes pas coupable, vous êtes responsable : êtes-vous responsable de ne plus éprouver d’attirance, ni d’intérêt pour la personne avec laquelle vous vivez ? Etes-vous responsable de son bonheur contre vents et marées et, surtout, contre votre gré ? Vous avez utilisé tous les subterfuges, toutes les combines : penser à quelqu’un d’autre pendant la relation sexuelle, boire de l’alcool pour augmenter la libido et vous désinhiber, vous convaincre que ça va revenir mais… il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé. Vous le savez, au fond de vous, que c’est fini, mais vous êtes incapable de partir.
Vous avez une décision à prendre : demandez-vous simplement pourquoi vous êtes avec cette personne ? A quel moment la relation s’est essoufflée, pourquoi ? Vous voyez-vous finir vos jours avec lui ou elle, vieillir ensemble ? Si la réponse est non, peu importe qu’elle soit ou non une bonne personne, ça ne remet pas en question sa valeur, mais votre choix. Vous êtes incapable de faire à autrui ce que vous redoutez le plus au monde : le rejet et l’abandon. Et si c’était tout simplement du respect ? Peut-être étiez-vous faits pour être amis et non amants. Aujourd’hui, vous avez beaucoup d’affection mais la relation est devenue amicale, fraternelle, mais plus du tout sexuelle. Et quelle est la différence entre l’amour et l’amitié ? Le sexe !
Pensez-vous respecter celui ou celle que vous faites sembler de mal aimer ? Pas plus que vous ne vous respectez. Une rupture, c’est une remise en liberté de deux personnes, l’opportunité pour chacun de trouver celui ou celle qui va vraiment le combler : pour s’aimer, il faut être deux et soudain, vous ne ressentez plus rien pour l’autre. Vous ne supportez pas de lui faire de la peine, mais au-delà de ça, vous vous enterrez vivant, en simulant des sentiments évaporés. C’est sûr que la personne que vous envisagez de quitter va avoir de la peine, c’est sûr qu’elle va vous le faire savoir, vous supplier, peut-être vous le faire payer. Pourtant, vous avez deux choix :
– soit vous restez avec elle et, ne respectant ni elle, ni vous, vous vous « sacrifiez »,
– soit vous rassemblez votre courage et vous partez, regagnant votre liberté.
Qui a le droit de vous juger ? Peu importe ce que les autres pourront penser : c’est votre bonheur que vous défendez. Et c’est très courageux de mettre un terme à une relation avec une bonne personne : vous allez être la cible d’un tir croisé, car l’entourage ne va pas vous louper : vous serez le méchant, le sans cœur, ils essaieront de vous convaincre de revenir, sans tenir compte de ce qui vous ressentez. Ils ébranleront votre décision et votre volonté : ne vous laissez pas faire, résistez !
Et puis, il y a les enfants : vous voulez rester pour eux, jusqu’à ce qu’ils grandissent. C’est noble de votre part, mais combien de temps tiendrez-vous, à faire semblant ? Ce qui se produit, la plupart du temps, c’est qu’une autre personne va s’introduire dans la brèche de votre couple : vous allez rencontrer une autre femme séduisante, un autre homme envoûtant et vous serez pris entre conjoint(e) et « suppléant(e) » ! Et là, croyez-moi, vous passerez pour « l’écœurant(e) » ! Puis vous avez peur de ne pas trouver aussi gentil que la personne que vous voulez quitter : je sais ce que je laisse, mais je ne sais pas sur qui je vais tomber. Est-ce que je fais le bon choix ? Vais-je trouver une autre bonne personne que j’aimerais et qui m’aimera ? Peut-être devrais-je rester : elle/il n’est « pas si pire » ! J’ai peur de me tromper, de regretter d’être parti, peur d’être seul. Vous pouvez vous faire croire que les sentiments vont revenir, que tout sera comme avant, vous pouvez rester là à regarder le temps courir. Vous pouvez aussi décider de reprendre votre vie en main, avoir le courage de parler à votre conjoint et le respecter en vous respectant : arrêter ce simulacre de vie en commun, arrêter de faire semblant jusque dans le lit, partir pour retrouver votre liberté, pour lui rendre la sienne, pour vous donner la chance de rencontrer à nouveau les papillons, l’amour, la sexualité, que vous aviez étouffés. Quittez avant qu’il ne soit trop tard ! Pour prendre la bonne décision, je vous conseille d’aller voir un coach qui vous aidera à découvrir si votre relation est vraiment terminée, si elle était reliée à la dépendance affective, que vous pourrez rélger et vous guidera pour rompre en douceur. Travaillez votre autonomie affective afin de réembarquer dans une nouvelle relation à « vrais papillons » !
Il est temps de décrocher d’une relation qui s’est usée et de le faire pour vous, quelles que soient les réactions de la personne que vous allez quitter ou de son entourage. Le message que vous enverrez à vos enfants est qu’il ne faut pas « prostituer » sa vie, qu’il faut se respecter tout en respectant l’autre. Que si ce que vous vivez ne vous convient plus, il faut changer, vous en avez le droit. Encore une fois, faire semblant ne signifie pas respecter : cela signifie « berner » et « prostituer » sa liberté.