« VUE SUR MER avec requins et ballerines » une pièce de théâtre à voir absolument !
Hier soir, mercredi 14 octobre 2009, j’ai assisté à la première de la pièce de théâtre « Vue sur mer avec requins et ballerines », présentée par les Productions ACV Coop : je vous recommande fortement d’y aller, si vous voulez comprendre la dynamique d’un couple de névrosés ! Voyeurs indiscrets, vous assisterez à la rencontre de deux êtres profondément blessés par la vie, qui se croisent, s’entrecroisent, se décroisent dans leur intimité, lacérant l’autre à force de vouloir l’aimer.
Le jeu des acteurs, Josée-France Brunet et André Normandin (également traducteur de cette pièce américaine et metteur en scène) est d’une authenticité à vous donner des frissons : les mots et le ton sont justes, les gestes et les souffrances criants de vérité. L’humour, mais également la violence psychologique et physique, tout y est ! Josée-France et André parlent avec leurs trippes, que dis-je, ils les étalent sur la scène sans aucune pudeur, sans aucune retenue, comme s’ils l’avaient déjà vécu (?). Vous vous reconnaitrez dans certaines répliques, certaines attitudes : quelques fantômes du passé (ou du présent !) viendront vous hanter. Et c’est la spécialiste de la dépendance affective qui vous le dit ! Vous l’aurez compris, vous verrez sur scène le Trou noir affectif (celui qui prend tout sans rien donner en retour ou si peu) et le Desperado (celui qui donne tout désespérement) – je vous laisse deviner qui est qui – dans un tango passionnel où les émotions sont exacerbées, les nerfs à vif et la volonté de ne surtout pas se déchirer en se déchirant présente. Les deux répondent à leurs mauvaises programmations, qui se donnent la réplique dans une synchronicité parfaite. La névrose répond à la névrose et celui qui donne répond à celui qui prend.
« Vue sur mer avec requins et ballerines » a été créée par Don Nigro, né en Ohio et qui a écrit plus de 200 pièces. Diplômé de l’Ohio State University en anglais et de l’Iowa State University en arts dramatiques, cet auteur a reproduit avec exactitude les comportements, les mots et les gestes de deux personnes en dépendance affective, d’un niveau 8, sur l’échelle de Richter des névrosés (allant de 1 à + de 10). La tension va crescendo entre ses deux êtres que tout sépare mais que la névrose rapproche. Comment rester insensible en regardant cet homme et cette femme s’accrocher désespérément l’un à l’autre, perdus dans un océan déchaîné, sans savoir qu’une personne qui ne sait pas nager qui s’agrippe à une autre personne qui ne sait pas nager coule deux fois plus vite.
Vous comprendrez, en découvrant cette pièce, que les pervers narcissiques n’existent pas. Un pervers étant « une personne (définition du dictionnaire) qui manifeste de la perversité, cruelle, méchante », je me suis aussitôt penchée sur la définition de perversité : « Disposition active à faire le mal intentionnellement ». Comme vous le savez maintenant, je suis coach spécialisée en dépendance affective et de toute mon expérience de vie et ma carrière professionnelle, JAMAIS je n’ai croisé une personne qui « faisait le mal intentionnellement », le mal pour le mal. En revanche, je fus, Trou noir affectif dans la première partie de ma vie, et d’autres sont en situation de survie : faisant le mal pour se faire du bien. Dans mon livre, « Le syndrome de Tarzan » (Béliveau éditeur), j’explique ce qu’est l’intention positive : chaque personne, quel que soit le geste qu’elle pose, a une intention positive pour elle, qui peut nuire à l’autre. Si vous êtes au fond de l’eau et qu’il n’y a qu’une bouteille d’oxygène pour deux, deviendrez-vous un pervers narcissique en vous battant pour arracher la bouteille à l’autre ou simplement une personne en situation de survie ?
C’est cette dynamique que la pièce, mieux que tous les livres ou toutes les conférences vous fera découvrir : du « direct live », battant tous les misérables reality shows dont la télévision vous inonde pour nourrir votre voyeurisme : s’il vous faut le nourrir, nourrissez-le bien en allant voir cette pièce !
Du 13 au 18 octobre 2009 à l’Espace Geordie – 4001 Berri- Montréal – du mardi au vendredi à 20h et samedi et dimanche 14h et 20h – Réservation : 514 790 1245 ou sur le site www.productionsacv.coop