La préparation pour le voyage: La Vie Intérieure suite…..

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Amis, nous sommes tous en voyage, la vie est elle-même un voyage. Nul n’est ici-bas pour toujours, nous sommes tous en route; il est donc faux de dire que, pour entreprendre un voyage spirituel, il faille rompre la stabilité de la vie. La vie n’est stable pour personne, ici-bas; nous sommes tous en mouvement, nous sommes tous en marche. Quand nous prenons le sentier spirituel, nous changeons simplement de route, nous prenons un chemin plus facile, meilleur et plus agréable; ceux qui ne le prennent pas arriveront aussi à la fin; la différence est dans la route que nous suivons. L’une est plus aisée, meilleure, l’autre est pleine d’obstacles. Puisque, à partir du moment où nous avons ouvert les yeux sur cette terre, les difficultés que la vie nous apporte sont illimitées, autant choisir le chemin le plus facile pour atteindre la destination à laquelle toutes les âmes arriveront une fois ou l’autre.

Par « Vie Intérieure », on entend une vie dirigée vers la Perfection, la Perfection d’Amour, d’Harmonie et de Beauté; dans le langage de l’orthodoxe, vers Dieu.

Il n’est pas nécessaire que la Vie Intérieure suive une direction opposée à celle de la vie terrestre, mais elle est plus complète. La vie terrestre est, par définition, une vie limitée; par vie intérieure, on entend la vie dans son intégralité. Les ascètes qui ont pris une direction tout à fait opposée à celle de la vie du monde, l’ont fait afin de pouvoir sonder la profondeur de la vie, mais cette vie orientée dans une seule direction n’est pas complète. C’est pourquoi la vie intérieure signifie la plénitude de la vie.

En résumé, on peut dire que la vie intérieure comprend deux mouvements: l’action avec connaissance, et le repos avec passivité de l’esprit. Par l’exécution de ces deux mouvements contraires, en gardant l’équilibre entre ces deux directions, on arrive à la plénitude de la vie. Celui dont la vie est la vie intérieure est aussi innocent qu’un enfant; plus innocent même qu’un enfant, et il est en même temps plus sage que beaucoup de gens savants mis ensemble prouvant ainsi qu’il accomplit son évolution dans deux directions contraires. L’innocence de Jésus est connue de tout temps. Chacun de ses mouvements, chacun de ses actes, révélait l’enfant. Tous les grands saints et les sages, les Grands qui ont libéré l’humanité ont été aussi innocents que des enfants, et, en même temps, plus sages, infiniment plus, que les sages de ce monde. D’où cela vient-il? Qu’est ce qui leur donne cet équilibre? Le repos dans la passivité. Quand ils sont en présence de Dieu leur cœur est comme une coupe vide; quand ils se tiennent devant Dieu pour apprendre, ils désapprennent tout ce qu’ils ont appris du monde; quand ils se tiennent devant Dieu, leur moi, leur vie n’est plus devant eux. En cet instant ils ne pensent pas à eux-mêmes avec un désir à satisfaire, un but à remplir, avec quelque chose d’eux-mêmes à exprimer, ils sont tels une coupe vide afin que Dieu la remplisse, et qu’ils perdent leur faux moi.

Cette même attitude les aide à apporter, dans la vie de tous les jours, un paisible reflet du moment de repos, qu’ils ont eu avec Dieu. Dans la vie quotidienne ils font preuve d’innocence, non pas d’ignorance; ils savent, et ne savent pas. Ils savent si quelqu’un dit un mensonge, mais l’accusent-ils, en disant:  » vous mentez « ? Ils sont au-dessus de cela. Ils connaissent toutes les comédies du monde, et les regardent impassiblement; ils s’élèvent au-dessus des choses de ce monde qui ne les impressionnent plus. Ils prennent les gens très simplement. Certains peuvent penser qu’ils ignorent tout de la vie terrestre, qu’ils ne remarquent pas les choses qui sont sans importance. L’Activité avec la sagesse les rend plus sages, car dans ce monde tous ne se laissent pas guider par la sagesse en accomplissant tous leurs actes. Les uns, et ils sont nombreux, ne consultent jamais la sagesse dans leur action; d’autres cherchent un refuge sous la protection de la sagesse, après avoir agi et, bien souvent, il est alors trop tard. Mais ceux dont la vie est la vie intérieure conduisent leurs actions avec sagesse: ils prévoient, ils étudient et préparent chaque moment, chacune de leurs actions, ils examinent, pèsent, mesurent et analysent chaque pensée avant de l’exprimer, chaque mot avant de le prononcer. C’est ainsi que, dans le monde, ils font toutes choses avec sagesse; mais ils se présentent devant Dieu avec innocence, là ils ne prennent pas avec eux la sagesse dont ils usent parmi les hommes.

Soit sur l’une, soit sur l’autre de ces deux voies, l’homme commet souvent des erreurs, de sorte qu’il manque d’équilibre et n’arrive pas à atteindre la perfection. Par exemple, si la route qu’il choisit pour aller à Dieu est celle de l’activité, il voudra y faire usage aussi de sa propre sagesse, ou il voudra être actif quand ce n’est pas le moment. Il en est exactement comme de nager contre le courant; c’est une très grande erreur de faire montre de sagesse alors qu’on devrait être innocent. D’autres ont coutume de prendre comme règle l’attitude passive quand ils se tiennent devant Dieu dans leur innocence, et ils veulent observer cette même règle dans toutes les circonstances de la vie, et c’est une erreur.