Pendant plus de mille ans, les matins au cœur de Bali ont porté une belle vision inspiratrice que sont les rizières en terrasse de l’ile. Cependant, la tradition agricole de Bali est tellement exceptionnelle – un système complexe qui comporte la technologie d’irrigation, l’organisation sociale et les pratiques spirituelles, – il vient d’être ajouté sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en tant que manifestation de la philosophie balinaise du Tri Hita Karana. C’est une philosophie fondamentale qui cherche à créer et maintenir l’équilibre dans la vie en appuyant les bonnes relations entre les hommes et Dieu, entre les hommes eux-mêmes, et entre les hommes et l’environnement naturel.
Dans le village de Jatiluwih sur les pentes du mont Batukaru au centre de Bali, la technique agricole est très bien préservée et presque inchangée pendant plus d’une dizaine de siècles. Les cultivateurs du riz dont les rizières sont alimentées par la même source d’eau se regroupent dans une communauté agricole qui s’appelle « Subak ». Chaque communauté s’occupe de quelques dizaines d’hectares de rizières et quelques centaines de personnes. Une source d’eau fiable est essentielle pour la culture humide du riz. Les membres cultivateurs se réunissent une fois par mois pour discuter des questions liées à l’irrigation – comment l’eau est à partager de manière égale parmi les rizières, et si les canaux sont abimés, comment les réparer, quand on commence à les réparer… L’organisation régulière des rituels et cérémonies dédiés à obtenir la faveur de la déesse du riz, Dewi Sri est aussi liée au bon fonctionnement du système. Donc, le système de subak s’occupe de l’ensemble des pratiques agricoles démocratiques et égalitaires qui ont permis aux habitants de Bali d’être les plus efficaces producteurs du riz de tout l’archipel. Grace à ce système également, Bali a exposé un paysage naturel aux fortes valeurs culturelles et religieuses et possède l’unique système d’irrigation traditionnelle de toute l’Asie depuis XIe siècle.
La société balinaise est majoritairement hindouiste avec tant de croyances mélangées des éléments animistes. La croyance est orientée pas uniquement à ce qui est visible et touchable mais aussi à ce qui est invisible mais appréciable. Donc, l’organisation des rituels vis-à-vis à la culture du riz a pour but d’éviter des catastrophes – afin que la récolte soit belle, la culture du riz ne soit pas attaquée par des mauvais insectes de parasites.
Le subak a été choisi en 2007 par le gouvernement indonésien pour la liste du patrimoine mondiale, et ensuite inscrit officiellement sur la liste lors de la 36ème session du Comité du Patrimoine Mondiale de l’UNESCO. Cette décision a été soutenue par la Malaisie, l’Inde, la Suisse, le Mexique, le Cambodge, l’Allemagne et le Japon, car ce système permet de préserver l’environnement et de respecter les principes du développement durable. Elle implique également que Bali mérite une aide financière et des conseils d’experts de l’UNESCO. Comme il a été souligné par un expert en agriculture d’origine balinais que la tradition de subak continuait depuis très longtemps puisqu’elle est très efficace au niveau de la production du riz. « Chaque membre a même intérêt à obtenir de l’eau parce que tout le monde a besoin de l’eau. De même, chaque membre a également le même centre d’intérêt pour le temple auquel les rituels et d’autres activités spirituelles sont attachées. Donc, le subak est tellement fort en raison de la base physique (eau) et la base spirituelle (temple) ». Effectivement, avec un labelle d’UNESCO, l’image de Bali ainsi que du Subak devient plus prisé, et on espère que cette nomination encourage les autorités locales pour aider les cultivateurs à l’entretient du Subak afin d’attirer de plus en plus de visiteurs se rendant à Bali pour voir ce patrimoine unique du monde.