SORTIR DE VOTRE ZONE DE CONFORT ? JAMAIS !
(Extrait du livre « La jungle des comportements humains » (Béliveau éditeur) par Pascale Piquet (publié en mai 2019)
Encore un concept qui risque d’être mal interprété et nécessite quelques éclaircissements. Pour commencer, votre zone de confort doit être interne : la confiance que vous placez en vous. Cette confiance ne doit en aucun cas fluctuer selon ce qui se produit à l’extérieur, c’est-à-dire, si on vous fait des compliments, elle grimpe en flèche et si on vous critique, elle chute lamentablement. Vous ne pouvez pas vous permettre d’avoir une confiance qui fluctue telles des montagnes russes vertigineuses, traduisant une totale instabilité émotionnelle qui vous épuise et peut vous tuer… Quoi qu’il puisse arriver, votre confiance en vous doit rester stable et bien ancrée à l’intérieur, ce qui vous permet d’aller à l’aventure et découvrir de nouveaux horizons en sortant de votre routine. Sûr de vous, faire de nouvelles expériences vous attire et c’est enrichissant !
Si, à l’inverse, vous êtes « mort de trouille » à l’intérieur et que l’on vous pousse à sortir de votre zone de confort (routine), que pensez-vous qu’il puisse se passer ? Le remède sera pire que le mal. Allons dans les extrêmes pour bien vous faire comprendre ma position : si l’idée de toucher un serpent vous terrifie et que l’on vous pousse à en caresser un pour sortir de votre zone de confort, le ferez-vous ? Et si, par le plus grand des hasards, rassemblant tout votre courage, vous y consentiez, quel bienfait tireriez-vous de cette expérience à part la sensation rugueuse et froide de ce que vous imaginiez ? Je le sais, car ma fille en avait un et je devais parfois m’en occuper : sachez qu’il faut le sortir du vivarium pour lui donner à manger dans un espace différent de son habitat. Vous frissonnez ?! Je le faisais parce que je n’ai pas peur des serpents. D’ailleurs, personne d’autre n’acceptait de s’en occuper.
La condition sine qua non pour sortir grandi d’une telle expérience, c’est d’en avoir la volonté et le désir, même si ça vous effraie de prime abord. Par exemple, vous rêvez de sauter en parachute et même si ça vous impressionne (se jeter dans le vide est à l’encontre de notre instinct de survie), vous le faites quand même : vous serez tellement fier que ça augmentera votre confiance. Si sauter en parachute vous terrifie, mais que vous vous y contraignez, vous aurez une peur bleue et vous hurlerez tout le long de la descente : êtes-vous certain que ça vous apportera quelque chose à part être en choc post-traumatique ?
Demandez-vous pourquoi vous allez à un entretien d’embauche bien habillé, pourquoi les athlètes sont équipés de matériel hyper sophistiqué, pourquoi les fabricants de voiture cherchent à nous mettre dans le plus de confort possible ? Le maximum de confort va promouvoir votre capacité à vous surpasser. Dormons-nous sur des lits à clous ? Personnellement, quand je travaille sur mon ordinateur (comme en ce moment !), je suis assise sur un ballon qui me permet de me muscler pendant que je travaille, mais aussi bien plus moelleux pour les fesses que n’importe quel siège. Cependant, si je suis fatiguée, j’ai également un magnifique siège de bureau que mes amis m’ont offert pour mon anniversaire : on dirait un fauteuil de vaisseau spatial ! L’ergonomie nous incite à améliorer les conditions de travail des employés afin qu’ils plus productifs. La première classe, dans les avions, offre un meilleur confort que la classe économique. Et que dire des hôpitaux publics vs les cliniques privées. Nous cherchons tous le meilleur confort de vie et c’est une bonne chose. C’est ce confort qui nous permet d’aller plus loin, plus haut pour se dépasser, se surpasser en sortant volontaire de notre routine grâce à la curiosité et la confiance.
Quant à la routine, c’est encore un sujet décrié : ne sortez de votre routine que si vous en avez envie et uniquement si c’est pertinent. Vous avez peut-être besoin de faire toujours la même chose dans votre vie professionnelle parce que vous y trouvez votre confort, quand d’autres auront besoin de nouveaux défis permanents. Nous ne sommes pas tous pareils ! Il faut de tout pour faire un monde et il faut surtout vous respecter. Nous avons des routines parfaitement huilées qui sont propices à notre développement et il est bon de les conserver. Il faut juste sortir de celles qui nous enferment dans l’étroitesse d’esprit.
Sortir de votre zone de confort signifie vous extraire d’une routine ennuyeuse (vs la routine parfaitement huilée et bénéfique) pour découvrir de nouveaux horizons, à partir du moment où ça vous attire et que votre confiance vous en permet l’exploration. Dans le cas contraire, elle s’effilochera, car votre cerveau retiendra la mauvaise expérience et cela jouera contre votre camp. Alors, toujours envie de sortir de votre zone de confort ou plutôt d’une routine qui vous contraint ?
Il ne faut pas « sortir de votre zone de confort », il faut l’élargir.
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