La visite de François Hollande à Kinshasa, pour le sommet de la francophonie, a illustré parfaitement l’ambiguïté des rapports entre la France et l’Afrique. L’occasion pour le businessman Jean-Yves Ollivier de revenir sur les dérives de la Françafrique.
Depuis la fin de la colonisation, le système de la Françafrique, qui mêle affairisme et réseaux politique, s’est mis en place entre certains Français et les milieux économiques africains. Ils ont conduit à un éloignement affectif progressif entre la France et ses anciennes colonies. Un éloignement d’autant plus dommageable que l’économie africaine, avec une croissance de 4,5% représente une véritable opportunité pour les investisseurs français.
Dans une tribune publiée sur Atlantico, Jean-Yves Ollivier revient sur ce système. Pour cet homme d’affaires qui a fait l’essentiel de sa carrière en Afrique, la Françafrique est « une nébuleuse constituée d’une poignée d’individus qui s’arrogent le droit de parler au nom de la France (alors que, bien souvent, ils ne sont que les émissaires d’eux-mêmes) et qui rencontrent des interlocuteurs africains dans le but de court-circuiter les relations d’État à État traditionnelles… avec, hélas, fréquemment des arrière-pensées pécuniaires n’ayant rien à voir avec les relations franco-africaines ».
Jean-Yves Ollivier dresse également le portrait des acteurs de cette Françafrique qui « vendent leur influence et mènent un jeu de dupes sur deux tableaux, en Afrique et en France », alors qu’ils « ne sont justement pas, pour la plupart d’entre eux, des hommes d’affaires. Simples commissionnaires (réels ou inventés), ils ne contribuent pas au développement économique de l’Afrique mais bénéficient en réalité de leurs médiations pour gagner de l’argent facile. »
Un système perverti qui a causé, selon Jean-Yves Ollivier, l’éloignement entre la France et l’Afrique. « Si la France est en train de perdre pied en Afrique, l’image désastreuse de la « Françafrique » n’y est pas étrangère », explique-t-il.
Comment alors redéfinir les liens entre notre pays et ce Continent dont les liens historique et culturels sont toujours aussi profonds ?
« Face à une Afrique pleine de promesses économiques, la France a plus que jamais besoin de retisser des liens sur le continent », nous convainc Jean-Yves Ollivier, avant de préciser quelques pistes pour renouer avec nos partenaires africains : il faut se débarrasser de l’image de la Françafrique en désavouant publiquement ses membres, il faut relancer les investissements concrets via des « médiations informelles qui conviennent au contexte africain » et il faut que les investisseurs français s’ouvrent « davantage aux régions situées en dehors de son « pré carré » colonial où elle pourra nouer des relations plus saines et apaisées ».