Matière à réflexion
La grande importance que les jeunes accordent à la conciliation travail-famille nuit au développement de l’entrepreneuriat, estime Jean Coutu.
« Il y a des choses qui sont fondamentales. Et je suis sincère quand je dis ça : pour être un entrepreneur, il ne faut pas que la vie soit trop facile », a lancé le fondateur de la chaîne de pharmacies qui porte son nom en marge d’un événement organisé par le cabinet comptable RSM Richter Chamberland.
« Quand on est gâtés, on ne peut pas être un entrepreneur, avait-il dit plus tôt devant la centaine de participants réunis. […] Un entrepreneur n’est jamais satisfait de ce qu’il fait. Il est fier, mais il n’est pas satisfait. »
Trop souvent, a déploré M. Coutu, les jeunes s’attendent à ce que leur diplôme leur donne droit rapidement à une bonne qualité de vie sans avoir à trop travailler.
« Il va falloir que ça soit enseigné dans les cours […], que ça soit imprégné dans l’esprit des garçons et des filles : comme d’autres professions, la pharmacie [la restauration] n’est pas là pour les faire vivre. Ce sont eux qui sont là pour donner à la société les services qu’eux seuls peuvent donner. »
Les pharmaciens se réjouissent des pouvoirs additionnels que le gouvernement s’apprête à leur confier, a noté l’homme de 84 ans. Or, a-t-il relevé, beaucoup de jeunes pharmaciens [de jeunes cuisiniers et restaurateurs] refusent de travailler les soirs et les fins de semaine, périodes pendant lesquelles la demande pour leurs services est pourtant importante.
« Il ne faut pas dire aux gens ’’ vous viendrez me voir quand je suis là ’’ ! Il faut dire aux gens ’’ je serai là quand vous aurez besoin de moi ’’. »
Pour Jean Coutu, il y a clairement un clivage générationnel.
« [Les jeunes] veulent avoir la qualité de vie avant de l’avoir méritée », a-t-il tranché, avant d’ajouter, presque cinglant : « Aujourd’hui, il y a tellement de possibilités de ne pas travailler et d’être rémunéré quand même… Je pense que ça rend la vie un peu trop facile. »
C’est sans compter que les Québécois ont tendance à « quémander » des services à l’État, ce qui ne favorise pas l’éclosion d’entrepreneurs, a-t-il ajouté.
M. Coutu a assuré que pour réussir, un entrepreneur n’a pas besoin de devenir un bourreau de travail, même si lui-même l’a été par moments. À ses yeux, un bon entrepreneur doit être muni de deux personnalités fortes, mais autonomes : une au travail et l’autre dans sa vie familiale.
« Il ne faut pas devenir un esclave du travail, a-t-il affirmé. Quand on travaille, il faut donner une mesure extraordinaire, mais on reste quand même des êtres humains. Il faut savoir se freiner pour reprendre son souffle. »
Interrogé sur le rôle du gouvernement dans le développement de l’entrepreneuriat, M. Coutu a d’abord lancé, un peu en boutade : « le moins qu’il y en a, le mieux c’est », suscitant les applaudissements de la foule. Il a aussitôt reconnu qu’il avait « exagéré un peu ».
« Le gouvernement se doit de nous donner un espace [pour faire des affaires], mais il ne faut jamais laisser le gouvernement meubler cet espace-là », a-t-il précisé.
Restaurateurs, restauratrices, futurs restaurateurs et futures restauratrices, qu’en pensez-vous ?
Source :
P.-S.
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