QUI SONT LES DÉPENDANTS AFFECTIFS ?

QUI SONT LES DÉPENDANTS AFFECTIFS ?

Je suis sidérée de constater que vous préfèreriez avouer que vous avez le sida, plutôt qu’un problème de dépendance affective. Ce n’est pas une maladie, c’est un  manque de confiance et d’estime, dont 98 % de la population est frappé, sur une échelle de 1 à + de 10 ! Quelle honte y aurait-il à avoir eu des parents défaillants ? Vous n’êtes pas responsable de vos mauvaises programmations, infligées depuis votre conception jusqu’à aujourd’hui, par les gens qui vous ont (mal) encadré et les événements malheureux qui vous sont arrivés, vous donnant une mauvaise perception des relations affectives et de vous-même. Il faudrait peut-être cesser de vous servir de ces termes « dépendant affectif » comme d’une insulte et également comprendre qui est dépendant et qui ne l’est pas. Vous l’êtes peut-être, mais vous ne le savez pas… Ou celui ou celle qui vous insulte l’est aussi. Oh, mon Dieu, quelle horreur ! Rassurez-vous, ça se « répare » très bien et ce n’est ni une honte, ni une maladie, simplement un trouble du comportement, un déséquilibre que vous pouvez régler rapidement. Mais qui sont les dépendants affectifs ?

Un de mes clients, Philippe, que je salue au passage, m’exprima que les « dépendants affectifs » sont mal perçus, jugés et condamnés sans autre forme de procès. Il a raison : dans l’esprit de nombreuses personnes (qui en sont certainement atteintes !), c’est pire qu’une maladie sexuellement transmissible. Je ne peux m’empêcher de sourire quand j’entends quelqu’un critiquer son voisin parce que sa femme le trompe et qu’il la garde quand même ou quand une femme reste avec un conjoint violent : ce même quelqu’un, lui, elle, est peut-être célibataire, mais incapable de s’engager, mort de trouille de souffrir, boit comme un trou ou se drogue, joue ou « baise » tout ce qui bouge, incapable de rester une semaine sans relation sexuelle ou encore développe toute autre compulsion (Sites pornos ? Achats compulsifs ? Nourriture ?) plus ou moins avouable… Bref, tout le monde est dans le même bain ! Vous barbotez en pleine dépendance affective. Ça n’a rien à voir avec votre situation familiale : en couple ou célibataire, vous pouvez être affecté par ce déséquilibre.

La carence dans l’enfance qui provoque ces souffrances vous conduit à un manque de confiance et d’estime, en couple ou pas. Célibataire, vous souffrez de dépendance affective et peut-être  de dépendance émotive, en couple vous souffrez de dépendance affective et de dépendance émotive. La dépendance émotive, c’est être émotivement dépendant d’un autre être humain ou de  plusieurs et pas uniquement d’un conjoint. Donc, par manque de confiance et d’estime, vous pouvez décider de rester seul (par peur de souffrir) et tomber dans toutes sortes de compulsions ou être en couple et également tomber dans toutes sortes de compulsion dont celle à votre partenaire de vie qui vous fait souffrir, incapable de vous en détacher. Le plus drôle, c’est que ceux qui se moquent des personnes qui ne réussissent pas à s’extraire d’une relation toxique sont souvent émotivement dépendants des autres à travers  la peur du jugement et la critique. Avouez que vous n’aviez pas pensé à ça ! Même célibataire, si vous êtes terrifié par ce que les autres pensent ou disent de vous, vous voilà émotivement dépendant. Ou si vous avez besoin de vos amis, de vos parents, de vos enfants, incapables de vous passer de leur présence,  vous démenant pour que tout le monde vous aime, devinez ce qui vous frappe ? Vous comprenez qu’il ne faut pas résumer la dépendance affective aux couples qui ne fonctionnent pas. Elle rassemble tous ceux qui manquent de confiance et d’estime et qui vivent des difficultés plus ou moins prononcées.

Entre 1 & 4 sur l’échelle de Richter de la dépendance affective et émotive, vous pouvez vivre une vie paisible, dérapant de temps en temps dans une compulsion ou acceptant quelques brimades de la part des autres, brimades qu’une personne qui se respecte n’accepterait pas. Mais ce n’est pas si souffrant que ça. Un peu timide dans certaines circonstances, un peu fragile ou pas trop sûr de vous, anxieux parfois, votre vie se déroule dans de « moins pires » conditions que ceux qui sont à 5 et plus… Ceux-là ont une ou plusieurs compulsions envahissantes, la souffrance est leur compagne de vie, célibataire ou non. Et ce problème frappe sans distinction de sexe, de couleur de peau ou de religion. Ce n’est pas non plus une question d’intelligence, puisque ce déséquilibre brouille le radar des plus grands génies… Ma clientèle en dépendance affective et émotive est constituée autant d’étudiants qui allument très tôt sur ce qui les fait souffrir (je les félicite au passage !), que de monsieur et madame tout le monde, de millionnaires et de stars. Quand les chanteurs se suicident, les acteurs meurent d’overdose ou maigrissent et grossissent à vue d’œil, pensez-vous qu’ils soient heureux ? L’argent ne fait pas le bonheur, la renommée, la beauté et la gloire non plus. Et ça n’achète pas la confiance pour autant : vous pouvez être « top » dans votre vie professionelle et totalement démuni dans votre vie privée.

C’est l’équilibre qui fait le bonheur : savoir où sont les pièges, les éviter et régler les blessures du passé que vous traînez dans votre brouette et qui l’allourdissent, jusqu’à finir à genoux… Sortir de là est à la portée de n’importe quelle personne déterminée. Et être frappé de dépendance affective et émotive ne fait pas de vous une mauvaise personne : vous êtes simplement une personne mal programmée, partie avec les mauvaises cartes dans la vie. Mais ces cartes, on peut les redistribuer, pour vous donner le poker d’as que vous méritez. Bien sûr, plus vous souffrez, plus vous risquez de devenir infréquentable, parce que la douleur rend impatient et agressif : elle vous pousse dans toutes sortes de mauvais comportements. Vous pouvez également piétiner les valeurs qu’on vous aura inculquées : quand je buvais, je mentais. Quand je sautais sur les p’tits jeunes par compulsion, pour retrouver ma féminité en les séduisant, c’est mon corps que je prostituais, en plus de mes valeurs. Tout cela ne faisait pas de moi une mauvaise personne, même dans la partie de ma vie où j’étais Trou noir affectif. Certes, j’ai broyé quelques hommes et petits poulets de grain (dans ma période cougar), mais je n’en avais pas conscience. Ça ne faisait toujours pas de moi une mauvaise personne. Autant celui qui prend que celui qui donne, vous êtes affecté du même problème et personne n’est mauvais, mais tout le monde est mal programmé.

Si vous n’êtes pas responsable de vos mauvaises programmations, vous êtes, en revanche, responsable de les déprogrammer quand elles vous font souffrir ou font souffrir les autres. Les personnes vivant ce déséquilibre affectif sont souvent inconscientes de leur inconscience, comme je le fus jusqu’à l’âge de 40 ans : jusqu’à ce que la souffrance me mette physiquement à genoux et que j’aie la certitude que j’étais en train de « crever ». Maintenant, pourquoi certains allument et d’autres pas, ça ferait l’objet d’un livre plus que d’une chronique, j’en aurais long à dire. Mais si vous lisez cet article, c’est que vous avez allumé et que vous êtes une bonne personne, peut-être mal programmée…

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Pascale Piquet

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Dépendance affective et dépendance amoureuse…
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VIE PROFESSIONNELLE

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