QUAND LA MÈRE EST EN COMPÉTITION AVEC SA FILLE
Dans mon bureau, j’ai entendu toutes sortes de cruautés de mères envers leurs filles. Quand la compétition s’installe, pas de quartier ! Est-ce vraiment normal qu’il existe une rivalité mère/fille ? Doivent-elles être en compétition ? Qu’est-ce qui les pousse à s’affronter, alors qu’elles devraient s’aimer ?
Souvenez-vous : les parents sont souvent des enfants qui élèvent des enfants. Quand une mère a pris l’habitude de séduire les hommes, par mécanisme de survie, elle n’accepte pas de voir sa fille la menacer sur son propre territoire. D’autant moins quand le conjoint n’est pas le père : le manque de confiance et d’estime et ce mécanisme de survie qu’est la séduction vont conduire une femme à jalouser sa propre progéniture. Elle a entre 40 et 50 ans et voit pousser sous son nez, et surtout sous celui de son compagnon, une belle plante de 16 à 20 ans au visage bien lisse, aux formes aguichantes, à la peau ferme et fraîche. La mère, se voyant « décrépir », n’accepte pas cette fausse concurrence et fera tout pour dénigrer sa rivale, en lui faisant remarquer ses défauts, en la traitant de prostituée (utilisant des mots moins édulcorés !) dès qu’elle portera un peu de maquillage ou une tenue moulante, pas forcément sexy. La jalousie d’une mère vis-à-vis de sa fille n’est pas une attitude normale : ne jouant pas dans la même tranche d’âge, une femme mûre ne devrait pas craindre une petite jeunette, à moins qu’elle ait choisi un conjoint ayant un penchant pour les plus jeunes ou à moins qu’elle manque tellement de confiance et d’estime, qu’elle imagine que sa fille essaie de séduire son mec. Bref, tout cela relève de la névrose.
Ces mères fonceront sur leurs filles à la moindre occasion, tel un aigle sur une proie, pour les défigurer au sens propre comme au sens figuré. Leur stratégie inconsciente sera de dénigrer leur rivale le plus souvent possible, afin de lui renvoyer une image sale et laide : combien de mes clientes ont « acheté » cette laideur programmée ! Pourtant belles femmes, elles ont fini par croire à leur incapacité à attirer un homme, à leur imbécillité, à leur manque d’attrait. Bien que jolies et intelligentes, comment le croire quand vous entendez, à longueur de journée, la même phrase qui défigure la confiance et l’estime « Aucun homme ne voudra jamais de toi, tu es bien trop laide et stupide », « Tu t’habilles comme une p… , tu me fais honte ! », « Tu n’as aucun goût pour t’habiller, on dirait un épouvantail à moineaux ! », « Tu ne sais même pas te maquiller, va te débarbouiller ! », « Tu t’habilles comme ça pour séduire ton beau-père, c’est ça ?! », « Tu es trop grosse », « Jamais tu ne te marieras », « Cache tes seins, ça excite les hommes », « Tu as encore grossi ! », « Tu es vraiment trop maigre, tu n’auras jamais de petit copain », « Quel gars voudrait de toi : Un attardé mental ?! » et j’en passe. Ces agressions répétées plusieurs fois par jour toute votre enfance et voilà vos croyances qui refusent de voir ce que le miroir vous renvoie.
Évidemment, ces mères n’achètent pas de vêtements pour leurs filles ou très peu : elles iront jusqu’à dépenser leur argent pour de belles tenues, de beaux manteaux et de belles chaussures, pendant que leur fille portera de vieilles affaires. Elles les obligeront à ne pas se maquiller, les terniront à souhait. Car il faut saboter l’extérieur autant que l’intérieur. Pas question que quoi que ce soit n’attire l’attention du conjoint ou des amants de passage, pas plus que des inconnus dans la rue. Imaginez donc qu’elles se font également appeler par leur prénom : pas question non plus de les appeler « maman », tant leur souhait de passer pour la grande sœur est présent. Vous qui avez eu une bonne mère, vous pensez certainement que j’exagère… Eh bien, non : comprenez que ce qui vous dresse les cheveux dans ce que vous lisez en fait pleurer d’autres qui se reconnaissent.
Jusqu’où une mère peut aller pour neutraliser sa rivale ? Jusqu’à la laisser vers l’âge de 16 ans, dans un appartement, seule, afin qu’elle ne vive pas sous le même toit que son compagnon et elle. La dépendance émotive a éliminé de la vie des mères, bien des filles ‘menaçantes’ : pour garder ce nouveau compagnon à tout prix, elles se sont débarrassées de leur gamine. Encore une fois, si le conjoint louche sur la jeunette, on s’entend qu’il a un problème ? Un homme de 40 ou 50 ans, équilibré, heureux avec sa femme, n’est pas porté à être attiré par une jeune de 16 ou 20 ans. Mais ces mères qui ont appris à séduire pour attirer un mâle et le garder pensent que leur fille fonctionne sur le même registre. Étant plus jeune, plus fraîche, plus mince ou ayant un décolleté plus pigeonnant, elles y voient tous les attraits qu’elles sont en train de perdre et qu’elles mettent elles-mêmes en avant : mais en version 40 ans et plus. Soyons clairs : quand il y a rivalité, il n’y a pas d’amour là-dedans. Ça pue la névrose à plein nez !
J’ai eu mes heures de (stupide !) gloire, quand la séduction était mon mécanisme de survie. Aujourd’hui, équilibrée, je regarde pousser ma fille, Cassandre, belle jeune fille dont je suis extrêmement fière. Mon objectif ? Qu’elle soit plus intelligente et plus belle que sa mère ! Nous sommes là pour leur donner encore plus d’outils pour surfer la vie que nous en avons reçus. Nous sommes là pour que nos filles soient tellement plus que nous, à tous les niveaux. Nous sommes là pour les lancer dans la vie, afin qu’elles s’élancent de bien plus haut que nous, pour les aider à se construire avec de bien meilleurs matériaux que ceux qu’on nous a refilés. Pas pour vivre une rivalité qui n’existe que chez les femmes en déséquilibre affectif. Aimer sa fille, c’est vouloir le meilleur pour elle et non se sentir en compétition. Vous ne ‘jouez’ pas dans la même catégorie ! Pourquoi ne seriez-vous pas une belle femme de 50 ans, accompagnée d’une belle jeune fille de 16 ou 25 ans ? Le titre de ‘maman’ est tellement beau à porter, beau à entendre prononcer. Mais ce n’est pas juste un titre, c’est une fonction !
Si vous vous sentez en rivalité avec votre propre fille, si vous en êtes jalouse, si vous enviez sa jeunesse et son corps ferme et galbé, réveillez-vous ! Vous risquez de détruire votre enfant ou lieu de la construire. Les propos sont parfois moins frappants que ceux que je vous ai rapportés : c’est parfois plus insidieux. Souvenez-vous que chaque parole que vous prononcez à son égard doit la porter et non la rabaisser. Je sais que c’est plus fort que vous, je connais les enjeux dans un coin de votre tête, mais vous vous trompez de débat : développez votre confiance et votre estime au lieu d’enfoncer votre fille. En vitriolant son image, chaque jour, c’est sa vie que vous détruisez tranquillement. Reconstruire la représentation qu’elle a d’elle-même, après que vous l’ayez abondamment sabotée, est un travail qui se fait, mais cette façon de la maltraiter ne vous rendra ni votre jeunesse, ni votre confiance, ni votre beauté passée. Quant au nigaud qui vit avec vous et qui louche sur elle, c’est bien dommage qu’entre la chair de votre chair et le sang de votre sang, vous choisissiez ce névrosé !
Je sais également que l’inverse se produit : certaines jeunes filles ont la dent dure avec leur mère, jetant un regard méprisant sur leurs formes trop arrondies, sur le fait qu’elles se négligent, parfois parce qu’elles sont tombées dans l’alcool ou autre dépendance. Parfois une fille peut avoir honte de sa mère pour toutes sortes de raisons et elle en lui fera pas de cadeaux non plus. On peut craindre que ce soit la mère qui génère ce mépris, à cause de la façon dont elle aura élevé sa fille et dans d’autres cas, elle n’en sera pas responsable. Mais élever sa progéniture comme une princesse gâtée ou comme une Cendrillon peut avoir de terribles répercussions : encensée ou écrasée, elle peut se révolter et là, pas de quartier ! Souvenez-vous que vous méprisez ceux que vous dominez : mère comme fille, vous subissez ce phénomène. Plus vous dominez, plus vous méprisez. L’escale n’a plus de fin et on assiste à des affrontements ignobles, crêpages de chignons verbaux, à l’issu duquel l’une des deux saigne…
Si vous en voulez à votre mère, posez-vous simplement cette question : avez-vous de bonnes raisons ? Ou est-ce simplement parce qu’elle vous a toujours laissée lui monter sur la tête et que vous la méprisez pour cela. Ou bien elle vous en a fait voir de toutes les couleurs et dès que vous pouvez vous révolter, vous le lui faites payer. Attention de ne pas tomber dans la vengeance gratuite : si votre mère est ignoble, la meilleure solution, dès que vous le pourrez, sera de vous en éloigner. Taper dessus verbalement ne vous apportera rien, sinon vous transformer en chiffonnière et vous ne serez pas meilleure qu’elle.
Jalouser votre fille et/ou vivre avec un gars qui louche dessus sont des symptômes évidents de dépendance affective. L’écraser à longueur de journée pour détruire son image, que vous craignez tant, parce que votre compagnon est attiré ou non, c’est de la non-assistance à personne en danger et le danger, c’est vous !
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