Vous avez toujours pris soin des autres, mais voilà, vous souffrez, pire, vous êtes en dépression (épuisement vie privée) ou/et en burnout (épuisement professionnel). Étant au service de tout le monde, tant dans votre vie privée que professionnelle, voire sociale, vous ne vous rendez pas service : vous vous dispersez, distribuant votre énergie à tout un chacun, vous épuisant sans fin. Et soudain, parce que vous êtes à bout de force, sur les rotules et que vous vous demandez pourquoi, on vous répond que vous devriez prendre soin de vous, en priorité. « Mais, c’est égoïste ! », clamerez-vous, indigné ! Vraiment ? Voyons ensemble ce qu’il en est…
Commençons par évoquer les esclaves qui, quelle que soit l’époque ou la civilisation, étaient méprisés, de toute façon. Ils devaient servir leur maître qui disposait de leur corps autant que de leur vie, les traitant comme du bétail. Aujourd’hui, vous n’avez pas besoin de naître dans une plantation de coton pour vous mettre à plat ventre devant ceux que vous voulez servir à tout prix pour vous faire aimer. Eh oui, reconnaissez-le : vous voulez qu’on vous aime ! Mais pour qu’on vous aime, il faut commencer par vous aimer vous-même. Or, si vous éprouvez le besoin irrépressible de servir de laquais à ces fins, c’est que vous ne vous aimez pas, sinon, vous vous traiteriez bien mieux que ça. Être un paillasson n’a jamais acheté le respect qui, d’ailleurs s’il ne s’achète : il s’impose. Vous respectant, vous vous ferez respecter : vous manquant de respect à vous-même, vous dictez que l’on vous en manque aussi. Les gens vous traiteront comme vous vous traitez vous-même.
Il est vrai que vous savez anticiper, devancer, répondre aux besoins des autres et prendre soin d’eux, être très attentionné : vous démontrez ainsi une belle intelligence émotionnelle. Mais elle ne doit pas vous inciter à vous « prostituer ». Bien sûr, vous ferez ce que vous souhaitez, ce sera votre choix, mais si vous vous demandez pourquoi vous souffrez, la réponse est sous votre nez. Courir après la reconnaissance qui peut se traduire par l’affection est tout bonnement épuisant, car plus vous en aurez besoin, moins vous en recevrez et, une fois de plus, vous ne récolterez que mépris. Puisque vous souhaitez tant rester dans cette énergie de don, que diriez-vous de garder vos batteries chargées, afin d’être en mesure de soutenir ceux que vous choisirez, une fois que vous vous serez occupé de vous-même ? La métaphore classique est celle que vous entendez dans les avions, quand les consignes de sécurité vous expliquent qu’en cas de dépressurisation de la cabine, les masques à oxygène tomberont et que chacun doit mettre le sien sur son nez en priorité, avant même de vous occuper de votre enfant ou du voisin. Car, à bout d’oxygène, vous nous pourriez plus secourir qui que ce soit.
Maman monoparentale au Québec, ne connaissant personne dans ce pays, j’avais intérêt à prendre soin de moi, car, si je tombais, ma fille tombait aussi. Je devais donc me passer en priorité pour continuer à reconstruire ma vie. J’ai entendu parler d’une autre maman, en camp de concentration pendant la deuxième guerre mondiale, qui se nourrissait en premier dès que l’opportunité lui était offerte, afin d’être capable de prendre ses deux enfants avec elle, si l’occasion de s’échapper en courant se présentait. Imaginez cette femme nourrissant uniquement ses enfants, s’affaiblissant elle-même : comment, maigre comme un clou aurait-elle pu partir en courant avec un enfant sous chaque bras ? Si vous savez prendre soin de vous, vous savez prendre soin des autres et pour cela, il est important de vous aimer vous-même et de vous respecter et vous faire respecter. Le plus fort, c’est qu’on vous en aimera plus dans ces conditions plutôt qu’avec un statut d’esclave. Donc, que diriez-vous d’adopter cette formule : « Il n’y a plus d’esclave au numéro que vous avez composé, veuillez ne plus jamais rappeler ! ».
Et la Bible vous y encourage, croyant ou pas, elle est pleine de bon sens : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».