MENTIR AUX ENFANTS : PAS UNE BONNE IDÉE !
Mentir aux enfants pour les protéger ou leur faire plaisir n’est pas une bonne idée, même si cela part d’un bon sentiment. Vous êtes la personne en laquelle votre enfant a le plus confiance : ne brisez pas ce lien. Nombreux sont les prétextes pour nier ou déguiser la vérité, alors qu’il existe de multiples façons de l’exprimer, dans un vocabulaire à leur portée, en éliminant toutes émotions, juste en rapportant les faits et en présentant la réalité telle qu’elle est. Même si ça fait mal.
Bien sûr, je vous taquinais, dans ma chronique précédente en posant une question à la fin, sur les mensonges dans lesquels nous baignons et faisons baigner nos enfants : le Père Noël, la Fée des dents ou la Souris et les cloches de Pâques sont plutôt des légendes urbaines, que nous avons plaisir à croire, petits, pour ce que ça nous rapporte. Je continue d’ailleurs à croire au Père Noël, parce que j’ai toujours des cadeaux sous le sapin, même si je sais que le Père Noël, c’est ma fille, Cassandre et mes amis ! Mais ils ne savent pas que je le sais…
Quand mentez-vous à vos enfants, pour leur faire plaisir ? Quand vous les laissez gagner aux jeux de société. Vous en faites de mauvais perdants. Perdre fait partie de la vie et la victoire, ça se gagne. Bizarrement, ils gagnent toujours avec vous et rarement avec les autres, parce qu’ils n’ont pas appris à jouer : vous trichez ! Leur inculquer le goût de la victoire, c’est leur montrer comment jouer, comment s’améliorer, les encourager, jusqu’au jour où, par eux-mêmes, ils vous battent. Cette première victoire est inoubliable, parce que ça faisait longtemps qu’ils l’attendaient. La fierté repose sur les efforts que vous faites pour obtenir ce que vous désirez : si vous leur offrez la victoire sur un plateau d’argent, sans effort, elle n’a plus aucune valeur. « Á vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » (Pierre Corneille ‘Le Cid’) : comprenez-vous la teneur de cette phrase, que je cite souvent à mes clients ? Que ce soit un jeu de société ou un sport, ne laissez pas gagner votre enfant, il doit mériter cette victoire, qui sera pour lui un des ses meilleurs souvenirs. Faites-en un battant, un gagnant. Personnellement, je n’ai jamais laissé gagner ma fille à aucun jeu et à aucun sport : elle m’a battue parce qu’elle est devenue plus forte que moi. Devinez donc quelle fierté elle a pu ressentir, les premières fois qu’elle m’a battue au jeu des 7 familles, au scrabble, au triomino et à bien d’autres jeux. J’ai toujours demandé à ceux qui lui enseignaient les échecs de ne jamais la laisser gagner : quand elle les a battus, c’est parce qu’elle était meilleure qu’eux et non parce qu’ils ont voulu lui faire plaisir. Lui faire plaisir, c’est la respecter comme une adversaire.
La relation avec votre enfant repose (comme toute relation) sur la confiance. Il a confiance en vous, parce qu’il sait que vous lui dites la vérité, que vous le respectez sans fausser la donne. Le jour où il découvre que son gâteau n’était pas bon, mais que toute la famille l’a mangé (puis recraché discrètement), qu’il n’a jamais gagné, mais que vous trichiez pour lui laisser l’avantage, qu’il joue au tennis ou au foot comme un pied, alors que vous l’avez toujours encensé, il se croyait bon dans un domaine et, confronté à ses camarades à l’école, il se fait battre à plat couture, pensez-vous avoir fait son bien ? Même la fève dans la galette des Rois n’était pas truquée avec moi ! Si ma fille la trouvait, c’est parce qu’elle était dans sa part, par hasard, et non parce que je l’y mettais. Quand elle faisait quelque chose de moyen ou de raté, je le lui disais, expliquant comment elle pouvait s’améliorer et cela créait une complicité entre elle et moi : elle s’appliquait, faisait des progrès, je l’encourageais, la félicitais et un beau jour, elle réussissait. Nous sommes l’entraîneur de nos enfants, ce qui nous implique dans leur développement. Dire « mais oui, c’est bien », d’une voix distraite, sans avoir regardé ce que vous présentait votre enfant n’est pas valorisant. Il a besoin que vous lui donniez ‘l’heure juste’, car si vous ne le faites pas, il va ‘retarder’ et quand il entrera dans la réalité, confronté aux autres, il ne sera plus dans les temps. Vous en faites des petits dominateurs, habitués à voir le monde tourner autour d’eux, pensant que c’est facile de gagner, n’apprenant pas à perdre, ni à regarder la réalité en face. Petit Trou noir affectif deviendra grand et aura des comportements capricieux, dès que quelque chose ne tournera pas à son avantage.
Autres raisons de mentir : quand rien ne va plus dans votre couple et que la fin est proche. Vous débiterez toutes sortes de balivernes à des enfants qui ont déjà compris que de ce combat personne ne sortira gagnant. Au moins, faites en sorte que personne n’en sorte grand perdant… Au lieu de les aider à traverser cette période de turbulences, vous leur cachez la vérité, provoquant toutes sortes de culpabilité chez des petits en plein développement : la zone d’ombre, ils la noirciront, pensant être responsables de la séparation de papa et maman, parce que ces mêmes papa et maman n’ont pas été ‘foutus’ de leur dire la vérité. C’est certain que ça va leur faire mal, mais bien moins que votre façon de procéder. Arracher un pansement poil par poil et l’arracher d’un seul coup, quelle stratégie préférez-vous ? Mettez donc vos émotions négatives et vos rancœurs de côté pour protéger vos enfants au maximum, plutôt que les faire écoper de vos désaccords : ils n’y sont pour rien et il faudra leur dire. Ils sont des éponges et ça fait un bout de temps qu’ils savent que le torchon brûle… Même quand il ne brûle pas, ils sont prompts à le penser ! Une petite dispute et ils imaginent le divorce, alors plusieurs, ça les terrifie. Au lieu de faire croire que tout va bien, quand la vaisselle voltige et que les cris traversent les murs, comme les sanglots de maman ou le poing de papa, ne mentez pas : dites-leur que vous ne vous entendez plus et que vous allez chercher des solutions et que l’une d’entre elles est la séparation. Cherchez-en des solutions ! Ne leur mentez pas sur ce sujet-là non plus. Et si la séparation est la solution, dites-le-leur avec douceur, sans montrer vos peines respectives. Dites juste les faits « Papa et maman vous aiment, mais ne s’aiment plus. Vous vivrez dans deux maisons et nous nous organiserons pour que vous soyez bien. Si vous voulez en discuter, nous sommes là. »
L’erreur que font la plupart des parents, c’est de partager leur peine avec leurs enfants, pire de leur demander de les consoler. Et quand vous dénigrez l’autre, les obligeant à choisir le moins méchant, vous vous tirez dans le pied. Vos affaires « de grands » (ça reste à démontrer !) ne regardent pas vos enfants. Arrachez-vous la tête si vous voulez, mais pas devant eux. Et ne leur faites rien ressentir de vos souffrances, ils ont assez à faire avec les leurs. Le pire, c’est que vous les prenez en otages, utilisant vos propres enfants comme monnaie d’échange ou arme de vengeance. Ils seront broyés dans votre étau, dans chacun de vos bras de fer et de vos combats. Il n’est pas question, là non plus de mentir en noircissant le tableau d’un(e) conjoint(e) défaillant. Pour réussir un couple, c’est 50/50 de responsabilité, pour le faire échouer aussi. Alors, même si l’autre vous a trompé(e), vous avez une part de responsabilité, ne serait-ce que parce qu’il/elle a été votre choix comme partenaire et second parent : assumez ! Quand ma fille, du haut de ses quatre ans, m’a demandé pourquoi j’avais divorcé (depuis deux ans), j’ai répondu avec des mots d’enfant : « un prince charmant (papa) rencontre une princesse charmante (maman) et ils se marient. Ils ont une petite princesse (toi). Puis le prince charmant rencontre une autre princesse charmante et il en tombe amoureux. Alors, les deux divorcent pour que le prince charmant aille vivre avec l’autre princesse charmante ». Bien évidemment, j’avais plutôt envie d’appeler la maîtresse « la sorcière !», mais je ne le faisais pas. Lui demandant ce qu’elle avait compris de mon histoire avec des mots d’enfant, elle me répondit avec des mots d’adulte : « J’ai compris que c’est pas beau de mentir et que tu as dû beaucoup souffrir ». Les bras m’en sont tombés. Comprenez-vous que vos enfants en captent bien plus que ce que vous croyez ? Et j’ai rassuré ma fille quant à ma souffrance : elle était déjà loin et elle n’en avait surtout jamais rien vu.
Une famille unie, c’est mieux, mais une séparation fait partie de la maturation. Vos enfants mûriront à travers le divorce, qui fait partie de la vie. Dites-leur les faits tels qu’ils sont, sans y mettre d’émotion : vous le leur devez. Et ne protégez pas le parent qui trompe, qui boit, qui bat, qui humilie. Papa buvait, c’est pourquoi je l’ai quitté : je n’étais plus heureuse avec lui. Maman me trompait, j’ai préféré m’en séparer. Évitez les « ton père est un ivrogne, ta mère est une traînée ! ». Quoi que l’autre ait pu faire, il reste le parent et l’attachement d’un enfant est profond pour son père ou sa mère, même s’ils ne sont pas adéquats. Je n’ai jamais dit de mal à ma fille de son père ou de sa conjointe (qui fut sa maîtresse sous mon règne). Elle était la nouvelle compagne de son père, je lui avais demandé de la respecter et de montrer combien nous sommes bien élevées dans notre famille. De nombreuses années plus tard, ma fille, entendant une personne dénigrer un conjoint qui l’avait quittée (nous comprenions pourquoi : elle était invivable !), réalisa soudain et m’en fit part, que je n’avais jamais dénigré son père. Jamais. Pas plus sa compagne. Elle a toujours connu le problème de son père (incapable d’être fidèle), mais ça ne fait pas de lui un mauvais père, juste un mauvais conjoint. Je lui raconte de bons souvenirs et les qualités de celui-ci, tout en riant gentiment de ses défauts, mais au-delà de tout cela, ce que ma fille a compris, c’est que j’ai assumé mon choix. Malgré le fait qu’il m’en ait fait voir de toutes les couleurs, je n’ai aucune rancœur. Il reste son père quoi que je fasse et je m’en tiens simplement éloignée, alors que ma fille, comprenant ma position, continue à le côtoyer.
Et si vous ne savez pas quoi faire ni quoi dire à vos enfants, consultez un professionnel qui vous guidera, pour les aider à traverser cette période de séparation. Beaucoup de dégâts se font à ce moment-là et les enfants, devenus adultes, en porteront les séquelles, s’ils ne les déprogramment pas. En ce qui me concerne, je n’ai jamais menti à ma fille, pas même sur le sexe : j’ai toujours répondu à toutes ses questions, avec des mots adaptés à son âge. Résultat, Cassandre a une grande confiance en moi et sait que je lui ai toujours dit la vérité, même si elle n’était pas toujours bonne à entendre. Cela fait partie de mes valeurs et maintenant des siennes. Vous exigez de vos enfants qu’ils soient honnêtes, il faut l’être aussi. Alors, que pensez-vous de mentir à vos enfants, maintenant ?
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