Lille. Ma ville, ma vie, mon amour.

L’indépendance est l’un des plus grands moments de notre vie d’adulte, et surtout l’un des choix les plus compliqués de cette nouvelle vie. Pour beaucoup, ça se passe aux alentours de la majorité, pour certains, ça vient un peu plus tard, le temps de mettre de quoi vivre de côté, pour d’autres, c’est beaucoup plus tard.

Pour moi, c’était peu de temps avant mes 18 ans. Je n’attendais qu’une chose, partir de chez mes parents, après 17 dures années de vie commune, autant dire l’Enfer. Beaucoup de réflexion se sont posées sur la chose, dois-je rester près de chez eux? Puis-je assumer ma vie seul? Comment trouver un appartement correct à un prix intéressant? Toutes ces choses qui font se demander si l’on est près, ou pas, à s’essayer à notre nouvelle vie, tout seul.

En ce qui concerne la distance, un minimum s’imposait. Mes parents vivant dans une cambrousse monotone du Pas-de-Calais, ma seule issue « proche » restait Lille, capitale du Nord de la France, et sa métropole, de plus d’un million d’habitants. Autant dire que là, je devrais trouver mon bonheur.

Une bonne heure de train, presque la même durée de voiture, c’était un premier endroit loin, sans trop l’être, avec juste ce qu’il fallait pour m’éloigner de mes géniteurs, sans abuser.

J’entamerai début du mois prochain ma troisième année dans la métropole, qui depuis mon arrivée, a appris à bien me connaître. Ces deux dernières années ont été pour moi la découverte de ma première ville de célibataire, mon accroche avec la liberté, et les premiers endroits que j’ai fréquenté, seul, afin de me fonder certains a-priori. J’ai découvert des endroits sympathiques, des bars où trainer avec mes amis, des restaurants pour dîner, des coffee-shop’s pour décompresser après une longue journée, de grandes rues le long desquelles se chevauchent boutiques et enseignes connus ou non, etc.

Deux ans que j’ai décidé d’ailleurs de ne pas affoler mon compte en banque avec un loyer trop élevé « Down-Town », d’où ma location à Lambersart, ville voisine à la Grande Lille. J’y ai trouvé mon bonheur par un début de soirée de Septembre, sortant de la fac, en plein émoi de ne toujours pas avoir trouvé cet endroit qui me tenait tant à coeur depuis longtemps. Un petit deux pièce, au second, avec mezzanine, le tout pour un loyer considérablement, et minusculement, accessible! Une fois la porte passée, et l’escalier d’entrée monté, j’ai su que c’était lui, l’appartement qu’il me fallait, doux, chaud, cosy. Les affaires de l’ancienne locataire ne m’aidant à visualiser l’endroit avec mon bazar, tout se décida le jour de l’état des lieux, et de la fameuse remise de clés, quelques jours plus tard. Je me souviens de mon coeur, battant à cent à l’heure, tout excité d’avoir enfin cet endroit à moi, rien qu’à moi. Une semaine après, j’emménageais, le temps de redonner un coup de fraîcheur – de peinture surtout! – en neutralisant les horribles murs verts qui brûlaient mes yeux chaque fois que ces derniers osaient s’y poser.

Deux ans après, cet appartement à bien évolué, tout comme mes goûts. Tout comme moi, en fait … Il a vu passer des soirées arrosées et bruyantes, des soirées tristes, il a été converti aux séries et aux films que j’adore, il a subit quelques traumatismes dus à ma folie excessive de cadres et de photos, il a vu aussi passer des hommes. Mais parmi eux, aucun n’est Celui. Du moins, pour le moment …

Mais j’ai trouvé de quoi compenser. Lille est comme un grand amour : libre, grand, et beau. Je me balade avec, je déjeune avec, je fais du shopping avec, je m’éclate avec … Deux années d’amour passées, la romance n’est plus forcément là, lassitude et petits défauts commençant à apparaître, envie de se séparer, mais comme un grand amour, on le garde dans son coeur.