Le Parti socialiste favorable au retrait des troupes françaises en Afghanistan

L’information est tombée sous la forme d’un communiqué publié jeudi dernier par Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS chargé des relations internationales. « Le Parti socialiste estime que la France doit réviser sa politique en Afghanistan. La présence militaire de la France n’est plus justifiée dans ce pays ».

À la base de cette prise de position, Jean-Christophe Cambadélis constate l’impasse politique et sécuritaire dans laquelle se trouvent les troupes de l’OTAN présentes en Afghanistan. Il note ainsi que « la situation politique, militaire et sécuritaire ne cesse de se dégrader en Afghanistan ».

Au niveau politique, le PS estime ainsi que le gouvernement afghan est incapable de lutter contre la corruption qui gangrène très largement le pays. Mais c’est surtout l’ambivalente stratégie de réconciliation choisie par le président Karzai qui mobilise la critique du PS. Car si le gouvernement afghan est l’allié des forces de l’OTAN, dont la mission est de lutter contre l’insurrection taliban, Karzai est parallèlement engagé dans des négociations avec cette dernière. Un double jeu qui affaiblirait la légitimité du pouvoir afghan et donc l’engagement militaire français dans une guerre dont l’opinion publique ne comprend plus trop ni les véritables enjeux, ni l’intérêt pour la France.

Plus récemment, la mort d’un soldat français dans la province de Kapisa (ce dernier a succombé à l’explosion d’une mine artisanale qui a également blessé neuf autres soldats français) a ravivé l’incompréhension de l’opinion publique française. Parler de contre-insurrection et de ses corollaires (aide humanitaire, soutien économique, reconstruction des infrastructures, médiation politique, etc.) est une chose. Toutefois, lutter contre une insurrection ne se limite pas à des actions civiles, et l’usage de la force est une réalité que les opinions publiques occidentales, bercées par la guerre post-héroïque et le mythe d »une « guerre zéro morts », semblent parfois oublier. Or sans actions militaires, la contre-insurrection a peu de chances de remplir sa finalité.

Précisons que ce communiqué n’est une surprise pour personne quand on suit l’évolution de la position du PS. En février dernier, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale avait ainsi jugé qu’un début de retrait militaire français d’Afghanistan était nécessaire dès 2011, sans pour autant appeler à un départ immédiat de l’ensemble du contingent français, soit 4 000 soldats.

Plus récemment, la publication du projet socialiste pour les présidentielles 2012 a permis de mieux saisir la position du PS sur le dossier afghan. Le document précise ainsi que le déploiement français dans ce pays « doit faire l’objet d’un réexamen urgent et complet après un débat approfondi et un vote au Parlement ». Et d’ajouter que « nos forces n’ont aucune vocation à rester en Afghanistan », l’effort devant être recentré sur la formation d’un appareil de sécurité afghan capable de planifier et d’exécuter des opérations de façon autonome et répondant à l’autorité d’un État stable.