Il y a quelques jours, de vagues connaissances m’ont invité à leur dîner de mariage. Sympa. La mariée était très belle ; le marié… ben je ne juge pas les hommes, moi ; le repas était succulent ; les vins… rouges ou blancs, selon le choix. Bref, tout était pour le mieux jusqu’à l’apparition d’un énergumène un peu casse-pieds mais, il est vrai, assez typique : Le disc Jockey !
Ce spécimen-là ne correspondait pas à l’image que je m’en faisais. Un vrai gorille ! Quoi « et alors ? » Vous ne pigez pas ?
Mais enfin, tout le monde sait que pour être un bon jockey, il faut être très petit ! Comment ça, « C’est un DISC jockey » ? Ah ! Il ne travaille pas avec des chevaux mais avec des disques ?…
Ben justement ! Pour monter à cheval sur des disques, il devrait être encore BEAUCOUP plus petit !
Bon, de toutes façons le problème n’est pas là. Ce type s’est mis à nous jouer de la musique à fond de caisse ! Plus moyen de placer un mot. Non mais je vous demande bien ce que vous pouvez faire, assis à table avec des gens que vous ne connaissez pas, et avec qui vous ne pouvez même pas placer un mot pour engager la conversation.
— Vous connaissez les mariés ? hurlais-je à ma voisine de table.
— Comment ? Si mon poisson est avarié ?
— Vous ne trouvez pas que ça marche un peu fort ? m’écriais-je à mon vis-à-vis ?
— Du Roquefort ? Il faudra attendre le plateau de fromage…
…
Peine perdue !
En plus, ce disc jockey est un égoïste. Une heure durant, les plus courageux se sont égosillés contre tout bon sens et sans aucun succès, la marée de décibels inondant toute conversation de ses flots tumultueux.
Mais lorsque la mère de la mariée est venue lui parler, le gaillard a diminué le volume et ôté son casque. Pas fou le dingue. Il n’est pas immunisé contre ses propres agressions. Sitôt son échange verbal terminé, hop ! Il nous rebalance tout dans les tympans qui cesseront peut-être de vibrer d’ici quelques jours.
Bon, c’en est trop ! Y en a marre ! Je me casse. Je me penche vers la personne qui m’accompagnait et lui hurle dans l’oreille :
— Viens, on fout le camp discrètement. J’en ai vraiment RAS-LE-CUL !
…
Le gros problème, c’est le blanc ! Non, pas le vin ! Vous savez, quand le disc jockey a loupé son coup parce qu’il était distrait par le décolleté de la mère de la mariée et qu’il a oublié de lancer le morceau suivant alors que le premier se termine. Un blanc… Sans musique… Avec, pour seul bruit de fond, un enragé qui hurle dans l’oreille de sa compagne : « … RAS-LE-CUL ».
Bon ben je me suis exprimé.
Et puis on est partis aussi.
Le seul truc un peu loupé c’est la discrétion… Parce que notre départ discret s’est déroulé sous le regard focalisé de toute une assemblée silencieuse et ébahie. Parmi lesquels, le satané disc jockey qui me dardait de son sourire narquois.
M’aura bien eu jusqu’au trognon celui-là ! Sûrement un frustré ! D’ailleurs, avec sa taille, il a jamais dû gagner une course, ça, c’est sûr !
Texte publié par René Ophite sur Babelweb.be, le site des auteurs amateurs