Avez-vous déjà été trahi ou peut-être avez-vous trahi vous-même ? Ce mot « trahir » évoque toujours, pour moi, les tragédies grecques (je suis une littéraire, tout de même !), quand le personnage crie : « Tu m’as trahiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! » en appuyant longtemps sur le « i » pour respecter le ton dramatique. Et il ajoute généralement : « Je ne te pardonnerai jamais ! », en appuyant sur la dernière syllabe aussi (jaméééééééééééé !). Le tout, bien sûr, pour culpabiliser le traitre. La trahison est l’une des cinq blessures de l’enfance répertoriées par Lise Bourbeau (le rejet, l’abandon, l’injustice, l’humiliation, la trahison) et peut-être que ma chronique vous permettra de ne plus en souffrir. Quelle est la définition de la trahison ? Peut-on accuser quelqu’un de trahison pour le contrôler en le culpabilisant ? Est-il possible de bien réagir face à une situation de trahison, voire même de se débarrasser de cette blessure ?
Définissons la trahison
Commençons par la définition du mot « Trahir » (Le Petit Larousse Illustré 2004) : « Abandonner, cesser d’être fidèle ; ne pas respecter un engagement pris ; trahir un ami, une cause ; trahir les intérêts de quelqu’un, lui nuire, le desservir ; abandonner brusquement, lâcher ; révéler volontairement ou non ce qui devrait rester caché. ». Il existe donc une multitude de façon de donner dans la trahison. Je la symbolise par un couteau qu’on plante dans le dos de quelqu’un : c’est toujours par derrière que ce style d’attaque survient. La préméditation amplifie l’action, car le traitre a eu une multitude de possibilités de renoncer, mais il ne l’a pas fait. Il était donc bien déterminé à vous nuire ou/et à se faire du bien. Le summum de la trahison, je pense, c’est quand deux personnes ou plus, qui vous sont proches, s’allient dans le but précis de vous détruire. Vous vous souvenez de la phrase que l’on attribue à Jules César découvrant que son fils fait partie de la conspiration, alors qu’il lui plante un coup de couteau : « Tu quoque fili mi » (Toi aussi, mon fils). En couple, qu’y a-t-il de pire que votre conjoint qui vous trompe avec votre meilleure amie, votre sœur ou, pire, votre mère ? Votre conjointe qui vous trompe avec votre père, votre frère, votre meilleur ami ? L’adultère pendant une grossesse sans même que le conjoint essaie de s’en cacher est une sacrée épreuve à passer aussi. Nous pourrions décliner à l’infini les situations de haute trahison dans la vie privée. L’Histoire est également truffée de traitres à leur patrie, dans le passé comme, malheureusement, dans le présent. Et quelles sont les motivations de la traitrise ? Le pouvoir, le sexe et l’argent. Tiens donc !
Effets dévastateurs de la trahison chez la personne en déséquilibre affectif
La plupart des êtres humains sont dévastés par un acte de trahison, même les traitres, quand ils la subissent ! Et plus vous aurez accordé votre confiance, plus vous tomberez de haut et plus la douleur sera cuisante, quand vous êtes en déséquilibre affectif. Vous vous êtes livré corps et âme (surtout en couple et en amitié) à une personne qui a profité de la confiance que vous lui accordiez pour vous tromper ou vous écraser ou vous nuire ou vous faire souffrir. Quand on dit que « la vengeance est un plat qui se mange froid », on s’entend qu’elle requière un plan, une préméditation, un piège, un appât pour vous faire approcher suffisamment pour vous faire tomber. Et plus vous ressentez un vide que vous essayez désespérément de remplir avec une autre personne, plus la souffrance sera intense, quand cette autre personne en profitera pour vous anéantir. Certes, dans le cas de l’adultère, c’est rare que l’intention soit de détruire l’autre, cependant, la perte de confiance fait souvent voler le couple en éclats. Certains iront jusqu’au suicide, voire au meurtre devant le constat de cette trahison. Le premier réflexe étant que vous ne pouvez pas y croire (vous lui faisiez confiance !) et quand la preuve vous percute de plein fouet, la chute en est d’autant plus violente.
Accuser quelqu’un de trahison pour mieux le culpabiliser et le contrôler ?
Le traite ou la traitresse, pris la main dans le sac, peut s’écrouler sous le poids de la culpabilité, qu’il/elle ressentait plus ou moins pendant l’action, mais qui, parce que découvert(e), fait enfin face à ses responsabilités : il/elle fait souffrir quelqu’un. C’est une chose de trahir, ça en est une autre d’en voir les effets dévastateurs sur la personne impactée. La bonne idée est de s’éloigner de celui ou celle qui vous a planté un couteau dans le dos. Mais nombreux sont ceux et celles qui vont en profiter pour prendre l’avantage et, justement, pour remuer le couteau dans la plaie : culpabiliser le traitre, le forcer à ramper pour demander pardon, le punir pour une période indéterminée, lui faire aussi mal que ce que vous avez ressenti et lui dire que vous ne lui pardonnerez jamais. C’est le retour de manivelle et la névrose répond à la névrose qui peut tourner au carnage psychologique. Car, je le souligne à nouveau, l’objectif de la personne en déséquilibre est de faire goûter à la même médecine que celle qui lui a été infligée. Je ne dirais pas que c’est de bonne guerre, je dirais plutôt que c’est la réaction logique de la personne en dépendance affective et émotive : elle se venge. Et la violence de sa réponse sera à la hauteur de la souffrance infligée par la trahison.
Est-il possible de bien réagir face à une situation de trahison voire même de se débarrasser de cette blessure ?
La trahison est une situation que nous avons tous vécue et, pour la plupart, dès l’enfance de la part d’un ou des deux parents et autres membres de la famille. Puis, à l’école, dans la vie professionnelle, la vie sociale et/ou en couple. Quand cette blessure de trahison est à vif parce que souvent rouverte par toutes sortes de situations et de personnes, c’est une douleur immense qui vous vrille de plus en plus les entrailles. Et si vous êtes autant démoli, c’est parce que vous êtes en déséquilibre : facile de vous faire tomber ! De plus, sachez que vos mauvaises programmations peuvent attirer de nombreuses trahisons. Alors qu’une personne ayant réglé cette blessure (voire les autres aussi) n’est pas dévastée : elle vient d’obtenir une information en constatant la trahison. Je m’explique : si je vous offre une barquette de fraises et que vous constatez que l’une d’entre elles est moisie, que faites-vous automatiquement ? Vous la sortez de la barquette parce qu’elle n’est plus comestible et va impacter les autres fruits. Quoi de plus naturel comme réaction ? Quand un système immunitaire détecte un virus et le détruit, éclate-t-il en sanglots ou agite-t-il ses petits bras musclés, fier de lui ? La personne qui vous plante un couteau dans le dos (ou qui a essayé, mais a échoué) vous dit qu’elle n’est pas digne de confiance et ne rejoint pas du tout vos valeurs, bien qu’elle vous l’ait fait croire un bout de temps. Fraise pourrie qu’elle est ou virus à détruire, vous comprenez qu’il faut vous en éloigner. Et pourquoi avoir de la peine à cause d’une fraise pourrie ou d’un virus dangereux ? Soyez plutôt fier de vous ! Cette blessure, tout comme les quatre autres, n’existe plus quand vous êtes totalement adulte et confiant : le traitre ne peut plus vous atteindre dans vos émotions. La trahison est un fait, mais elle n’est plus du tout une blessure et vous savez donc qui sortir de votre barquette et tout à fait sereinement. Il s’agit d’assainir votre environnement.
Le traitre se trahit lui-même en se parjurant
Ce que vous devez comprendre, à la finale, c’est que quand quelqu’un manque à sa parole, il ne vous trahit pas vous : il se trahit lui-même en se parjurant, manquant à sa propre parole donnée, piétinant les valeurs qu’il prônait. Ce qui en fait un personnage que vous ne pouvez plus fréquenter. C’est lui qui devra vivre avec ça et non vous. Rappelez-vous : la confiance doit être à 100 % et si elle est égratignée, elle redescend à 0 %. En fait, vous ne savez plus qui vous avez en face de vous, mais vous avez la certitude que vous ne pouvez plus vous y fier : vous avez vu son vrai visage… Souhaitez-vous en faire votre bourreau et être sa victime en armant à nouveau la main qui vous a déjà frappé dans le dos ? Je ne prends pas ce risque. La première personne que vous trahissez, c’est toujours vous-même à partir du moment où vous dites respecter de belles valeurs. Certains, n’en respectant aucune, continueront à trahir, sans le moindre état d’âme, tous ceux qui leur tourneront le dos. Personnellement, j’ai un tel plaisir avec les personnes de mon entourage en lesquelles j’ai 100 % confiance qu’aucune fraise pourrie ne viendra impacter l’amour et l’amitié partagés, pas plus qu’un dangereux virus : mon système immunitaire est un fin limier avec ses petits bras musclés !
La trahison existe dans les faits, certes, mais il est possible d’en éviter les pénibles effets sur vos émotions : une fraise pourrie ou un virus dangereux n’ont rien à faire dans votre vie. Soyez fier de vous en débarrasser quand vous les repérez. Rappelez-vous ceci : quand vous en faites trop pour une personne, c’est qu’elle n’est pas capable de se prendre en main toute seule et quand elle aura à choisir entre elle et vous, elle vous plantera. Dans la vie sociale, professionnelle et privée, le bon équilibre est de donner et recevoir de façon équivalente, c’est ce qui crée une belle relation. Quand vous donnez trop, vous forcez et quand vous forcez, c’est que l’autre n’est pas en autonomie : l’enfant intérieur étant très présent chez lui, il vous trahira à la première occasion. N’avez-vous pas constaté que ce sont toujours ceux pour lesquels nous en faisons le plus qui nous plantent ? Quant au pardon, c’est du cas par cas, c’est vous qui déciderez, mais ne soyez pas étonné si un deuxième couteau, voire plus, vous arrive dans le dos.
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