Il n’y a pas de femmes frigides, il n’y a que de mauvais amants ! Ca vous arrangerait bien, n’est-ce pas Mesdames ?! Si seulement c’était vrai. Vous pourriez tranquillement mettre ça sur le compte des hommes et l’affaire serait entendue. Mais ce n’est pas si simple…
Je reconnais que certains amants sont maladroits et, au lieu de prévenir votre libido et de l’activer, ils vous sautent sur le dos et partent au grand galop, avant de vous avoir échauffée. Se faire « prendre à la hussarde » peut avoir son charme, encore faut-il que tous vos sens soient en éveil et que vous y soyez prédisposée. En règle générale, autant pour l’homme que pour la femme, le désir va « crescendo », en progression, alerté par des stimulations en tous genres, pour attendre son paroxysme : la jouissance ultime. Tous vos sens concentrés sur un immense plaisir individuel mais vécu à deux, ce qui en augmente les effets.
La frigidité peut être imputée à un problème de santé ou à la prise de médicament qui anesthésie la libido. Qu’est-ce que la libido ? C’est l’instinct sexuel, le désir. Et sans libido, pour l’homme comme pour la femme, il n’y a plus d’abonné(e) au numéro que vous avez demandé, veuillez rappeler plus tard ou… jamais ! En fait, c’est dans la tête que tout bloque et, bonne nouvelle, que tout peut se débloquer. Si votre check up a démontré qu’il n’y a rien de physique, cela signifie qu’involontairement, inconsciemment, vous vous refusez l’accès aux plaisirs du sexe. Pourquoi ? Plusieurs raisons. Peut-être pour une question d’éducation : on vous aura inculqué, insidieusement, que le sexe c’est sale. Votre perception de cette activité a été déformée et au lieu de trouver tout geste sexuel naturel, c’est une perversion. Pire, une domination du mâle sur la femelle. Grand paradoxe, car, si vous refusez de jouir, c’est vous qui démontrer votre pouvoir sur l’homme qui, lui, s’évertue vainement à vous contenter : moins il y arrive, plus vous le contrôlez. C’est bien ce contrôle que vous ne voulez pas lui laisser, en vous laissant aller. Jouir, c’est se donner, s’abandonner.
Ou encore pour une question d’interdiction : je ne mérite pas de jouir, rappelez-vous que tout cela est inconscient, de même que vous ne méritez pas d’être riche ou heureuse. C’est pour les autres. Il se peut également que vous soyez tombée sur un mauvais amant dès votre première expérience et que la souffrance soit restée ancrée. Sexe = souffrance. Moi non plus, je n’aurais pas envie d’y retourner ! Et puis, pour choisir un melon, il faut en tâter plusieurs : ne restez pas sur une mauvaise impression. C’est comme en équitation : il faut remonter de suite après une chute, sinon vous ne remonterez jamais. La peur prend le dessus et s’amplifie alors que se remettre en selle rassure instantanément. Mais dans ce cas précis, ne remontez pas le même cheval : essayez-en un autre !
Il se peut également que la pression sociale vous ait obligée à faire semblant de jouir pour paraître normale. Alors au lieu d’explorer votre corps en même temps que celui de votre amant, vous avez préféré lui faire croire que vous maitrisiez bien la chose et vous simulez parfaitement. Pour lui faire croire que vous êtes normale, mais également pour le flatter et qu’il monte sur ses ergots, fier de vous avoir envoyée au plafond. Mais ce n’est pas vrai. Vous n’avez pas, jamais, décollé et prisonnière de vos mensonges, le temps passant, vous n’osez plus avouer à personne que vous ne jouissez pas. Par peur de faire fuir les candidats. Et ils fuiront ! Trop soucieux de leur propre confiance en eux placée dans leur virilité, ils ne peuvent risquer d’être responsables d’un flop qui les ferait vaciller.
Le fait également que vous n’ayez jamais exploré votre corps vous-même, pour en comprendre tous les mécanismes, touché tous les boutons, visité les endroits les plus intimes, vous prive d’inviter un galant à une visite guidée. Vous le poussez à faire le tour du propriétaire à sa façon et livré à lui-même, il préfère les lieux communs et achève en deux temps, trois mouvements. Si vous lui imposiez de commencer pour ce qui vous stimule et finir par ce qui vous fait chavirer, il sera ravi d’être encadré, certain de vous faire du bien et de vous faire crier… pour de vrai !
Et si c’est une question de dépendance affective, qui vous pousse à prêter votre corps, non pas pour jouir mais pour avoir de la reconnaissance et de l’affection, votre objectif n’aura jamais été la jouissance, ni le plaisir. Juste soulager votre carence affective. C’est un marché de dupes, où l’un se sert de l’autre et réciproquement. La dépendance a ses conditions : je te prête mon corps et je veux, en échange, exister dans tes yeux. Le drame, dans tout ça, c’est qu’il ne vous regarde même pas : il prend ce qu’il veut. Pourquoi laisser un corps étranger vous pénétrer, contre peu de tendresse et pour une étreinte brutale qui ne vous apporte que frustration ?
Quels que soient vos blocages, ils peuvent être débloqués. Et jouir n’est pas une obligation, ni une victoire : c’est un plaisir et c’est aléatoire. Vous ne jouirez pas tout le temps et de la même façon. Le sexe est un jeu et non une pression, une curiosité et non une obligation. Et le secret ? C’est d’avoir confiance en vous et en l’autre, pour lui faire part de tout ce que vous ressentez ou ne ressentez pas et de vous mettre en accord pour explorer, comme deux enfants, des contrées où vous n’êtes jamais allée. Dans le pire des cas, vous ne jouirez pas. Et dans le meilleur, vous jouirez !