Dépendre de ce que l’on n’a jamais eu ne vous paraît-il pas paradoxal ? La drogue et l’alcool, comme le sexe, on peut en comprendre l’addiction : les trois peuvent conduire l’être humain dans un monde parallèle, paradis perdu, afin de finir en overdose, en cirrhose du foie ou bourré de maladies vénériennes. On s’entend qu’on a touché au plaisir addictif que cela pouvait apporter. Mais dépendre de ce que l’on n’a jamais connu, ni eu, vous avouerez que ça bat des records ! Pourquoi les dépendants affectifs et émotifs en arrivent à courir, à se soumettre et à faire n’importe quoi pour avoir ce qu’ils ne connaissent pas ?
J’en profite pour souligner que nous sommes nombreux à avoir couru après l’amour, sans savoir non plus ce que c’était. Ça m’a pris 11 années de célibat et d’abstinence pour comprendre que l’amour était l’opposé de ce que j’avais vécu jusque-là. Tel un taureau dans une corrida, vous foncez sur la cape rouge persuadé que l’amour est là ! Et pourquoi foncez-vous donc sur tout ce qui bouge ? Par peur de la solitude que vous vivez pourtant depuis votre plus tendre enfance… Aussi loin que vous pouvez remonter dans vos souvenirs, vous vous sentez seul. Vos parents, peut-être pourvoyeurs, peut-être même pas, ont omis de vous donner reconnaissance, affection et protection, vous jetant, année après année, dans un vide sidéral qui n’a cessé d’augmenter. Vous ne saviez même pas, avant de découvrir les rouages de la dépendance affective, après quoi vous courriez !
Vous pensez avoir couru après l’affection, alors que vous revendiquiez la reconnaissance. Et la reconnaissance passe par les manifestations d’affection : je te touche, donc, je reconnais que tu existes. Même si je te frappe ! Vous voilà boulimique, alors que vous n’avez jamais rien mangé ou si peu. L’immense puit sans fond que vous êtes devenu tente de tout donner pour acheter l’amour qui devrait le remplir ou prend tout dans le même objectif : combler ce gouffre intérieur qui ne cesse de s’agrandir à chaque tentative avortée. Vos parents vous ont « éventré », puis c’est le social qui n’a peut-être pas fonctionné et, pour finir, les relations affectives qui vous ont encore plus jeté dans l’abîme au lieu de vous en sortir. D’échec en échec, vous vous enfoncez dans cette dépendance qui grandit avec le nombre de bourreaux que vous croisez.
Sans distinction de couleur de peau, de sexe ni de religion, tous les êtres humains en déséquilibre affectif sentent ce vide intérieur qu’ils cherchent désespérément à remplir de toutes les façons possibles et imaginables. La bonne nouvelle, c’est qu’au lieu de courir comme une poule sans tête après tout ce qui bouge pour vous remplir, vous avez la possibilité de combler ce vide par vous-même en vous donnant ce dont vos parents n’ont pas su vous nourrir : reconnaissance, affection et protection = confiance & estime de soi. L’inverse de la dépendance affective et émotive, c’est l’autonomie !