Fessenheim/nucléaire : le prolongement en questions

La décision de l’Autorité de Sûreté Nucléaire d’autoriser l’exploitation du réacteur n°1 de la centrale de Fessenheim (Alsace) pour 10 années supplémentaires pose de nombreuses questions et est contestée par les écologistes. Le choix de l’ASN est pourtant uniquement basé sur des critères techniques de sûreté et de sécurité.

« Examen de sûreté » : la visite technique d’une centrale nucléaire

A l’image de la visite technique d’une voiture (et en beaucoup plus poussé), la décision de prolonger la durée d’exploitation d’une centrale nucléaire est prise par l’ASN (en savoir plus sur le niveau d’indépendance de l’ASN) tous les dix ans à l’occasion des visites décennales des réacteurs.

Cette inspection approfondie de l’ensemble des composants d’une centrale nucléaire, effectuée à la fois par des techniciens de l’opérateur (en France EDF), des experts de l’ASN mais aussi des experts externes, a un double objectif : « examiner en profondeur la situation de l’installation » et « améliorer son niveau de sûreté ».

L’examen de sûreté réalisé par l’ASN permet donc à la fois « d’examiner en profondeur la situation de l’installation afin de vérifier qu’elle respecte bien l’ensemble des règles qui lui sont applicables : c’est ce qu’on appelle l’examen de conformité.

Mais il permet également d’améliorer le niveau de sûreté (de la centrale) au regard des exigences applicables à des installations présentant des objectifs et des pratiques de sûreté plus récents et en prenant en compte l’évolution des connaissances ainsi que le retour d’expérience national et international : il s’agit de la réévaluation de sûreté.

Autre exigence de l’examen de sûreté : pouvoir garantir que les différents phénomènes de vieillissement des installations seront maitrisés pendant une période minimale de dix années supplémentaires.

 

Fessenheim : le « oui mais… » de l’ASN à EDF

Dans le cas de la centrale de Fessenheim, l’ASN a fixé deux conditions en vue de l’autorisation d’exploitation : que la centrale soit conforme aux exigences de sûreté définis par l’audit post-Fukushima et qu’EDF effectue un certain nombre de travaux sur le site.

Suite à l’accident nucléaire de Fukushima, le gouvernement français a décidé d’opérer un audit de l’ensemble de ses installations nucléaires afin de s’assurer que la catastrophe japonaise ne pourrait pas se reproduire en France.

Les résultats de cet audit, qui prend notamment en compte des données sismiques qui pourraient concerner Fessenheim, doivent être rendus publics d’ici la fin de l’année. L’accord de prolongement de l’ASN est suspendu à cette évaluation.

De plus, le groupe d’Henri Proglio, exploitant de la centrale de Fessenheim doit effectuer avant 2013 des travaux pour améliorer la sûreté du site. Les travaux exigés par l’ASN sont :

1) Renforcer le radier du réacteur avant le 30 juin 2013, afin d’augmenter sa résistance au corium en cas d’accident grave avec percement de la cuve ;

2) Installer avant le 31 décembre 2012 des dispositions techniques de secours permettant d’évacuer durablement la puissance résiduelle en cas de perte de la source froide.

 

L’importance du retour d’expérience dans le nucléaire

La date de mise en service d’une centrale nucléaire n’est pas forcément l’élément le plus déterminant en matière se sûreté même si les nouveaux réacteurs (EPR) atteignent des niveaux de sûreté supérieurs aux anciens modèles.

Le retour d’expérience de l’opérateur, mais également de l’ASN permettent en effet une amélioration continue de la sûreté du fonctionnement de l’installation tout au long de sa durée de fonctionnement.

Par ailleurs, la quasi-totalité des éléments des réacteurs nucléaires sont changés au cours des différents arrêts de tranche. A Fessenheim, la centrale de 2011 n’a plus grand chose à voir avec celle de 1979 (année de mise en service).