Vous n’êtes pas une dépanneuse (towing) ! Quand une personne est en difficulté et que vous essayez à tout prix de la sauver, sans son concours, avez-vous remarqué que ça ne réussit jamais ? Bien sûr, votre perception du monde implantée par votre passé et, surtout, votre enfance, vous pousse à aider, voire sauver votre prochain au détriment de vous-même. Avez-vous noté que la reconnaissance que vous en attendiez manque à l’appel ? Ce n’est pas pour autant que je vous recommande de laisser tomber tous ceux et celles auxquelles vous pourriez donner un coup de main. Je vous propose aujourd’hui de faire la différence entre « être au service de » et « rendre service ».
Tenir au-dessus de l’eau, par le fond du maillot de bain, quelqu’un qui coule ou/et qui refuse de nager prendra toute votre énergie et fera de ce quelqu’un un assisté pendant que vous vous épuiserez… Eh oui ! Si vous faites les choses à la place des autres, pensez-vous qu’ils apprendront ? Mieux vaut enseigner à pêcher/nager plutôt que donner du poisson ou servir de bouée. D’ailleurs, essayer de sauver une personne qui se noie quand ce n’est pas votre métier risque bien de vous envoyer par le fond. Résultat : deux noyés au lieu d’un… Si la voiture de votre voisin ne démarre plus par grands froids ou pour d’autres raisons, la batterie totalement à plat, le bon samaritain que vous êtes rappliquera. Armé de pinces et d’une voiture dont le moteur tournera, vous donnerez « un coup de boost » en branchant la batterie de votre véhicule sur celle de votre voisin. Cette manœuvre, vous en conviendrez, ne durera pas plusieurs heures : juste le temps que la batterie à plat ponctionne suffisamment d’énergie pour faire démarrer la voiture du voisin qui devra rouler un petit bout de temps pour recharger l’élément qui était vidé. Vouloir sauver à tout prix une personne qui ne veut pas s’aider, c’est faire du bouche-à-bouche à un mort : vous y perdrez votre temps et votre énergie. Vous vous mettez « au service de » la personne qui vous prend automatiquement pour son esclave puisque, vous positionnant ainsi, vous faites tout à sa place. Et vous n’en obtiendrez que du mépris.
Se respecter et se faire respecter sont les principes de base sur lesquels repose la charité qui, bien ordonnée, doit commencer par soi-même. « Rendre service » à des personnes que l’on apprécie et qui nous le rendent bien, dans le but unique de donner ET recevoir de façon équivalente est un plaisir partagé. C’est d’ailleurs de cette façon que les liens se tissent et que l’amitié se construit : avec l’historique, c’est-à-dire que plus vous passez du temps avec quelqu’un, plus vous le connaissez, plus vous vous rendez des services et plus vous vous appréciez. C’est pareil en amour : plus je te connais, plus je t’aime. Sauf chez les névrosés : plus je te connais, plus je te déteste ou plus je me désintéresse. Rendre service, c’est également se choisir dans la mesure où cet acte est possible pour vous et vous fait plaisir. Dans le cas contraire, refusant de dire « non » par peur de faire de la peine alors que cette obligation empiète sur un loisir qui vous faisait plaisir, vous n’êtes qu’un hypocrite. Et vous pleurnicherez en parlant dans le dos des autres, racontant à qui veut l’entendre que vous avez aidé une multitude de fois et qu’on ne vous l’a jamais rendu. Tant pis pour vous ! Choisissez donc vos amitiés au lieu de vous brader en léchant des bottes qui ne seront de toute façon jamais assez propres !
Recharger la batterie d’une personne qui vous est chère, quand elle a besoin d’un coup de boost pour redémarrer du bon pied fait partie de l’amour et de l’amitié. Autant que tenir la tête d’un proche hors de l’eau, le temps qu’il réapprenne à nager repose sur de beaux sentiments partagés. Soutenir quelqu’un le temps qu’il se reprenne est un service rendu qui tisse des liens serrés. Et vous remarquerez que cette aide ponctuelle ne fait pas de la personne une assistée et qu’elle vous en sera reconnaissante à jamais. Et vous pourrez compter sur elle, si besoin est !