Étape incontournable sur la route des voyageurs, Essaouira devient même assez chic, et la vieille ville du XVIII’ siècle s’embourgeoise doucement au fur et à mesure de ses rénovations. En fin de matinée, des bus déversent sur la place principale leur lot de touristes, qui investissent les rues jusqu’à la fin de l’après-midi. Le soir toutefois, la ville retrouve son atmosphère nonchalante et ses bruits familiers : bruissement des kaftans, souffle du vent et conversations des Souiris (nom des habitants) qui se retrouvent aux terrasses des cafés de la place Moulay Hassan.
L’alizé (taros en berbère), un puissant vent marin, souffle ici presque toute l’année, faisant d’Essaouira (baptisée « la cité africaine du vent ») l’éden marocain des surfeurs, alors que les amateurs de plage la délaissent au profit d’Agadir, plus au sud et qui jouit d’un climat plus tempéré. Ainsi, le charme de la ville tient au fait que le tourisme ne l’a pas totalement emporté. Le port de pêche est aussi animé qu’il l’a toujours été, les sculpteurs sur bois continuent de faire des merveilles et la médina compte tout autant pour ses habitants que pour les touristes.
Essaouira se situe à la croisée des chemins de deux tribus : les Chiadma arabes au nord et les Haha berbères au sud, auxquels il faut ajouter les Gnaouas, originaires de régions africaines plus méridionales – et aussi les Européens. D’où une culture des plus riches et mélangées. Par ailleurs, la lumière et la beauté de la ville séduisent les artistes depuis toujours. D’où une scène artistique florissante. Le sculpteur Boujemaa Lakhdar, qui créa le musée local dans les années 1950, a entraîné dans son sillage une nouvelle génération d’artistes. Depuis, les peintres gnaouas autodidactes, qui représentent leurs rêves au moyen de couleurs vives, se sont taillé une réputation internationale, principalement grâce aux efforts de la galerie Frédéric Damgaard .
L’hiver, lorsque le vent souffle puissamment et que les vagues s’écrasent sur ses murailles, est la saison la plus propice pour véritablement faire connaissance avec Essaouira. L’été, en revanche, la cité est envahie de vacanciers marocains, la plage est bondée et il est difficile de trouver un hébergement.