Essai routier complet: Dodge Challenger 2009

Il y a environ cinq ans, j’ai débuté l’aventure Auto Opinion.ca. Depuis le début, j’ai vécu beaucoup d’émotions. Cette aventure est très valorisante. Pour mes cinq ans, j’ai demandé à Chrysler s’il était possible d’obtenir une voiture d’essai très spéciale: la Dodge Challenger. Chrysler a bien compris l’importance que j’accordais à cet essai puisque c’est la rutilante SRT8 toute de noir vêtue qui m’attendait. La Dodge Challenger 2009 va à l’encontre de tout ce qui est politiquement correct: elle n’a que deux portières et ses deux places arrières ne sont pas pour les claustrophobes, elle offre une puissance hors norme, ses roues arrières sont motrices et son grondement n’est pas du tout discret.

J’aime les lignes de la Challenger depuis que les toutes premières images du prototype ont été publiées. La silhouette du modèle original de 1970 nous frappe instantanément. Bien que les dimensions ne sont pas les mêmes, les proportions ont été respectées. Les doubles phares, l’arrière relevé, les glaces de custode, presque tout est relié au passé… du moins à extérieur. Ce qui m’a déçu justement, c’est que l’habitacle ne fait aucune référence au passé. À quelques détails près, on se croirait dans une Charger. C’est toutefois parfaitement normal puisque la Dodge Challenger partage sa plate-forme avec la Chrysler 300 et la Charger. De retour à l’extérieur, on s’aperçoit au toucher que beaucoup de pièces de carrosserie sont fabriquées de plastique. C’est une bonne chose contre la rouille mais j’espère que l’avant va résister aux projections de pierres car il m’a semblé fragile.

Lorsque l’on prend place à l’intérieur, les sièges nous enveloppent littéralement d’un cuir de bonne qualité. Les matériaux du tableau de bord le sont également. Ils sont agréables au toucher. Ce ne sont pas de vulgaires plastiques durs. D’ailleurs, l’assemblage m’a semblé au dessus de la moyenne comparativement à d’autres modèles Chrysler. Le volant se prend bien en main et une bonne position de conduite est facile à trouver. Les cadrans sont blancs avec chiffres noirs et le soir venu, le tout est éclairé de turquoise pâle à la façon « gentil Chrysler » et non « méchant Dodge ». C’est donc relaxant mais pas très original. Ce qui décoiffe, c’est le son de la radio avec son gros « sub woofer » dans le coffre. Il peut jouer à peu près n’importe quoi de la radio AM jusqu’au DVD (sans écran toutefois) en passant par la radio satellite SIRIUS. Et pour une fois, Chrysler a réussi à placer les commandes essentielles sur l’avant du volant. Le régulateur de vitesse est toujours et encore placé sur un petit bras au bas du volant mais on s’habitue à cette disposition inhabituelle.

La pièce de résistance d’une bête comme la Dodge Challenger SRT8 se trouve évidemment sous le capot. Il s’agit d’un gros moteur V8 HEMI de 6,1 litres qui développe la bagatelle de 425 chevaux. Il est associé à une boîte manuelle à six rapports. Une transmission automatique est aussi disponible mais on s’entend que, pour une machine de ce genre, la manuelle est une évidence pour profiter des performances au maximum. Ce groupe motopropulseur est vraiment programmé pour vous faire profiter de performances hors du commun. Tellement qu’il est difficile de rouler à 90km/h en sixième vitesse car le moteur semble s’endormir. J’ai d’ailleurs oublié souvent de passer en sixième. Il faut aussi noter que le grondement est toujours présent, autant en accélération qu’à vitesse de croisière. Pas assez fort pour vous empêcher de parler à votre voisin mais ce grondement est toujours là, en sourdine. Les rapports se passent aisément et le freinage est excellent grâce à des étriers Brembo. La tenue de route est excellente mais pas aussi aiguisée que celle d’une vraie sportive. J’ai l’impression qu’il y a là également un clin d’œil au passé puisque le muscle car original avait beaucoup de puissance mais peu d’agilité sur la route. La réplique de 2009 est de beaucoup supérieure à son ancêtre mais il y a plus de débattement de la suspension arrière que chez une vraie sportive. Le confort, toutefois, s’en trouve amélioré, particulièrement sur de petites routes de campagne. Et il faut dire que les pneus de 20 pouces Goodyear Eagle F1 font du bon travail afin de coller la voiture à la route.

Ce n’est sûrement pas la voiture familiale par excellence mais les places arrière sont confortables. C’est du moins ce que m’ont dit mes enfants et, en fait, le seul problème est de réussir à y prendre place. Je m’y suis glissé afin de prendre les photos du tableau de bord et laissez-moi vous dire que ce n’est pas très facile. Le coffre est de bonne dimension pour une voiture de cette catégorie. La banquette arrière peut même être basculée vers l’avant en deux portions 60/40. Et si vous pensiez faire tourner la tête des demoiselles en vous promenant au centre-ville, sachez que c’est plutôt les gars qui se retournent! Ce doit être le désir de posséder une voiture de ce type et la rareté de la SRT8!

Finalement, je ne fus nullement déçu de l’essai de cette légende sur route. Et à ceux qui disent que ce n’est pas une bonne décision de Chrysler d’avoir ramené un classique tel que la Challenger, sachez que ce n’est pas une voiture pour faire augmenter les revenus. C’est une voiture conçue avec le coeur et non avec le portefeuille. D’ailleurs, celui de Chrysler n’étant pas très garni à l’époque, on a repiqué quelques éléments à d’autres voitures. Je peux vivre avec ça. Ce sera aussi votre décision car, si vous en achetez une, ce sera avec votre coeur car il n’y a rien de rationnel dans cet achat. La voiture consomme beaucoup si vous la conduisez à fond, n’a que deux places vraiment confortables, des roues arrières motrices et elle sera chère à chausser pour l’hiver, si vous ne décidez pas de l’entreposer! Mais comme le coeur a ses propres raisons que la raison ne comprend pas, vous passerez par-dessus ces inconvénients. Si seulement mon gérant de banque avait plus de coeur! En tout cas, Chrysler en a et j’espère que Fiat, le nouveau partenaire de Chrysler, en aura aussi. La Dodge Challenger 2009 ne fera pas gonfler le portefeuille de Chrysler mais c’est le genre de voiture qui fait la renommée d’une entreprise. Chapeau Chrysler!

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