Figure emblématique du Parti Populaire galicien, l’ascension de Rafael Louzan a été fulgurante. Elu député à 27 ans, Président de la Région de Pontevedra à 36 ans, il est considéré comme l’homme fort de Galice. Au centre de nombreuses affaires, Rafael Louzan, se voit aujourd’hui rattrapé par la justice espagnole. Un nouveau scandale en vue pour le Parti de Mariano Rajoy ?
LES JOURS HEUREUX
Cette photo prise en août 2013, montrant Rafael Louzan et Mariano Rajoy côte à côte date seulement de quelques mois. C’était le bon temps, le temps béni pour Rafael Louzan qui aime à poser devant les objectifs aux côtés de son ami Premier ministre. Le temps où le Président de la région de Pontevedra embauchait familles et amis, revendait ou achetait des biens de la région et piochait dans les fonds de la Communauté européenne en toute insouciance.
LE TEMPS DES JUGES
Mais en quelques mois, le vent a tourné et la justice espagnole commence à demander des comptes à celui qui se pensait protégé par son statut et ses amitiés. Aujourd’hui, les magistrats cernent Rafael Louzan et investiguent tant sur sa gestion de la région que sur ses affaires personnelles. Dernière affaire en date, suite à une plainte anonyme, une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur le versement d’un million d’euros à la société Aridos de Curro SL détenue par Juan Luis Abal Piñeiro, un cousin de Rafael Louzan. Cette somme a été attribuée par la région de Pontevedra dans le cadre d’une mesure d’expropriation d’une mine de granit exploitée par la société Aridos de Curro SL. Problème, selon l’avis des experts mandatés pour l’audit, la tarification de la carrière a été jugée bien au-dessus de sa valeur réelle, elle ne vaudrait même pas la moitié de ce qui a été payé. Et ce n’est qu’une des nombreuses casseroles que traine Rafael Louzan. Il doit s’expliquer également sur le détournement de fonds européen par son amie Nidia Arévalo au profit de sociétés auxquelles il est lié. Le 11 mars dernier, le Président de la région a été entendu par un juge pour répondre à des suspicions de crimes économiques, concernant des loyers largement sous-évalués. Le 18 février dernier, l’unité de délits financiers et fiscaux (UDEF) a fait une descente dans plusieurs villes de Galice, dans ce cadre, ils ont perquisitionné le bureau de Rafael Louzan et emmené des cartons entier de documents. Curieusement, dans aucune des affaires dans lesquelles son nom apparait, et pourtant elles sont légion, Rafael Louzan n’a toujours pas été mis en examen. Mais la poudre se rapproche dangereusement de la mèche…
SERIE NOIRE POUR LE PARTI POPULAIRE ?
Si Rafael Louzan devait être mis en examen dans l’une ou l’autre des affaires auxquelles son nom est mêlé, ce serait un nouveau coup dur porté au Parti Populaire. D’autant que son amitié avec Mariano Rajoy fragiliserait un peu plus, un Premier ministre qui se remet à peine des scandales Barcenas et Gürtel. Pour mémoire, l’affaire Barcenas, du nom de l’ancien trésorier du Parti Populaire, est une affaire de corruption mise à jour en 2013 par le journal El Païs. Selon le quotidien, les sommes détournées portent sur plus de 43 millions d’euros et Mariano Rajoy aurait pu recevoir de l’argent secrètement. L’instruction de l’affaire Gürtel ouverte en 2009 par le juge Baltazar Garzon n’est toujours pas terminée. C’est une nouvelle affaire de corruption au sein du Parti Populaire et de favoritisme dans l’attribution de marchés publics. La ministre de la Santé espagnole, Ana Mato aurait été une des récipiendaires de ces largesses. Elle aurait reçu, toujours selon El País, 50 000 euros de cadeaux, voyages, sac de marques etc. Amie de Mariano Rajoy, Ana Mato est restée au Gouvernement malgré le scandale. L’UMP avec les affaires Copé, Michèle Alliot-Marie ou Nicolas Sarkozy, n’est donc pas la seule en Europe à vivre une série noire… A la différence près que la formation dirigée par Jean-François Copé n’est plus aux affaires, en outre, dans une Espagne endolorie par la crise, il n’est pas certain que les citoyens ibériques supportent un nouveau scandale. Déjà lors de l’affaire Barcenas, une pétition avait circulée pour demander la démission du Premier ministre…