Dépendance affective : De l’attachement aux menottes !
Assise sur un banc derrière les barreaux, au poste de police, Hélène se demande comment elle en est arrivée là. Abattue, très impressionnée par ce qu’elle vient de vivre, elle passe et repasse dans sa tête les événements qui l’ont poussée à se retrouver menottée, emmenée par deux policiers et enfermée dans cette cellule. Comment l’amour peut-il conduire en prison ?!
Ce n’est pas à cause de l’amour que ma cliente en coaching est traitée comme une voleuse. C’est à cause de la dépendance affective. D’ailleurs, la voleuse, c’est l’autre : la maîtresse ! Celle qui lui a arraché son mari, ruiné son mariage et réveillée une Hélène sauvage et blessée, prête à attaquer et d’ailleurs accusée d’agression et de harcèlement. Son conjoint avait pris la fâcheuse habitude de faire des allers/retours entre les deux femmes, choisissant l’une quand l’autre lui « cassait les pieds », se plaignant de la maîtresse à sa femme et vice versa, couchant avec les deux entre-temps. Devenu peu à peu l’enjeu d’un bras de fer épouse/maîtresse, il « mangeait à tous les râteliers », ne considérant que son confort et non le respect de ces (ses ?) deux femmes qu’il montait l’une contre l’autre, dans une escalade de souffrances et de violence. Prises de panique devant la solitude, elles se disputaient celui qui nourrissait si bien leur névrose : essayez donc de retirer un os à un pitbull, pire à deux !
Le vide intérieur, associé à la trahison, au rejet et à l’abandon constitue un cocktail Molotov détonnant. Seule la douleur vous domine et vous dirige et la colère monte sournoisement, en même temps que le cœur saigne. Et qu’est-ce qu’elle a de plus, l’autre, cette « garce » ?! Avez-vous déjà entendu la chanson de Patricia Kass, écrite par Jean-Jacques Goldman : « Je voudrais la connaître » ? L’épouse se pose des questions sur la maîtresse et sur les attentions que son mari a pour elle. Attentions qui lui étaient réservées jusqu’à ce qu’une rivale entre dans le décor. Ca fait mal, très très mal : votre imagination crée des images qui vous transpercent le cœur et le corps, vous les voyez enlacés, il lui donne la reconnaissance et l’affection qui vous revenaient. Il vous a quitté pour elle, mais il revient se plaindre et se faire consoler quand ça ne marche pas comme il voulait de l’autre côté. Et vous, bonne poire, vous l’accueillez en votre sein, rassurant et tendre, espérant mettre toutes les chances de votre côté pour le convaincre de rester. Mais il repart. Alors vous tombez dans le harcèlement, vous appelez la maîtresse et vous l’insultez. Vous passez de longues heures à discuter, oups à vous disputer avec elle. Vous allez même jusqu’à débarquer à son domicile pour la voir en chair et en os, pour lui cracher au visage qu’il l’a trompée avec vous, quand et comment. Mais elle s’en fout : il est chez elle maintenant.
Ivre de colère et de douleur, vous demandez le divorce, involontairement, vous vous torturez, vous remuez le couteau dans la plaie, incapable de penser à autre chose qu’au passé. Puis un jour, vous passez devant la maison que vous avez habitée ensemble pendant de nombreuses années. Elle va être vendue et vous voilà dans un appartement minuscule, passant chaque seconde à les imaginer… Puis vous remarquez deux voitures stationnées devant votre ancien garage : il est là, avec elle, dans VOTRE maison ! C’en est trop, vous rentrez en furie dans la cuisine, vous attrapez l’intruse par le chignon pour la sortir de ce lieu sacré. Une bataille s’en suit, lui est dépassé, ne sachant plus pour qui prendre parti ni comment vous séparer. Il appelle la police qui débarque rapidement et menotte l’ex-épouse « hystérique » puisque c’est elle qui a attaqué. Le pire là-dedans, c’est que l’ex-mari choisira le camp de la maîtresse (c’est avec elle qu’il vit présentement) et témoigne contre son ex-femme qu’il voit partir menottes aux poignets. Pourtant, il a une grande part de responsabilités dans ce spectacle déplorable, lui qui fait le yoyo torturant celle avec laquelle il a vécu pendant presque 15 ans, revenant vers elle, pour mieux repartir chez l’autre.
Mais c’est Hélène l’accusée, celle qui part au poste où elle va faire un petit séjour, le temps de remplir les papiers. Si vous avez une compulsion à l’alcool ou la drogue, vous pouvez en consommer chez vous ou ailleurs, du moment que vous ne conduisez pas et ne mettez la vie de personne en danger. La police ne viendra pas vous arrêter parce que vous buvez 18 bières d’affilée, même si vous aviez dit que vous alliez arrêter. Ce n’est pas la même chose pour la dépendance affective : quand le juge décide que vous ne devez plus approcher ni communiquer avec celui qui représente votre drogue, autant demander à vos amis de vous attacher au mat du bateau, tel Ulysse résistant aux chants des sirènes ! C’est plus fort que vous, surtout si vous avez bu : vous allez l’appeler, lui dire votre souffrance, lui clamer votre amour, l’insulter pour ce qu’il vous a fait. Mais si la maîtresse tombe sur vos messages, elle qui espionne le cellulaire de son butin, elle fonce au poste de police faire constater le bris de condition et vous renvoie avec délectation en prison !
Hélène travaille chez le même employeur depuis plus de 15 ans, elle est stable et sympathique, appréciée de tous, jusqu’au jour où son mari, avec la complicité de sa maîtresse, la pousse à commettre des actes qu’elle n’aurait jamais imaginé commettre. Avant de finir avec une plainte pour harcèlement ou un casier pour agression, dès que la douleur frappe quand l’autre part avec tous vos espoirs et vos illusions, s’acoquinant à une femme aussi déséquilibrée que lui et que vous, faites appel rapidement à une aide extérieure car, croyez-moi, un bon coach vaut mieux que le meilleur des avocats sinon, vous finirez avec une plainte, au tribunal ou prison !
Et même si c’est difficile à entendre, sachez que ces deux-là vous rendent un grand service, vous obligeant à régler la dépendance affective. Ils continueront de s’enfoncer ensemble dans leur névrose et vous, vous irez, grâce au coaching, vers la Liberté !