Cherchez-vous votre moitié ou votre âme sœur ? Pour ce qui est de la « moitié », je trouve cette expression très « réductrice » : comme si nous n’étions pas des êtres à part entière ! Pire, comme si nous ne pouvions vivre sans « notre autre », totalement handicapés par le célibat. D’où vient ce concept de l’âme sœur et faut-il y croire ?
C’est Platon, dans « Le Banquet », qui évoque le premier la théorie des âmes sœurs expliquant que les humains, au tout début, auraient eu quatre bras, quatre jambes et une seule tête à deux visages. Zeus, le dieu des dieux grecs, les aurait coupés en deux, afin de les occuper, car il craignait leur pouvoir, les obligeant ainsi à chercher leur autre moitié toute leur vie. Ou encore, d’après la Théosophie et par la suite dans les thèses d’Edgar Cayce, Dieu aurait créé des âmes androgynes se divisant en deux sexes (et les homosexuels, alors ?) et au fil des réincarnations, elles sont censés se retrouver, une fois leur karma purgé, pour fusionner à nouveau. Bien sûr, nous nageons en pleine mythologie, pourtant, la théorie de l’âme sœur est très vivace encore aujourd’hui, bien que nous ayons abandonné l’idée des quatre bras et des quatre jambes et une seule tête à deux visages. Je frisonne à l’idée d’être condamnée à rechercher mon autre morceau et, surtout, en imaginant que s’il est passé sous un autobus avant que je ne le rencontre, c’est cuit : meilleure chance dans la prochaine vie !
La vraie question étant : comment se fait-il que nous nous sentions bien instantanément avec une personne qui ne devrait pas forcément devenir notre amant ou notre maîtresse ? Bien sûr, comme l’être humain est prompt à copuler, puisqu’il cherche, dans 98 % des cas, sa tendre moitié, dès qu’il se sent bien avec quelqu’un, il essaie de le faire rentrer dans la case « couple », avant même de connaître vraiment la personne. C’est ainsi que des relations se forment hâtivement et se déforment tranquillement, car les deux partenaires étaient faits pour être amis et non amants. Ils se quittent généralement en bonne intelligence et font de très bons parents séparés, certes, mais très cohérents et s’aident mutuellement. Étant bien avec soi-même et pas du tout en recherche de qui que ce soit, convaincu que votre couple se formera quand le moment sera venu, vous n’essayez pas de faire entrer la pièce du casse-tête (puzzle) où elle n’entre pas : l’amour n’est pas un casse-tête ! Vous prenez le temps de vivre votre célibat, attendant sagement de rencontrer LA bonne personne : celle qui vous ressemblera (et non votre « extrême » !) et pas forcément la seule et l’unique qui vous serait destinée.
Se ressembler dans la vision du monde, dans l’éducation, les valeurs, la philosophie de vie et les mêmes aspirations peut provoquer un coup de foudre. Comme je vous le dis souvent, ce n’est pas le coup de foudre qui est dangereux, mais plutôt les gens « foudroyés » : si ce sont deux personnes bien dans leur peau, elles vont se reconnaître instantanément dans leur équilibre. Mais si elles sont en dépendance affective et donc émotive, elles vont se reconnaître dans leur déséquilibre. Et j’utilise l’expression « se reconnaître » à dessein. Parce qu’effectivement, c’est une reconnaissance : vous reconnaissez instantanément (dans le cadre du coup de foudre) ou au fur et à mesure des rencontres (quand vous apprenez à vous connaître) que vous avez de nombreux points en commun et vous vous sentez très bien en présence l’un de l’autre : dans la confiance et le respect. Equilibrés ou déséquilibrés, vous « reniflez » la même personne que vous et, dans le premier cas, vous prenez tout de même votre temps pour vous découvrir et dans le deuxième cas, vous sautez l’un sur l’autre, persuadés avoir rencontré votre moitié ! C’est grâce à votre « site Internet subliminal » (ce que vous dégagez) que la connexion s’effectue : votre subconscient vous signale que vous êtes en face d’une relation potentielle. Comme vous êtes en train de le comprendre, le coup de foudre ne constitue aucunement la preuve que vous êtes en présence de LA bonne personne pour vous : ça peut être un coup de l’enfant intérieur qui vous signale que l’autre est au même niveau de déséquilibre que vous. Aouch !
Dans le déséquilibre, il est certain que seule la névrose vous rapproche et peut-être quelques autres points en commun, quoi que… Alors que si votre confiance et votre estime font de votre célibat une joie jusqu’au moment où l’Univers mettra sur votre route UNE personne (et non LA personne) qui vous correspond, vous formerez un couple heureux, vous choisissant pour de bonnes raisons. Ce que je signifie par-là, c’est qu’à mon avis, nous avons plusieurs personnes qui nous correspondent. Certes, nous sommes tous différents, c’est un fait, cependant, au niveau des valeurs, des comportements, des goûts et autres, il n’y a pas une multitude de courants de pensées. Pour avoir observé mes clients, mes amis, ma famille et ma propre vie aussi, et ce pendant près de 60 ans, j’en suis venue à la conclusion que c’est l’Univers (ou Dieu ou autre, selon vos croyances) qui met deux personnes qui vont bien ensemble sur la même route, quand les deux sont prêts et géographiquement proches. Ce qui élimine automatiquement les autres candidats, car, quand vous aimez vraiment et tout de la personne, vous êtes fidèle, entièrement comblé. Vos autres « possibilités » seront dirigées vers d’autres « candidats ». Ce qui me porte à penser que nous avons plusieurs chances de former un beau couple et non juste une seule âme sœur dont la rencontre pourrait être contrariée par un décès ou par un changement de direction de l’un ou de l’autre.
Je crois profondément que dans la névrose, on attire un(e) névrosé(e), l’enfant intérieur faisant le casting et repérant le même niveau de déséquilibre chez l’autre. Et je crois profondément aussi que dans l’équilibre ou tout du moins quand on est un(e) célibataire heureux/se, on croise une personne (homo ou hétéro) avec laquelle on cadre à tous points de vue et aussi sur l’aspect physique. Cette personne nous ressemble tellement (sauf au niveau des habiletés : chacun les siennes !) qu’on a l’impression de la connaître depuis la nuit des temps. Alors, elle peut être considérée comme une âme sœur, mais de là à dire qu’elle est la seule à vous être destinée, je crois, encore une fois, que nous avons plusieurs chances. C’est à vous de décider si vous voulez « adopter » la première personne qui passe (la pire ou la moins pire des personnes pour vous) ou si vous préférez attendre et sélectionner LA MEILLEURE des personnes pour vous. Chacun son choix et il n’y en a pas de bon ou de mauvais : nous sommes tous responsables de notre propre vie et moi, j’ai choisi : je veux la MEILLEURE personne pour moi. Alors, libre à vous de croire ou ne pas croire à l’âme sœur comme la seule personne qui vous serait destinée ou encore adopter l’idée que plusieurs personnes peuvent cadrer avec vous, dans l’équilibre ou le déséquilibre. Ce que vous croyez existe, à vous de choisir !