Ce que pense mon chien -jour d’ adoption

Je suis un chien. Alors que je vivais parmi les miens dans un bâtiment collectif de très moyen standing nommé SPA, je constatai que je m’ ennuyais et je ne sais comment, l’ idée d’ adopter un bipède germa en moi jusqu’ à devenir une résolution ferme et définitive.

J’ avais besoin d’ une affection que je ressentais de moins en moins parmi mes semblables.


Un dimanche,le directeur du centre, un bipède à notre service, doté d’ un humour douteux, nous enferma dans nos cages en déclarant : aujourd’ hui c’ est journée portes ouvertes!


Peu importe , je savais que c’ était le jour ou les bipèdes nous étaient présentés à l’ adoption et je comptais bien en choisir un.


Effectivement j’ eu le coup de foudre pour l’ un d’ entre eux, ça ne s’ explique pas , c’ était lui, je le savais.

Déployant des trésors de charme, je réussis à le faire approcher de ma cage , lui faisant comprendre que cette peur stupide d’ être mordu n’ était que le fruit d’ une légende et qu’ il n’ avait rien à craindre. Il hésita longtemps ,puis il comprit que j’ acceptais de l’ adopter et courra chercher quelqu’ un pour me faire ouvrir la porte.


D’ un commun accord tacite nous comprimes qu’ il valait mieux aller habiter chez lui, je savais qu’ un bipède a besoin d’ espace et qu’ il n’ aurait pas été heureux dans ma cage. Et puis je ne voulais pas le traumatiser. Je ne savais pas quel était son passé, peut-être avait il été battu ou abandonné.


Me voilà donc installé, et je dois dire que je n’ y perdais pas au change. Mon bipède vivait dans une grande bâtisse à la campagne et pour lui seul. Maintenant pour nous deux.


Avoir un bipède, ce n’ est pas tout, il faut s’ en occuper, lui apprendre certaines choses et surtout comprendre ses gestes ses attitudes.

Voici donc l’ histoire de ma première et unique expérience avec mon bipède.


Au bout d’ un certain temps, je comprenais ce qu’ il voulait, par exemple, lorsqu’il se levait et enfilait un vêtement cela signifiait qu’ il voulait que je le sorte. J’ allais immédiatement renifler une laisse pour lui faire comprendre qu’ il n’ avait pas le droit de sortir sans cet accessoire. En effet, il marchait lentement et si je ne le tirais pas au bout de la laisse je l’ aurais perdu.

J’ ai longtemps essayé de lui faire comprendre par exemple qu’ il valait mieux faire ses besoins dehors, c’ était plus hygiénique que de faire cela dans la maison et ça avait l’ avantage de marquer son territoire. Rien n’ y fit, il persista à ne marquer son espace que dans une petite pièce exiguë de notre demeure. Peut-être un traumatisme de jeunesse!


Par contre , je lui appris très rapidement à me servir à manger à heures régulières. Je fus très fier de cette réussite et de son intelligence à comprendre. Il apprit rapidement à m’ ouvrir les portes , à me brosser , à me laver. J’ avais un peu honte de me faire servir ainsi, mais il ne faut pas sombrer dans l’ anthropomorphisme et un bipède doit rester à sa place de bipède.


Ce n’ était pas un dominant, lorsqu’il rencontrait d’ autres bipèdes il n’ était pas agressif et même bien souvent il les ignorait. Tant mieux cela me facilitait les sorties avec lui.

D’ instinct il faisait la garde, il se plaçait devant un appareil dont j’ ai cru comprendre qu’ il s’ agissait d’ une télévision, et lorsque celle ci montrait des images de vingt deux bonshommes en culotte courte qui jouaient à la balle, il se levait, criait, tournait sur lui même, agitant ses pattes antérieures en l’ air. C’ était sûrement sa façon de montrer sa force et de les impressioner. En tout cas, ils sont toujours restés à leur place et ne se sont jamais risqués à entrer chez nous.


Doté de quatre pattes, il n’ a jamais, comme ses congénères, été capable de s’ en servir pour marcher ou courir, d’ où sa lenteur et son incapacité à flairer quoi que ce soit. Ce n’ est pourtant pas faute de lui avoir montré comment faire.

A de rares occasions, pourtant, après avoir bu sans soif quelque breuvage inconnu de moi , je l’ ai vu marcher de travers, puis se mettre à quatre pattes et enfin finir allongé sur le tapis pour s’ endormir.

Je l’ adore mon pépère,On aurait dit un vrai chien, il ne lui manque que l’ aboiement.