Le président ivoirien Alassane Ouattara compte sur une reprise économique rapide pour effacer les plaies engendrées par dix ans d’instabilité politique et de gabegie économique. Quand la croissance joue un rôle moteur dans le processus de réconciliation.
Lors de son discours d’investiture Alassane Ouattara a évacué les polémiques nées de la crise post-électorale. Son mandat ne sera pas un énième recommencement des luttes fratricides ivoiriennes, qui du général Gueï à Laurent Gbagbo ont lacéré l’unité nationale ivoirienne.
Au contraire, les ambitions du nouveau président ivoirien semblent orientées dans le sens de la reconstruction et de la réconciliation nationale. Une réconciliation qui passera forcément par une amélioration des conditions de vie des populations… et pas seulement des groupes proches de l’ex-rébellion !
C’est pourquoi Alassane Ouattara a fixé au Premier ministre Guillaume Soro des objectifs précis pour remettre le pays sur pied et rétablir le « vivre-ensemble » ivoirien, cité en exemple pendant des décennies à travers l’Afrique de l’Ouest.
Une fois achevée la phase actuelle de sécurisation du pays et, en premier lieu, de la ville d’Abidjan où les armes sont encore trop nombreuses à circuler, il faudra apporter des réponses pratiques et tangibles aux maux du pays. Le retour à la sécurité est un préalable incontournable et une priorité absolue pour bâtir le renouveau économique.
Quid de l’économie ivoirienne. Autrefois florissante et bénéficiant toujours d’un tissu économique unique en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire a lentement sombré depuis le début des années 2000.
Cette descente aux enfers, provoquée par l’instabilité politique s’est encore accélérée ces six derniers mois avec le blocage des exportations de cacao, les pillages divers et variés, mais aussi les opérations de racket réalisées par les sbires de Laurent Gbagbo dans les dernières semaines.
Autant de problématiques qui ont engendré de fortes hausses des prix, une explosion du chômage et des départs en rafale de sociétés étrangères. Ce sont sur ces axes concrets qu’Alassane Ouattara compte agir avec le soutien de la communauté internationale.
C’est en effet lorsque les Ivoiriens réaliseront que le retour à la légitimité démocratique entraîne de fait une amélioration des conditions sociales au quotidien, qu’ils seront prêts à tourner la page et opèreront une réelle réconciliation nationale.
Alassane Ouattara a hérité d’un pays exsangue aux défis multiples. Les ivoiriens aspirent à retrouver une vie normale et souhaitent que leur pays reprenne le chemin du développement économique. Le nouveau président a promis de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent dans les prochaines années. Sa réussite sur le plan économique est évidemment couplée au rétablissement d’une paix durable.
S’il réussit dans cette double mission, son mandat serait une réussite historique, non seulement pour la Côte d’Ivoire mais pour l’ensemble de l’Afrique.