AFFAIRE STRAUSS-KAHN : EDITORIAL DE FRANÇOIS-REGIS HUTIN, PARU DANS OUEST-FRANCE DU 21 MAI

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Pendant cette terrible tempête médiatique que  l’on nous impose sur ce dossier, il m’est apparu nécessaire de publier sur ce blog l’éditorial de François-Régis Hutin, plein de sagesse, nous rappelant fort justement  certaines valeurs sur lesquels doivent reposer les pratiques de l’information.

 

Je tiens également à souligner toute la pertinence de la chartre éthique d’Ouest-France : « Dire sans nuire, montrer sans choquer » que les journalistes de tous les médias devraient s’appliquer.

 

NON AU PILORI

« Terrifiantes, ces images d’un homme défait, hagard, perdu, d’un homme abattu, sonné debout comme disent les boxeurs.

C’était dramatique et insupportable, car cette horrible « parade » avait été voulue et organisée par les services de police new-yorkais, qui tenaient à exhiber leur prisonnier. On se serait cru en Chine où les policiers exhibent de la même façon les condamnés à mort avant de les exécuter. Ici, l’exécution était médiatique…

 

On ne pouvait qu’éprouver un sentiment de pitié et d’indignation de voir infliger un tel traitement à un homme connu dans le monde entier. Traitement égal pour tous, a-t-on affirmé. Peut-être, mais nous sommes indignés tout autant lorsqu’il s’agit d’un petit délinquant, car c’est toujours un homme et un homme qu’on humilie volontairement, ce qui est odieux, inacceptable. Nos protestations s’élèvent, en tout cas, que cet homme soit puissant ou qu’il soit misérable.

La publication de ces photos, la diffusion en boucle de ces séquences télévisées ont choqué. Certains ont voulu se justifier : ce sont les méthodes américaines, ont-ils avancé, et notre devoir est d’informer… Il ne faut pas regarder cela avec nos yeux de Français, car c’est une réalité qu’il faut prendre en compte comme elle est, etc. On peut argumenter à l’infini. Pourtant, la question est simple. Doit-on ou non respecter l’être humain, quel qu’il soit, en toutes circonstances ? La réponse est oui et c’est le respect qui doit dicter notre attitude. C’est le respect qui doit éclairer nos choix, par exemple de publier ou non de telles photos. C’est le respect qui permet de sauvegarder la dignité de la personne et de son image.

Bien sûr, il faut, en même temps et de la même manière, respecter le droit du public à l’information. Mais, en l’occurrence, l’information authentique interdisait que l’on présente la personne arrêtée comme un coupable alors même qu’elle n’est pas condamnée. L’information c’était de reconnaître, de rappeler et d’exiger le respect de l’innocent présumé.

Dire sans nuire, montrer sans choquer

La loi et les pratiques américaines ne sont ni la loi ni les pratiques françaises, certes. Mais, en territoire français, c’est la loi française qui doit être appliquée parce que c’est la loi et parce que cette loi préserve la dignité humaine. En effet, elle interdit de publier des photos de personnes entravées ou dans des situations dégradantes, qu’elles soient coupables ou non.

Ces images étaient diffusées et répandues dans le monde entier sur toutes les sortes de médias, a-t-on aussi argumenté. Est-ce donc une raison pour faire de même et pour enfreindre la loi ? La liberté d’information doit être totale, mais elle comporte un certain nombre d’exigences comme la vérification, la réflexion, qui devraient interdire la précipitation aussi bien que les comportements moutonniers. La réflexion qui devrait inciter à considérer l’ensemble des faits et, dans l’affaire qui nous occupe, l’accusé, mais aussi la victime. Or on voit bien, dans le cas actuel, que cette dernière compte peu, trop peu dans l’émotion créée par l’événement.

L’information n’est pas la course à l’audience et au profit qui pourrait en résulter. Dans l’Histoire, la liberté d’information a été l’objet d’un long combat. Aujourd’hui, c’est à son sujet un nouveau combat qu’il faut entreprendre : celui de la résistance à l’entraînement médiatique intense et passionnel que les nouveaux médias provoquent.

Nous savons ici que notre métier et notre devoir est d’informer, de dire et de montrer. Nous nous efforçons de le faire conformément à la charte éthique d’Ouest-France : dire sans nuire et montrer sans choquer ; expliquer, autant que faire se peut, plutôt que de clouer qui que ce soit au pilori moderne des médias planétaires. Et rien non plus ne nous interdit de nous pencher sur les victimes et d’approuver qu’elles soient protégées et qu’elles ne soient pas exhibées ».

 

Nous n’avons pas de leçon à recevoir  en termes de droit et de justice des Etats-Unis, pays où la peine de mort est toujours en vigueur, nous n’avons également pas de leçon à recevoir en matière mœurs  au regard du comportement du président John Fitzgerald Kennedy et de son clan concernant la disparition de Marilyn Monroe.

 

Dans ma prochaine note et dans le prolongement de cet éditorial, j’évoquerai mon désaccord  avec Eric Brunet, suite à son comportement dans son émission « Carrément Brunet » sur RMC.  

 

Gérard Doiteau

Adhérent UMP

HANDICAP ET CITOYENNETE

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