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OBLIGER UN(E) PROCHE À QUITTER LA PERSONNE QUI LUI NUIT : EST-CE LUI RENDRE SERVICE ?

« L’enfer est pavé de bonnes intentions » quand on se mêle des affaires des autres et, en plus, sans en comprendre les tenants et les aboutissants. Vous aurez peut-être déjà entendu cette phrase « tu vois bien que tu dois la/le quitter, il/elle te fait souffrir ! » prononcée sur un ton autoritaire qui vous fait également comprendre que vous êtes imbécile. Effectivement, personne ne comprend pourquoi vous n’êtes pas capable de sortir d’une relation qui vous nuit et vous fait perdre toute confiance et toute estime. Alors, on va essayer, par tous les moyens possibles et imaginables de vous forcer à vous extraire du piège, contre votre gré. Est-ce une bonne idée d’obliger un proche à quitter la personne qui lui nuit ?

Rester accroché à une personne qui vous humilie, vous fait vivre de la violence verbale, psychologique, voire physique s’appelle la dépendance émotive : vous êtes émotivement dépendant d’un autre être humain à travers le couple. Pour vous, quitter l’autre, c’est « crever » puisque le spectre de la solitude plane au-dessus de votre tête et vous la craignez plus que vous ne craignez la mort. D’ailleurs, certaines personnes en arrivent à se suicider parce que quittées. Vous voilà en sidération, incapable de prendre la moindre décision, toute forme de résistance anéantie, votre volonté envolée, balloté par les humeurs massacrantes de celui ou celle que vous avez choisi(e). En réalité, c’est votre déséquilibre (l’enfant intérieur) qui a fait le casting et plus vous avez besoin de l’autre, moins il est présent vous enfonçant dans les affres de la dépendance. Vous êtes « accro » et la simple idée que votre partenaire pourrait éventuellement, peut-être, sait-on jamais remplir le vide immense qui vous habite vous maintient prisonnier de la non relation. En réalité, vous êtes figé tel un lapin aveuglé par les phares d’une voiture.

Bien sûr, votre entourage vous exhorte à partir, vous démontrant par « a+b » que votre conjoint(e) vous nuit et vous détruit. Ça, vous le saviez déjà… Pas besoin des autres pour faire ce constat : l’anxiété généralisée qui vous tenaille les entrailles vous en avez déjà informé. Mais l’idée même de quitter l’autre vous pousse à penser que le remède sera pire que le mal et vous voilà terrifié, incapable de la moindre réaction, comme notre lapin aveuglé qui attend l’impact. Les autres réalisent-ils qu’ils vous traitent finalement d’imbécile puisqu’ils vous démontrent que vous n’êtes même pas en mesure de vous éloigner d’une personne toxique ? On s’entend que si vous en aviez la capacité, leurs discours réducteurs n’auraient pas lieu d’être prononcé. Je me souviens d’une cliente en coaching, malheureuse dans son couple, qui m’avait raconté être allée voir une psychologue qui lui avait dit « Vous voyez bien qu’il faut quitter votre mari, il vous fait souffrir ! ». Et ma cliente de répondre, à bout : « Mais si j’en étais capable, je ne serais pas dans votre bureau, je serais en train de faire ma valise ! ».

Certains ont réussi à arracher un proche des griffes d’une relation toxique : le remède a été pire que le mal quand la personne est en dépendance profonde. Il y a de grandes chances qu’elle y retourne et dans votre dos ! Ou encore, que la prochaine relation soit pire que la précédente puisque votre confiance et votre estime auront été salement amochées et vous attirerez de plus grands prédateurs. Je vous rappelle au passage que la lionne s’attaque à la gazelle la plus faible et non à la championne du monde de vitesse : plus vous perdez confiance et estime, d’un échec à l’autre, plus vous envoyez un message de proie facile et vulnérable et plus le prédateur que vous allez attirer sera féroce… Bien sûr, me direz-vous, parfois ça peut fonctionner de forcer la personne à faire ses valises (elle est dans un état second et ne peut plus réfléchir, donc elle vous suit) et l’embarquer chez vous. Mais quand le manque va se faire sentir, elle peut vous maudire parce que la douleur est vraiment épouvantable. Pensez-vous que ce soit une bonne idée de faire les choses contre son gré ? Même si vous êtes investi des meilleurs sentiments et de la volonté de sauver un proche, qui êtes-vous pour décider à sa place ? Le pire, c’est que vous risquez de vous couper de la personne en question et le jour où elle ouvre les yeux et décide vraiment de partir, vous en serez plus à ses côtés.

Ce n’est pas une bonne idée d’arracher quelqu’un à une relation aussi toxique soit-elle. La meilleure chose à faire est de garder le contact en évitant de critiquer celui ou celle qui lui nuit parce qu’entre garder sa drogue ou adhérer à vos critiques, le choix sera vite fait : vous allez vous faire virer. Un risque sur deux que la personne ouvre les yeux, dépendant si elle est combative ou passive. Combative, elle ira chercher de l’aide non pas pour déménager, mais pour reconstruire confiance et estime saccagées par le Trou noir affectif (Cf. « Le syndrome de Tarzan » (Béliveau éditeur) dans les filets duquel elle est tombée. La décision doit venir d’elle et il faudra attendre qu’elle soit convaincue à 100 % qu’il faut quitter la relation. Si elle a 0,01 % de doute, elle va y retourner, car elle garde un espoir que ça pourrait tout de même fonctionner. Et si la personne est passive, vous ne pourrez rien faire, car elle ne cherchera pas d’aide, repoussera toutes les perches que vous lui tendrez pour ouvrir les yeux et préférera rester dans une relation qui la fait souffrir plutôt qu’affronter la solitude qui la terrifie.

La décision de quitter une relation doit uniquement venir de vous et seulement quand vous en serez persuadé à 100 %, afin de ne plus jamais y retourner. Et si c’est l’un de vos proches qui souffre à cause d’une personne toxique, vous pouvez l’inciter à lire « Le syndrome de Tarzan » et rester à ses côtés pour l’aider à fuir quand elle sera décidée, si vous la sentez combative. Mais si elle décharge toute sa souffrance sur vous et vous oblige à l’écouter en « fermant votre clapet » afin que vous lui donniez le courage d’aller se faire à nouveau ratatiner par son/sa partenaire de vie, vous pouvez décider que c’est trop lourd à porter et le manifester avant de vous retirer. Vous n’êtes responsable de personne et vous ne pouvez sauver personne en dehors de vous-même, mais vous pouvez tendre une perche à votre proche qui se noie. A lui ou elle de la saisir pour apprendre à nager, mais il n’est pas question que vous la preniez par le fond du maillot de bain pour la maintenir à la surface de l’eau ou carrément la retirer du bassin. Une personne apprendra à nager que si elle l’a décidé.

Et si c’est vous qui subissez de la pression de la part de votre entourage pour quitter votre relation, ne laissez personne vous dire quoi faire, vous êtes le seul à décider pour vous : reconstruisez votre confiance et votre estime et quand vous comprendrez que vous méritez mieux que ça, vous partirez définitivement et vous ne retomberez pas dans les filets d’une relation toxique : vous aurez eu votre leçon ! Enfin, je vous le souhaite…

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