Le rapport de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) sur les énergies renouvelables a fait grand bruit quand il a été divulgué par le site d’information Médiapart. Le scénario envisagé par l’agence d’une France avec 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050 a été l’occasion pour les anti-nucléaires de réaffirmer leur revendication de l’abandon de la production d’énergie de source nucléaire. Dans le même temps, l’avis du Comité de prospective en énergie del’Académie des sciences, qui a analysé de façon critique les mesures proposées par le gouvernement dans le texte de loi sur la transition énergétique, est passé beaucoup plus inaperçu. Or, les analyses ne concordent manifestement pas sur les perspectives pour la politique énergétique de la France.
L’Académie des sciences qui a plusieurs fois exprimé l’urgence de lutter contre le réchauffement climatique, soutient les objectifs du gouvernement de réduction de la consommation des énergies fossiles fortement émettrices de CO2. Cependant,l’institution souligne les difficultés de la croissance rapide de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays. Le texte de loi prévoit de porter cette part à 32% d’ici 2030, ce qui est moins entreprenant que le scénario de l’Ademe, mais inquiète déjà les experts de l’Académie du fait des obstacles qui devront être surmontés pour opérer un tel bouleversement de la politique énergétique. L’avis de l’Académie des sciences souligne notamment que tant que la question du stockage de l’énergie électrique ne sera pas résolue, la fiabilité d’un système reposant en majorité sur l’éolien et le solaire ne pourra pas être assuré, et le recours aux énergies fossiles sera en conséquence nécessaire pour compenser l’intermittence de la production.
L’institution fait enfin remarquer que les émissions de carbone de la France sont trois fois plus faibles que celles des Etats-Unis et deux fois plus faible que celles de l’Allemagne: des chiffres flatteurs qui sont à mettre au bénéfice de la place du nucléaire et de l’hydraulique dans la production de l’électricien EDF. Elle recommande dès lors d’adopter une trajectoire réaliste car une sortie prématurée du nucléaire conduirait à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Or, pour l’Académie des sciences, les efforts doivent se concentrer en priorité sur l’urgence du réchauffement climatique.