Au regard de la crise libyenne, le temps est plus que jamais arrivé aux dirigeants africains de s’unir, de former un front, un contrepoids contre la puissance économique, politique, militaire et financier de l’occident. L’Afrique ne pèse pas, l’Afrique n’est pas visible aux yeux du monde, l’Afrique est un continent fantôme sur la scène internationale. Ce manque de visibilité est témoin de l’impuissance de l’Afrique de s’auto-défendre, s’auto-développer, s’auto-former et s’auto-industrialiser avec ses matières premières que l’occident exploite depuis le XVe siècle.
Si la Libye était une puissance nucléaire, l’idée d’une résolution onusienne autorisant l’intervention militaire en Libye, allait mourir de son propre poison. Le respect de sa puissance de défense s’imposerait. L’O.N.U. écarterait toute éventualité d’employer la force. La Libye est certes, un pays riches aux capacités militaires qui forcent le respect de bien des pays de la région ; mais pas aussi puissant pour mériter le respect des puissances occidentales. C’est dire que, hormis la dictature et le terrorisme de Kadhafi, la reconnaissance mutuelle de forces entre pays amis commande un traitement de rapports égaux.
Or, l’Afrique ne détient aucun arsenal économique, financier, politique et militaire pouvant la hisser à ce rang. La conférence de Berlin de 1884 n’avait non seulement divisé l’Afrique, mais aussi la psychologie des Africains. Ils ne voient le futur du continent que dans le lopin de terre que l’occident leur avait octroyé, il y a aujourd’hui 127 ans. Les mentalités sont essentiellement tribalo-claniques ou régionales. Elles freinent le décollage économique de l’Afrique au détriment du clan, de la région ou de ceux qui sont seulement aux commandes de la nation. L’Afrique doit surpasser ses clivages ethniques, claniques et régionaux au profit d’une identité nationale ou fédérale, gage d’un développement sûr et durable pour tous. Elle doit se mettre débout et dire non d’une seule voix à la domination occidentale !
Cette domination qui devait prendre fin avec les indépendances, s’est transformée sous les pseudonymes des organisations internationales, qui ne sont autres des micros conférence de Berlin, où les décisions sont prises sans l’Afrique et par ceux –là mêmes qui l’avaient partagée, il y a plus d’un siècle. Des pays truffés d’un lourd passé esclavagiste et colonial, tels que la France et l’Angleterre, siègent avec le droit de veto au conseil de sécurité des Nations Unis et continuent d’avoir des intérêts économiques en Afrique. Où est alors leur impartialité? N’est ce pas là un conflit d’intérêts ?
L’occident a fait de l’Afrique un jeu d’échec où les régimes politiques sont faits et défaits au gré de leurs intérêts économiques. L’élan démocratique pris par le Congo-Brazzaville dans les années 90 fut étouffé par ceux la mêmes qui prônaient l’avenue de la démocratie en Afrique. Où étaient, pour sauver la démocratie Congolaise, l’O.N.U et les forces de la coalition qui volent au secours des populations libyennes? La Libye n’est pourtant pas le seul régime dictatorial ou le seul peuple assoiffé de liberté au monde. Pourtant, on n’y voit pas la communauté internationale s’en préoccuper!
En ce XXIe siècle où les alliances géopolitiques garantissent la sécurité territoriale et économique des pays membres, l’Afrique doit s’unir pour contrebalancer la domination de toutes les puissances étrangères sur son continent. Ce rêve, cher aux pères des indépendances africaines, celui des Etats Unis d’Afrique, se présente aujourd’hui comme une urgence. L’époque où les pays évoluaient en solo est révolue. S’entêter, c’est accepter la domination, et ce ; quel qu’on soit le régime politique. C’est dire que la pérennité des régimes politiques en Afrique n’est pas une affaire de volonté nationale, mais plutôt celle des complots ourdis à l’échelle internationale.
Serge N. Mouyabi