LE PLAISIR
Peut-être avez-vous oublié ce qu’est le plaisir, perdu dans les méandres de la souffrance ou peut-être qu’on ne vous l’a jamais enseigné… Le plaisir est dans une multitude de petites et simples choses, encore faut-il être capable de le reconnaître : pourtant, il ne se cache jamais. Mais vous pouvez le cacher ! En effet, parmi les sept pêchés capitaux de la religion catholique, il en existe deux qu’il ne faut surtout pas manifestés : la luxure (recherche sans retenue des plaisirs sexuels) et la gourmandise. Très associés à la culpabilité, les plaisirs du sexe et de la table (bons vins, alcools en tous genres et bons petits plats) sont pourtant vos préférés. Et que dire du plaisir se s’aimer, plaisir solitaire qui devait rendre sourd celui qui s’y adonnait ! Ils vous ont bien eu, les curés, parce que vous les avez crus et vous êtes passé à côté de l’apprentissage de votre corps. Je reviendrai sur ce sujet dans ma prochaine chronique, que vous aurez plaisir à lire ! Mais entendons-nous bien : le plaisir, c’est comme l’alcool, le jeu, le sexe et la bouffe, il ne faut pas tomber dedans…
Le plaisir, ça s’enseigne et si vos parents n’ont pas pu le faire, pensez à former vos enfants. Ce que je remarque avec mes clients en coaching, c’est qu’ils n’ont pas eu le plaisir d’être aimés, câlinés, encouragés. Ou encore le plaisir de jouer avec leurs parents, qui auraient pu leur lire des histoires avant de dormir. Le plaisir de monter sur leurs genoux pour être rassurés. Le plaisir de faire des blagues ou des belles surprises avec la complicité du papa ou de la maman. Le plaisir de les voir ensemble, amoureux et heureux. Le plaisir de rire, d’être insouciant, d’être un enfant. Le plaisir d’une fête d’anniversaire, d’un gâteau et d’invités. Le plaisir d’être choyé, dorloté, de se sentir important. Si vos parents n’ont pas pu, su, vous donner ces plaisirs-là, quelle notion pouvez-vous bien en avoir ?
Celui qui grandit dans le plaisir, tout naturellement, en profitera sans excès. Celui qui n’en a pas eu, ou si peu, se jettera dessus. Surtout pour combler le vide intérieur. Si vous traversez le désert sans eau, assoiffé, comment vous comporterez-vous en arrivant à la première oasis ? La peur d’en manquer ou la souffrance de ne pas en avoir eu par le passé vous feront basculer : vous risquez de tomber dedans. Maltraité par vos parents, peut-être même par vos grands-parents (bien que souvent ils soient ceux qui vous auront le plus manifesté d’intérêt), le premier plaisir que vous allez apprendre sera souvent l’alcool puis le sexe, sauf si vous avez connu les plaisirs solitaires avant la bière ! Encore faudra-t-il que vous ne tombiez pas dans le plaisir de donner du plaisir en oubliant d’en prendre. C’est ainsi que beaucoup, homme ou femme, ne jouissent pas, trop préoccupés à faire jouir l’autre : donner du plaisir à l’autre, c’est le convaincre de rester. Mais au-delà du sexe, n’y a-t-il pas, dans la vie d’adulte, du plaisir à être avec votre conjoint plutôt que la peur d’être seul, du plaisir à aller travailler plutôt que la peur de manquer d’argent, du plaisir à préparer un bon repas, lire un bon livre, regarder un bon film, plutôt que la peur de s’ennuyer ? Je vous le répète, il y a des plaisirs simples, comme le plaisir d’être en bonne santé et votre famille également. Le plaisir de voir un coucher ou un lever de soleil depuis votre fenêtre.
Tous ces plaisirs peuvent devenir compulsions, quand ils deviennent besoin : l’alcool, la bouffe, le sexe, le travail, les sites Internet pornographiques, les sites de rencontres, et j’en passe et des meilleures. Comment savoir que vous tombez dans la compulsion ? Vous n’êtes jamais rassasié : il vous en faut toujours plus. Au lieu d’être écœuré, vous devenez boulimique, jusqu’à en souffrir, jusqu’à culpabiliser. A ce moment-là, il est temps de se poser les bonnes questions. Vider une bouteille d’alcool sans vous en rendre compte, parce que vous n’avez pas pris le temps de déguster chaque gorgée, sentir les parfums éclater dans votre bouche. Toucher, caresser une personne que vous connaissez par cœur avec des gestes mécaniques et souffler d’ennui quand elle ne jouit pas assez vite. Ne plus avoir de plaisir au lit. Passer une soirée avec vos amis et ne plus vous en rappeler, manger sans faire le différence entre un bon plat et du fast-food juste pour vous remplir, sont autant de signaux pour vous faire allumer. Vous n’êtes plus dans le plaisir : vous vous anesthésiez. Le plaisir, je l’avoue, je suis tombée dedans par le passé. La fête, les sorties à Paris, les bonnes bouffes arrosées entre amis, les rencontres d’un soir, le plaisir de séduire, tout y est passé. Et même si je ne regrette rien aujourd’hui, parce que du plaisir, j’en ai eu, je me suis dirigée vers d’autres formes de bien-être et de satisfaction : manger santé, bien dormir, faire du sport et jouir de chaque instant de vie.
En conclusion, faites-vous plaisir dans chaque chose que vous faites, les petites comme les grandes, balade en forêt, bonne bouffe en famille ou entre amis, lecture au coin du feu ou dans votre lit, loisirs, activités avec les enfants, un coucher de soleil ou un lever du jour, juste le plaisir d’être en vie et peut-être en bonne santé, ainsi que ceux que vous aimez. Le plaisir de vivre et de simplement respirer.