« J’AURAIS VOULU ÊTRE UN ARTISTE » : ATTENTION À LA NOTORIÉTÉ !

« J’AURAIS VOULU ÊTRE UN ARTISTE » : ATTENTION À LA NOTORIÉTÉ !

 

Vous vous souvenez de cette chanson « J’aurais voulu être un artiste » et vous vous demandez ce que ça fait d’être une personne connue et peut-être même en rêvez-vous. Il existe deux façons d’être célèbre : soit votre objectif est d’être connu d’une façon ou d’une autre, et pour ce faire, vous pouvez remonter les Champs Élysée (Paris) ou la rue Ste-Catherine (Montréal) tout nu : vous serez en première page des journaux ! Soit vous êtes connu à travers une activité que vous aimez, mais la notoriété n’était pas votre objectif. Dans le premier cas, votre besoin de reconnaissance vous pousse à choisir un job ou à faire un coup d’éclat pour être en vue, alors que dans le deuxième cas, c’est directement relié à votre activité professionnelle ou artistique : ça vient avec, comme un avantage ou désavantage collatéral. Pourquoi désavantage ? Parce que ce n’est pas donné à tout le monde de vivre une vie de personnalité connue.

 

Quand je parle d’activité professionnelle, il ne s’agit pas uniquement d’un métier artistique (chanteur, acteur, etc.), il peut s’agir également d’un métier qui vous place au cœur d’une ville : caissière dans une grande surface, toutes les professions médicales, banquier, tous les commerçants, serveur dans un restaurant ou un bar, le système éducatif, travailler à la poste, maire, conseiller municipal, bref, tous les jobs reliés au service au public et par lesquels toute la ville est obligée de passer. Cela fait de vous une personne connue, sans que vous ayez particulièrement visé la notoriété. Cependant, quand plus de gens vous connaissent que vous n’en connaissez, vous vous exposez : difficile d’aller dans le sex-shop du coin ou de louer des films pornos ! Vous êtes connu, on vous connaît et vous voilà condamner à vous tenir correctement en toutes circonstances, car le moindre écart de langage ou de comportement sera rapporté, car, d’une certaine façon, vous êtes surveillé…

 

De plus, si vous avez envie d’un souper en amoureux, d’être tranquille, il ne faudra pas choisir un endroit public et encore moins si vous trompez votre femme ou votre mari ! Sans tomber dans cet extrême, il se peut également que vous ayez envie d’aller faire vos courses sans parler à qui que ce soit, car vous n’êtes pas d’humeur causante : eh bien, il va falloir mettre un faux nez et des moustaches, pour ne pas être reconnu ! Des gens vous saluent forcément, vous parlent, vous sollicitent parfois. Et quand on est contrarié ou malheureux, on n’a pas forcément envie de papoter. Pourtant, pas question de vous montrer sous votre aspect grincheux… Pire, si vous n’êtes pas capable de sortir sans être tiré à quatre épingles, parce que vous pensez avoir une réputation à défendre, vous voilà obligé de vous « saper » pour aller chercher le pain ! C’est encore plus vrai pour les femmes qui deviennent prisonnières de leur apparence et ne sont plus capables d’être vues sans maquillage et vêtements chics ou sexy : sachant qu’elles vont croiser du monde, elles veulent uniquement se montrer sous leur meilleur aspect. Donc, encore là, pas question de sortir les cheveux en pétard, pas maquillée, en jean et tee-shirt, bref en tenue décontractée (c’est ma tenue pour coacher mes clients !).

 

Vous qui ne l’êtes pas, ça vous tente encore d’être connu ?

 

Lorsque votre notoriété est relative à un métier public, médiatisé, il y a deux catégories de personnes : celles qui le vivent bien et ont toujours le sourire, s’habillent comme elles le souhaitent et restent naturelles, maquillées ou pas, bien habillées ou pas. Ces personnes-là vivent leur vie comme tout le monde et se moquent du jugement ou des paparazzis, bien dans leur peau et toujours de bonne humeur. Puis il y a la catégorie qui aime être reconnue, mais que ça agace aussi parfois, qui se contraint à sortir en tenue de gala quelles que soient les circonstances et qui a parfois (ou souvent) des comportements inappropriés avec le public ou simplement avec les personnes croisées dans le quotidien. Moi-même, quand j’entends qu’un acteur/chanteur (je ne citerai pas de nom, pas question de lui faire de la publicité !) fait une crise parce qu’il n’a pas pu déguster une pizza sur les Champs Élysées sans que ces fans ne l’assaillent, je souris. Il aurait fait n’importe quoi, dans ses débuts, pour être reconnu et maintenant que bien installé, il n’a aucune patience avec ses fans : ce sont eux qui font sa notoriété ! Quand vous êtes une personne publique, votre boss, c’est le public ! Et en France, on le sait, quand on est connu, on évite de se mélanger à la foule. C’est la rançon de la gloire !

 

C’est différent au Québec, où les gens sont très respectueux. Les artistes les plus connus, internationaux, peuvent sortir dans les rues : ils ne seront pas harcelés. Beaucoup de stars américaines viennent à Montréal, car de nombreux films y sont tournés (c’est ainsi que j’ai tourné avec Angelina Joly !). Quand une célébrité internationale, canadienne ou québécoise se mêle au public, les gens chuchoteront son nom en tirant le bras de celui ou celle qui les accompagnent pour leur montrer le monstre sacré qui passe dans la rue. Mais ils n’iront pas demander un autographe ou harceler. Être auteur, c’est encore différent, car notre visage n’est pas mis en avant : c’est amusant de se promener dans une foule, sachant que vous croisez des lecteurs qui adorent vos livres, mais ne savent pas qu’ils viennent d’en frôler l’auteur ! Cependant, certains vous reconnaissent : je ne sais pas comment ils font ! Ils me répondent simplement : « J’ai vu votre photo au dos du livre ». Ça me sidère à chaque fois ! Et quand on vous aborde, au Québec, c’est toujours très gentiment. Mais le plus drôle, c’est que c’est à la voix qu’on me reconnaît le plus souvent, surtout à Sept-Îles ! Quand je passe à la télévision, j’ai souvent entendu des personnes me raconter qu’elles vaquaient à leurs occupations, la télé allumée, écoutant d’une oreille distraite le son, quand soudain elles reconnaissaient ma voix et se précipitaient dans le salon pour voir si c’était bien moi.

 

Au 94.1 FM, à Sept-Îles, je fais une chronique de huit minutes tous les mercredis à 16h40, depuis trois ans, et quand j’y suis allée le week-end dernier, pour le salon du livre, je me suis retrouvée dans une drôle de situation : les personnes que je croisais, en ville ou au salon, me reconnaissaient… à la voix ! D’où ma blague : je suis la seule personne que les gens reconnaissent les yeux fermés ! Sachant que l’un des bénévoles était un fan de ma chronique, je me suis approchée de lui, avec ma grande cape en velours rouge (qui va avec ma tenue de Reine… sur un échiquier !) et je lui ai lancé, en lui tendant la main : « Alors, il paraît que vous êtes un de mes fans ?! ». La femme qui se tenait devant lui, il ne l’a pas reconnue, mais la voix, si ! Et ce fut ainsi tout le week-end : les commerçants, notre serveuse pour le petit déjeuner, certains adjoints au maire, et bien d’autres sursautaient en entendant ma voix (et sûrement mon accent !) et me reconnaissaient. Quel accueil chaleureux, j’ai reçu ! Même si on me reconnaissait, personne n’a eu de comportement déplacé. Le plus amusant est d’entendre le public me dire « vous êtes comme à la radio ! » ou « vous êtes comme dans vos livres ! ». Eh oui, le public « avale » l’image dont vous le nourrissez à travers les médias, encore faut-il que le ramage se rapporte au plumage : que vos paroles soient en rapport avec vos actes. Si les gens vous croisent dans votre vie quotidienne, quand vous n’êtes pas en représentation, et que vous les envoyez promener, quelle réputation êtes-vous en train de vous tailler ?

 

Être un artiste ou une personne connue dans une ville requiert d’être aimable avec tout un chacun, pas juste dans votre profession. Vous serez jugé sur vos comportements dans votre vie extérieure, avec les gens que vous côtoyez pour d’autres raisons que pour faire un show ou vendre quelque chose. Des gens connus, j’en croise, certains sont fidèles à eux-mêmes et naturels, d’autres hypocrites et négatifs. Même quand ce sont des auteurs de livres de croissance personnelle : ils feraient bien de lire ce qu’ils écrivent ! J’avoue que je suis moi-même sensible aux comportements des personnes publiques que j’aime bien : si j’apprends qu’ils font des caprices de diva et sont épouvantables avec ceux qu’ils croisent, je décroche instantanément, sur le bon vieux principe qu’il est plus important d’être une personne de valeurs plutôt qu’une personne de succès. Le succès ne m’impressionne pas, alors que l’intégrité a tout mon respect. Ne vous jugez pas sur le nombre de personnes qui vous suivent : jugez-vous sur la qualité des personnes qui vous choisissent. Souvenez-vous : 98 % de la population est en déséquilibre sur une échelle de 1 à + de 10 ! Ce qui fait juste 2 % de la population qui vous suivront. Mais un « 2 % » de qualité !

 

Les mauvais comportements reposent sur la souffrance et un manque de jugement et de valeurs. Que ce soit à la ville, comme à l’écran, peut importe votre degré de notoriété : l’important, c’est de bien vous comporter et c’est très facile, quand vous êtes bien dans votre peau et heureux : c’est mon cas. C’est vite fait de « décoller », quand le succès frappe à votre porte, vite fait de vous  « prendre pour un autre » : sachez que ce que le public a fait, il peut le défaire et vous lui devez le respect. Et je terminerai cette chronique avec la dernière phrase de la chanson : « J’aurais voulu être un artiste, pour pouvoir dire pourquoi j’existe ». Pas besoin d’être une artiste pour ça, moi, je le sais pourquoi j’existe ! Et vous ?

 

 

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