PRÉSENTER VOS ENFANTS AU NOUVEAU PARTENAIRE

PRÉSENTER VOS ENFANTS AU NOUVEAU PARTENAIRE

 

C’est une question qui m’est souvent posée : quand faut-il présenter vos enfants à un nouveau ou une nouvelle partenaire ? Quand vous êtes certain que la relation est stable. Bien sûr, vous allez me dire qu’on ne peut être certain. Eh bien je vous répondrai que vous pouvez attendre d’être sûrs, tous les deux, que vous voulez faire un bout de chemin, sinon tout le chemin ensemble. N’en restez pas aux paroles et aux beaux serments d’amour, passez aux actes : quand vous décidez de vivre ensemble et que vous cherchez activement un logement ou dès que vous « officialisez » votre relation, c’est que vous êtes mûrs pour en parler aux enfants. Continuez, cependant, à regarder votre tableau de bord : un voyant lumineux peut se mettre à clignoter au bout de six mois seulement… a vous d’être prudent !

 

Souvenez-vous que vos enfants ont déjà vécu une première séparation et que, autant que faire se peut, il n’est pas judicieux de leur en faire vivre d’autres. Certains parents n’hésitent pas, et c’est bien dommage, à présenter chaque conquête, sans se demander quelle perception les enfants peuvent avoir d’un parent qui change de partenaire comme de chemise. Attention, vous prêchez par l’exemple, encore faut-il donner le bon exemple. Vos enfants s’imprègnent de ce qu’ils vous voient faire et le reproduiront plus tard. Si vous prenez votre temps pour choisir la meilleure des femmes ou le meilleur des hommes pour vous, au lieu de vous ruer sur la première personne qui passe, vos enfants comprendront que « recruter » un conjoint ou une conjointe est une stratégie et non une loterie.

 

Quand vous vous êtes jeté dans la vie affective (ou dans la vie tout court), personne ne vous a expliqué les règles du jeu : vous avez essayé de survivre, de surnager, de vous accrocher à tout ce qui semblait flotter. Le résultat étant que vous avez vécu une séparation impliquant l’équilibre de vos enfants. C’est bien de leur montrer qu’on a le droit de ne plus être heureux avec quelqu’un et qu’on peut reprendre sa liberté. Encore faut-il en faire bon usage et non collectionner les partenaires. Ou alors, faites-le mais sans que vos charmants bambins ne soient au courant. Ne leur racontez pas non plus vos histoires de fesses, ils ne sont pas vos confidents ! Vous avez des copains pour vous vanter ou des copines pour vous écouter. C’est déjà traumatisant d’imaginer nos propres parents en train de copuler, alors vous transformer en Dom Juan ou en mère ayant la cuisse légère ne peut que choquer votre progéniture. Surtout si vous pleurez sur leur épaule une fois que vous vous êtes fait virer.

 

N’inversez pas les rôles : vous devez soutenir vos enfants, les encourager et les consoler. Quand vous vous comportez comme des enfants, vous appuyant sur les vôtres parce que  vous avez de la peine, vous les transformez en parents. C’est la pire chose pour un jeune : vous ne lui faites plus des câlins pour donner mais bien pour prendre du réconfort. Vous ne leur donnez plus de l’affection, vous en rackettez ! L’énergie ne va plus du parent à l’enfant, mais de l’enfant au parent, qui se retrouve responsable de votre bien-être et veut vous rassurer. Beaucoup sont devenus le parent du parent et quand vous « copinez » au lieu de vous faire respecter dans la hiérarchie de la famille, vous déstabilisez vos gamins. Si vous voulez faire les 400 coups, après une séparation, pour vivre votre adolescence, c’est votre droit le plus stricte, mais ne mêlez pas les enfants à cela. D’ailleurs, vous n’avez pas à les tenir au courant de votre vie sexuelle : Il y a ce que l’on dit et ce qui ne se dit pas. Ils peuvent savoir que vous sortez, puisque vous êtes célibataire, mais ne leur faites pas compter le nombre de vos victimes.

 

Dans la quarantaine, frappée par une boulimie de p’tits jeunes, c’est évident que ma fille ne savait rien de mes frasques. Je « sévissais » quand elle était en vacances chez ses grands-parents. Aujourd’hui, elle a 15 ans et me voit prendre mon temps pour choisir celui qui sera son beau-père, autant qu’elle prend son temps pour choisir son premier petit copain. Je reste sa maman, sa confidente, son guide, mais je ne m’appuie jamais sur elle. Ma fille ayant vécu deux séparations (son père Jules et Jim – cf « Le syndrome de Tarzan » (Béliveau éditeur) http://pascalepiquet.com/syndrome-de-tarzan.php), je ne lui en ferai pas subir une troisième, car si j’étais névrosée, aujourd’hui je ne le suis plus et n’ai donc plus d’excuse ! J’avais mis du temps avant de lui dire que Jim était un partenaire et non un ami comme je l’avais prétendu : pas dupe, elle l’avait compris. Il vivait déjà chez nous (dormant sur le canapé, puisque viré par son père) et quand j’ai officialisé la situation, j’étais sure que c’était pour la vie. Oups !

 

Il ne faut pas non plus mettre vos enfants dans la confidence et les tenir au secret : vous avez quelqu’un dans votre vie, mais il ne faut pas le dire à papa ou maman. Vous les forcez à mentir ou à cacher quelque chose à une personne qu’ils aiment. Ce n’est pas joli, joli ! Laissez-les donc en dehors de ça, jusqu’à ce que ce soit officiel. Lorsque vous avez accordé vos violons et que vous êtes heureux de leur présenter une personne qui compte beaucoup pour vous, que vous avez suffisamment « testée » pour vous engager et réciproquement, vous pouvez alors organiser une rencontre à l’occasion d’une activité. Votre premier devoir est de protéger les enfants. Il ne s’agit pas de faire de cachoteries ni de mentir : votre vie privée doit rester privée jusqu’à ce que vous décidiez de former un couple, chacun chez soi ou dans la même maison.

 

Mon père avait quatre frères et moi, beaucoup de tantes Jane, selon la chanson de Gilbert Bécaud :

 

Les madames qui venaient
voir notre oncle après dîner,
on les appelait tante Jeanne.
Ce n’étaient jamais les mêmes,
mais on les aimait quand même

 

car ils ont tous divorcés et eu beaucoup d’aventures. Sauf mon père. Mais chaque fois qu’on m’en présentait une, je demandais si c’était encore une tante et s’il fallait que je l’embrasse. Quand ce sont vos propres enfants, préservez-les de vos frasques et de vos névroses : pas facile pour eux de constater l’instabilité de leurs parents. Ils ont un grand besoin d’être rassurés, surtout après un divorce, et voir défiler vos conquêtes, auxquelles ils risquent de s’attacher, ne peut que les marquer.

 

Alors soyez adulte et assumez votre vie de nouveau célibataire, quitte à vivre votre adolescence en butinant, sans en informer vos enfants. Jusqu’au jour où vous rencontrerez une personne hors du commun et vous serez certain de vouloir à nouveau une vie de couple. Patientez quelques mois (Combien ? C’est à vous de le savoir !) et quand vous aurez le maximum d’assurance que votre couple s’en va vers le bonheur à deux, informez-en vos enfants et faites-leur rencontrer l’élu(e) de votre cœur. Et si vous avez respecté les consignes de sécurité, ça pourrait bien être votre partenaire pour la vie, pour la plus grande joie des petits ou des grands : souvenez-vous qu’ils aiment voir leurs parents heureux, même s’ils ne sont plus ensemble !

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