POURQUOI VOULEZ-VOUS TANT SAUVER LES AUTRES ?
Dans la chronique de la semaine dernière, je vous expliquais que vous n’êtes responsable de personne et que vous ne pouvez sauver personne, en dehors de vous. Et je vous rappelais que même Dieu, si vous y croyez et faites appel à lui, ne le peut pas sans votre aide. « Aide-toi, le Ciel t’aidera« . Cependant, d’où vient cette volonté impérieuse de sauver les autres, Desperado que vous devenez, devant l’Éternel ?
Que vous soyez heureux ou malheureux, vous vous sentez peut-être investi d’une mission : donnez du bonheur autour de vous. Rappelez-vous l’une de mes phrases du jour « Votre première mission, c’est d’être heureux, la seconde d’en faire profiter les autres » (Pascale Piquet). Remarquez-vous qu’il faut commencer par vous ? Et en faire profiter ce qui le veulent, pas ceux qui ne vous ont rien demandé. Quand vous êtes malheureux, vous pensez pouvoir vous nourrir du plaisir et du bonheur que vous donnez aux autres et, tellement boulimique d’amour et d’attention, vous vous transformez en esclave que ceux que vous voulez rendre heureux utilisent tout à loisir. Résultat, vous obtenez le mépris et on vous renvoie rarement l’ascenseur… Étant heureux, vous souhaitez que tout le monde le soit et vous essayez de convertir tous ceux que vous croisez, ne supportant pas d’être bien quand d’autres ne le sont pas. La culpabilité vous ronge et altère le travail que vous avez fait sur vous pour atteindre la sérénité, car il n’est pas question de profiter de cet état quand d’autres n’en profitent pas. Qu’ont-ils fait pour y arriver ?
Aider ponctuellement une personne (amis, famille, proches) qui perd pied et lui tenir la tête hors de l’eau le temps qu’elle réapprenne à nager est un geste généreux et sensé. Mais vouloir rendre heureux quelqu’un qui n’a aucun atout pour cela, qui a décidé de gâcher sa vie et qui ne vous a pas demandé votre avis, c’est entrer dans son couloir de natation pour l’obliger à faire ce qu’il est déterminé à ne pas faire. Voudriez-vous vous occuper de vos affaires et rester dans votre couloir de natation ?! Quand vous êtes face à un être humain qui ne croit pas au bonheur, qui a la faculté de se fourrer dans tous les pièges qu’il peut croiser, décide de rester avec un partenaire qui lui nuit ou boire jusqu’à la lie toutes les bouteilles qu’il peut trouver ou se droguer pour vivre dans un monde artificiel, le sien étant inhumain à supporter, de quoi vous vous mêlez ?
Pas plus que Dieu vous ne pourrez sauver quelqu’un qui a décidé de couler. Et quand une personne se noie, si vous ne savez pas comment la ramener, pas formé à ce métier, vous coulerez avec. N’avez-vous jamais fait le lien entre les souffrances que vous avez vécues et le fait de vous être pris en main ? Ce sont elles qui font très souvent avancer l’être humain. Et certains ont un seuil de tolérance très élastique et finiront par toucher le fond comme je l’ai fait. Il n’aurait pas fallu que vous vous mettiez entre l’alcool et moi quand l’anxiété m’écrasait la cage thoracique et vos beaux discours sur les dangers de ce produit m’auraient fait ricaner le temps de tomber en coma éthylique. C’était la seule façon pour moi d’arriver à respirer étant tout le reste du temps en apnée, broyée par la souffrance due à tous les problèmes que j’avais accumulés.
Il faut toucher le fond pour remonter ou y rester. Certains doivent se rendre jusque-là et si vous les en empêchez avec votre bonne volonté, leur donnant de l’argent quand ils n’en ont plus, leur faisant toutes sortes de grâces qui les maintiennent à un stade où la souffrance reste endurable, vous empêchez leur progression… vers le fond. Soyez assez humain et ayez assez de compassion pour comprendre que plus vite ils atteindront leur seuil de tolérance, plus vite ils auront la chance de se reprendre en main, d’autant que lorsque vous agissez en sauveur, ce n’est pas eux que vous voulez sauver, mais vous. Quand une personne refuse votre aide parce qu’elle ne croit pas/plus au bonheur ou qu’elle a décidé d’adopter des comportements qui lui nuisent (compulsions), vous ne l’en empêcherez pas. C’est à elle d’avoir le déclic qui lui permettra d’aller chercher de l’aide. J’ai attendu d’être à genoux au sol, incapable de respirer, plus rien ne tenant debout dans ma vie même pas moi pour que mon instinct de survie s’enclenche et que je décide de faire appel à une aide extérieure. Le shiatsu m’a libérée de la colère et la tristesse qui généraient l’anxiété généralisée et me poussaient vers l’alcool.
Peut-être me trouverez-vous sans cœur, surtout ceux qui vivent beaucoup de culpabilité, quand vous lirez que je ne suis responsable de personne et ne peux sauver personne, malgré le métier que je fais. Ma propre expérience m’a enseigné qu’il faut d’abord faire comprendre à la personne qu’elle est responsable de sa vie et qu’elle a parfaitement le droit de la « bousiller » ou de la reprendre en main pour un avenir meilleur. Encore faut-il qu’elle croie au bonheur, sinon, c’est cuit ! Alors, restez donc dans votre couloir de natation et si vous voyez quelqu’un en déperdition, tendez-lui une perche en lui proposant une solution si elle est ouverte à cela. Sinon, passez votre chemin, l’âme en paix, en vous disant qu’elle ne souffre pas encore assez pour ouvrir les yeux ou pour les fermer se laissant aller à toutes ses compulsions. Et elle en a le droit.
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Lisez la chronique de Pascale Piquet, tous les mercredis, depuis 2007.