WADA dénonce la tolérance de l’USADA envers les athlètes américains contrôlés positifs

Le 7 août, l’Agence mondiale antidopage (AMA), dont le siège est à Montréal, a réagi à un article publié plus tôt dans la journée révélant que l’Agence américaine antidopage (USADA) a permis, durant des années, à des athlètes dopés de continuer à concourir. Selon l’AMA, au moins un de ces cas n’a jamais été rendu public, ni sanctionné, en violation directe du Code mondial antidopage ainsi que des propres règlements de l’USADA.

Dans sa déclaration, l’AMA a souligné que cette pratique de l’USADA constitue une infraction flagrante aux règles établies pour protéger l’intégrité des compétitions sportives. L’AMA a précisé qu’elle n’a jamais approuvé les pratiques de l’USADA qui consistent à permettre à des athlètes contrôlés positifs de continuer à participer à des compétitions.

Carl Lewis, neuf fois médaillé d’or olympique, a reconnu avoir bénéficié d’un traitement de faveur malgré trois tests positifs avant les Jeux olympiques de Séoul en 1988. De même, Justin Gatlin, champion olympique du 100 mètres à Athènes, a été contrôlé positif à deux reprises, ce qui aurait dû entraîner une suspension à vie. Cependant, l’USADA a réussi à réduire sa sanction à quatre ans.

En plus des cas connus, l’AMA a révélé qu’au moins trois athlètes, en infraction grave avec les règles antidopage, ont été autorisés à concourir pendant des années en tant qu’informateurs pour l’USADA. Ces cas n’ont jamais été signalés à l’AMA, bien qu’aucune clause des règlements, ni de l’AMA ni de l’USADA, n’autorise de telles pratiques.

Parmi ces athlètes, Erriyon Knighton a été testé positif aux stéroïdes (trembolone) lors d’un contrôle hors compétition le 26 mars de cette année. Pourtant, l’USADA a déclaré que le résultat était dû à la consommation de viande contaminée, et a décidé de ne pas le suspendre, lui permettant ainsi de participer aux Jeux olympiques de Paris. De même, Aldrich Bailey a été contrôlé positif à l’ostarine, un modulateur des récepteurs aux androgènes, en avril, l’USADA invoquant cette fois une contamination par une manche de compression en néoprène.

Un autre cas concerne un athlète qui a admis avoir utilisé des stéroïdes et de l’érythropoïétine (EPO) tout en participant à des compétitions nationales et internationales. Malgré ces aveux, il n’a jamais été suspendu, ses résultats n’ont jamais été annulés et ses gains n’ont pas été restitués. L’USADA, lorsqu’elle a finalement admis ces pratiques à l’AMA, a demandé que l’affaire ne soit pas rendue publique, invoquant des préoccupations de sécurité pour l’athlète, contraignant ainsi l’AMA à accepter cet accord.

Le cas de Gil Roberts, médaillé d’or du relais 4x400m aux Jeux de Rio, illustre également cette tendance. En 2017, il a échappé à une sanction après avoir attribué un test positif à un baiser avec sa petite amie. Cependant, Roberts a été à nouveau suspendu en 2022, puis de nouveau en 2023 pour huit ans, après une nouvelle violation. Ces récidives posent de sérieuses questions sur l’équité des compétitions sportives.

Dans sa déclaration, l’AMA s’interroge sur ce que ressentiraient les autres athlètes s’ils savaient qu’ils concouraient contre des dopés protégés par l’USADA. Ironiquement, l’USADA critique souvent d’autres agences antidopage pour un manque de rigueur, tout en dissimulant ses propres cas de dopage.

L’AMA se demande si le conseil d’administration de l’USADA ou le Congrès américain, qui finance l’agence, est au courant de ces pratiques non conformes, qui non seulement minent l’équité des compétitions sportives, mais mettent également en danger la sécurité des athlètes.

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